Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements terroristes, a analysé pour le Nouvel Observateur dans son édition du 30 juillet 2013, la dernière action terroriste perpétrée au Chaambi par un groupe lié à El Qaïda. Pour M. Guidère, ces terroristes viennent de plusieurs groupes, membres d'une cellule de la brigade « Tarek Ibn Ziyed » qui aurait rejoint, après leur débandade au Mali, des groupes salafistes tunisiens qui étaient en train de s'installer sur les hauteurs du Chaambi et auxquels se seraient joints des Algériens de Batna, centre d'activité d'Aqmi. Le noyau dur d'un groupe se serait formé qui s'appelle aujourd'hui la brigade de Batna. Lors de son séjour en Tunisie, l'analyste aurait appris que des Tunisiens chassés de Syrie auraient renforcé cette nouvelle brigade. Ce groupe est, d'après lui, armé par les membres d'El Qaïda présents en Algérie. Déjà aguerris, ils auraient bénéficié de l'expertise des Algériens sur les IED (engin explosif improvisé). C'est, dit-il, le même système utilisé par les talibans en Afghanistan. Cette brigade encore embryonnaire est en train de faire au Chaambi exactement ce que fait Aqmi contre les forces algériennes depuis près de 20 ans et qui fait des dizaines de victimes chaque semaine, affirme-t-il en faisant remarquer que la Tunisie est devenue un nouveau front pour Aqmi. Le spécialiste a indiqué qu'en matière de lutte contre ces groupes, il est impossible pour la Tunisie de sécuriser 1300 kms de frontières outre une coopération insuffisante en matière de renseignements des Algériens méfiants à l'égard du pouvoir islamiste. M. Guidère ajoute que le dossier a été fort mal géré par Ali Laarayedh lequel a tenu à intégrer des salafistes pour éviter leur radicalisation. Les hésitations de Laarayedh ont permis, explique-t-il, au groupe de se renforcer et paralyser les services de sécurité et l'armée contre toute action sérieuse de nettoyage de cette zone. Une compagnie dédiée à la sécurisation de la frontière entre la Libye et la Tunisie a été étendue à toute la frontière depuis six mois permettant à la machine sécuritaire tunisienne de se remettre en marche. Cependant, souligne-t-il, les manques d'expérience et d'équipements pour une lutte sur le terrain ainsi que le recueil de renseignements confié à une police soupçonnée en partie d'être pro-islamiste sont autant de difficultés rencontrées par l'armée pour une lutte efficace contre ces groupes. Répondant à la question de savoir s'il y a un risque d'engrenage terroriste dans le pays, l'analyste ne rejette pas cette éventualité dans le cas où le gouvernement ne se résout pas à mettre en place une stratégie sérieuse, réelle et globale pour cette région, s'il n'envoie pas des troupes de l'armée et des policiers qui ne sont pas issus de la région. M. BELLAKHAL