Les médias tunisiens ont-ils changé après le 14 janvier ? Que s'est-il vraiment réalisé pendant 5 mois ? Le journaliste, assume-t-il la responsabilité de la détérioration du niveau général de l'information ? Telles sont les principales questions évoquées lors du mardi de l'ATUGE, tenu 28 juin 2011. Riadh Ferjani (sociologue), Elyes Gharbi (journaliste), Kamel Laabidi (Président de l'Instance indépendante pour la réforme de l'information et de la communication) et Zied Krichen (journaliste), ont pris part à cette rencontre. L'avenir des médias en Tunisie sera plus florissant, à condition de protéger le journaliste et lui offrir la bonne formation. Telle est la conclusion du débat. Riadh Ferjani a indiqué que les médias étaient en état d'hibernation. Pour le sociologue, rien n'a changé depuis le 14 janvier : « Sur les plateaux de télévisions, les débats sont toujours vains puisqu'ils ne se basent pas sur un échange d'arguments rationnels. Sur la chaine Nationale 1, le discours n'a pas changé. On est encore dans le récit en non pas dans l'information. En outre, à chaque fois que les journalistes évoquent un sujet sensible (financement des partis), le discours sera automatiquement dévié vers des faux problèmes (rapport avec Israël). C'est dangereux de voir parfois le journaliste comme une cible d'attaques violents, lorsqu'il révèle des vérités qui ne plaisent pas à quelqu'un. Cela nous rappelle le système de Ben Ali ». Comment croire les journaux et rendre la crédibilité perdue ? A ce sujet, Elyes El Garbi a souligné le rôle important du journaliste notamment dans la révélation des préoccupations du citoyen : « Le journalisme de proximité et d'investigation sont absents depuis plusieurs années à cause de la censure exercée par l'ancien régime. Le Tunisien cherche des informations et des médias frais. Pour qu'il ne zappe pas pour des médias étrangers, une nouvelle loi régissant le secteur est fondamentale. Ce ci facilitera la légitimité à l'accès à l'information, protégera le journaliste et lui offrira plus de liberté pour un bon résultat ». Zied Krichen, a indiqué dans ce sens, que c'est faut de prendre le journaliste comme le seul coupable de la détérioration du niveau de l'information : « Le journaliste en Tunisie est exploité matériellement et intellectuellement. Sa situation défavorable a profité aux patrons pour qu'ils l'exploitent non pas pour apporter le plus, mais à des fins de propagande. Le bas salaire et la demande excessive du patron a affecté la qualité du journaliste déjà soumis quotidiennement sous stress. Le gouvernement provisoire doit améliorer la situation du journaliste en Tunisie pour qu'il s'intéresse plus aux préoccupations du citoyen. La formation acquise au sein de l'IPSI est incomplète. Il faudrait que les directeurs des journaux offrent une formation professionnelle aux journalistes au moment où le CAPJC est encore accaparé par des têtes connues par leurs dépendances envers l'ancien régime. Quel rôle jouera l'Instance après la Révolution? C'est la question à la quelle Kamel Laabdi, Président de IIRIC, s'est penché : « Il ne peut pas y avoir de médias libres avec la direction des mêmes têtes de l'ancien régime. Ces mêmes personnes exercent de la pression pour qu'il n'y ait pas de changement. L'Instance Indépendante pour la réforme de l'Information et de la communication est là pour préserver le rôle informationnel des médias, auparavant exploité à des fins de propagande. Il faudrait la participation de tous les acteurs du domaine pour développer les médias en Tunisie. Il faudrait impérativement protéger le journaliste pour qu'il fasse son travail convenablement». Le débat a beaucoup intéressé les invités, dont l'ex-ministre du transport Yassine Ibrahim. A. Fatnassi