Envahis par le doute, rongés par l'épuisement et les querelles, certains responsables ont participé au développement d'un certain malaise. Le transfert de Jelassi à l'Espérance a provoqué une vive polémique au Stade Tunisien. Les supporters n'ont pas manqué de manifester leur colère, tout en imputant au bureau directeur l'erreur d'avoir cédé un jeune talent prometteur et l'une des plus grandes révélations de la saison. La nature de la transaction ne semble pas aussi satisfaire une grande partie du public qui estime que le président du club aurait dû mieux négocier les modalités de cette opération. Certains n'ont pas hésité à affirmer que les leçons du passé n'ont pas été retenues, prenant notamment en exemple le transfert de Hatem Bejaoui qui n'a rien apporté au club. Les joueurs acquis sous forme de recrutement, ou encore de prêt n'ont pas été également à la hauteur des aspirations. De Seifeddine Belakrimi, à Seifeddine Jerbi, en passant par Colibaly, le Stade n'a rien récolté en contrepartie. Le passage de ces joueurs a été tout simplement une expérience amère dans le parcours de l'équipe. D'ailleurs, on voit mal ces joueurs prolonger leur contrat, ou encore bénéficier d'une deuxième chance. Recruté dans le cadre de prêt, Colibaly a carrément fait savoir qu'il quitte le ST et qu'il n'a point l'intention de prolonger son expérience. Il n'est pas le seul à adopter cette prise de position. La plupart des joueurs stadistes, encore en exercice ou en fin de contrat, sont animés par le désir de changer d'air. Il faut dire que la crise financière que connaît le club est derrière cette réticence. Les joueurs sont pratiquement les seuls à en payer les frais. S'ils ne sont pas payés depuis de longs mois, ils ne voient pas de solution à l'horizon. D'ailleurs, le bureau actuel ne semble pas avoir les moyens et les ressources nécessaires pour honorer ses engagements. Le cumul des impayés est lourd, et à moins d'un miracle, la situation risque de se dégrader encore davantage. Les contraintes financières du club du Bardo ne se limitent pas pour autant aux salaires des joueurs. La préparation de l'inter saison, le renforcement de l'effectif sont autant d'entraves à la bonne marche de l'équipe. Le Stade ne parvient pas, en effet, à subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Il n'a même pas de quoi assurer les dépenses quotidiennes. Il ne faut surtout pas croire que le montant du transfert de Jelassi, qui est de l'ordre de 450 mille dinars, puisse combler les défaillances et les insuffisances budgétaires. On parle de reprise d'entraînements et de stage de préparation. Mais on ne sait pas quand et où. Jebel Oust? Ain Draham? Des paroles plus que de programmes et de plan de travail bien établis. Fragilité et incohérence Résultat: on ne voit pas le Stade en finir avec cette fragilité et cette incohérence qui ne datent pas d'aujourd'hui. Devra-t-il éternellement remettre tous ses progrès en question face aux défaillances financières? Si les craintes se confirmaient, il sera inutile, quand le glas retentira, de se demander comment est-on arrivé là!...Un club, qui n'a pas de présent ni d'avenir, n'a pas de légitimité et même si cela ne représente pas grand-chose, il finit toujours par marquer le pas. Envahis par le doute, rongés par l'épuisement et les querelles, certains responsables stadistes ont participé, par leur comportement, ou autres gestes et attitudes, au développement d'un certain malaise. Ils sont à l'origine de cette profonde déstabilisation. L'absence de moyens et de ressources financières ne peut pas constituer une excuse à autant de manquements et de dérives. Et dire qu'ils sont porteurs d'images, de valeurs et des devoirs et qu'ils étaient appelés à être à la hauteur de la responsabilité placée en eux et qu'ils devaient agir en responsables avertis. Reconnaissons cependant que les prémices de cette dégénérescence s'étaient manifestées de manière assez nette depuis belle lurette et que rien n'a été entrepris depuis pour y faire face. Le Stade avait commencé à pâlir et personne ne voulait en convenir. Par aveuglement? Par incompétence? Nous déplorons aujourd'hui qu'il n'y ait eu personne pour avertir avant et pour rappeler à l'ordre après. Les faiblesses conjoncturelles s'ajoutent aux insuffisances congénitales, les mauvais choix se multiplient, les erreurs s'accumulent, les principes se diluent, la cohérence s'évanouit. De façon générale, ces deux dernières années du ST ont été réservées pour servir «la soupe» au football le plus dénaturé, le plus inconvenant, et introduit l'idée que le rapport de force sportive dépendrait automatiquement des personnes et des individualités plus que des programmes et des stratégies. Les éclats, que ce soit dans les coulisses, ou tout autour de l'équipe, compromettent de plus en plus l'image de marque du club. C'est le règne de l'énigme, de la confusion et de l'impuissance.