Pour accueillir son événement artistique, Tunis s'est parée, samedi soir, de toute sa beauté. Et pour cause, elle est devenue l'épicentre du monde du septième art, le temps de l'événement, et a attisé les regards d'une foule de passants curieux qui se sont massés sur tous les abords de l'avenue Habib Bourguiba, pour admirer les stars, un peu bling-bling, déferler sur le tapis rouge, en montant les marches de la Bonbonnière qui a abrité la soirée d'ouverture des 22è édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC). Souhaitant la bienvenue aux hôtes de la Tunisie, en présence de M. Abbès Mohsen, maire de la ville de Tunis et de plusieurs ambassadeurs, M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, a déclaré le festival ouvert. Un festival, a-t-il dit, consacré aux créations de qualité et aux expériences les plus avancées, et qui conforte la fidélité de ces journées aux engagements de la Tunisie sous la conduite du Président Zine El Abidine Ben Ali à instaurer un dialogue constructif et à établir une interaction créatrice avec les cultures arabe, africaine et méditerranéenne. C'est que ces journées, a-t-il ajouté, offrent aux anciens et aux nouveaux du monde du cinéma l'occasion de se retrouver et de se remémorer avec ferveur les figures emblématiques du septième art arabe et africain qui ont été réunis et distingués lors des précédentes éditions des JCC. L'on se rappelle, à titre d'exemple, du regretté réalisateur Youssef Chahine à qui a été décerné le Tanit d'or pour l'ensemble de son œuvre, en 1970, de Ousmane Sembène, lauréat du premier Tanit d'or des JCC avec « la Noire de… » en 1966, ou encore du producteur Ahmed Bahaeddine Attia, lauréat de trois Tanits d'or pour « L'homme de cendres » (1986), « Halfaouine » (1990) et « Les silences du palais » (1994). Mais l'histoire des JCC avec ces trois figures emblématiques, à qui des Tanits d'honneur leur avaient été attribués à titre posthume, a pris une autre dimension avec la projection de « Rappelons-nous ». Silence, On tourne. Quatre minutes pour un album iconique et sonore, réalisé par Férid Boughédir et au cours duquel ces trois noms éternels du cinéma tunisien, arabe et africain parlent de leur passion pour le cinéma : soleil, audace, rêve et espoir. Dans cet air de mémoire, les invités de la Bonbonnière ont pu vivre au rythme des sonorités africaines avec le chanteur sénégalais Ismaïl Lo, sur fond d'une projection « Si le vent soulève le sable ». Un profond ruissellement d'images dépeignant la nature et le regard africain. C'est que le cinéma africain a ses maux, ses joies, ses rêves et sa vision. Retransmise en direct sur « Tunisie 21″ et en duplex sur « Tunis 7″, la cérémonie d'ouverture a été l'occasion également de présenter, sur le podium, les membres du jury de la compétition officielle des longs métrages, à savoir l'ambassadeur du cinéma égyptien, Ezzat Al Alayli, le cinéaste tunisien, Nouri Bouzid, l'écrivain algérien, Yasmina Khadra, l'actrice française, Emmanuelle Béart, le chanteur sénégalais, Ismaïl Lo, la cinéaste du Niger, Rahmatou Keita et la directrice du Musée du cinéma d'Amsterdam, Sandra Den Hammer. Cette année ayant été instituée année du dialogue avec les jeunes, les JCC ont, à leur manière, choisi 7 enfants bon chic-bon genre, de sept gouvernorats différents, pour constituer le jury de la compétition des films pour enfants. L'ouverture cinématographique du cycle filmique qui se poursuivra durant toute la semaine, s'est voulue sobre… par devoir de mémoire. Le dernier chef-d'oeuvre de Youssef Chahine, co-réalisé avec Khaled Youssef « Chaos » (Heya Faoudha) a été choisi en guise de démarrage. Ce film dépeint toutes les facettes d'une société « chaotique », pleine d'injustice et dorée d'un rêve, celui d'une Egypte nouvelle. Une œuvre d'où se dégage la grande problématique de Chahine : la nature humaine. Et c'est sur ces notes nostalgiques d'un grand commandeur du cinéma, que le rideau tombe sur l'enceinte de la Bonbonnière, que les portes se referment et que le chapiteau installé entre les ficus, où des sonorités de jazz ont accueilli les vedettes, se vide. Mais le théâtre municipal de Tunis se souviendra certainement de cette soirée qui serait fort probablement la dernière qu'il accueillera dans son histoire, vu que la nouvelle Tour de la cité de la culture qui s'érige, à quelques centaines de mètres des lieux, sur une hauteur de 60 mètres, fait signe et annonce le début du parachèvement de la construction de ce nouveau fleuron de la culture qui abritera, sans nulle doute, dans sa salle d'opéra d'une capacité d'accueil de 1800 places, la prochaine édition des JCC, en 2010.