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La libéralisation du marché de l'or est une urgence
Souk el Birka
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 08 - 2015

Marwa Kolsi sillonne les ruelles de souk El Birka accompagnée de son fiancé et d'une parente. Elle affiche un sourire, ravie qu'elle est de pouvoir choisir parmi les fascinantes parures, gourmettes et bagues celles qui la rendraient encore plus belle durant la cérémonie des noces. Cette future mariée figure, sans aucun doute, parmi les rares qui auront la chance d'avoir une prestigieuse dot. Souk El birka grouillait jadis de jeunes couples pour qui la dot de la mariée constitue une composante essentielle aux préparatifs du mariage. L'or symbolisera, en effet, la valeur d'une union sacrée, fondée sur l'amour. Depuis quelques années, et en raison de la crise économique et de la baisse notable du pouvoir d'achat des Tunisiens, mais aussi en raison de l'augmentation du prix de l'or, les futurs mariés se trouvent contraints à délaisser cette tradition, ce côté symbolique pour concentrer leur budget sur les seuls préparatifs élémentaires. Quant aux commerçants, qui tentent un tant soit peu de s'adapter aux aléas du marché, ils se trouvent déboussolés par le flou réglementaire qui confère au marché de l'or l'aspect d'un marché parallèle.
1,5 gramme, le poids d'une bague !
Nejib Blili est assis sur une chaise, devant sa boutique. Derrière lui, la vitrine expose quelques fines parures dont le poids ne dépasse pas les 19 grammes. Depuis plusieurs années, ce bijoutier à l'instar de ses semblables, endure la chute palpable des taux de ventes. «La chute des ventes remonte à la révolution. Cette année, elle se fait plus sentir puisqu'elle frôle les 80%. Actuellement, 90% des clients qui fréquentent souk El Birka n'ont qu'un motif : vendre de l'or de seconde main, dit «brisé» à raison de 50dt le gramme. Je peux vous assurer, poursuit-il, qu'il nous arrive d'acheter de l'or auprès des particuliers à 48dt le gramme. Les Tunisiens, toutes classes sociales confondues, sont dans l'obligation de vendre leurs trésors pour rembourser leurs dettes».
Pourtant, le prix de l'or a — pour une fois — baissé d'un cran. Après une hausse vertigineuse enregistrée durant les cinq dernières années, le gramme est passé de plus de 80dt à 65dt, à l'heure actuelle. Ce qui devait inciter les clients à acheter des bijoux et à contribuer, de leur côté, à la dynamisation de ce créneau de luxe. Mais le luxe s'avère inabordable, et donc facultatif. Malgré cela, les bijoutiers tentent tant bien que mal à le rendre accessible à la classe moyenne. Aussi, les bijoux ont-ils été fort allégés en poids et, par conséquent, en prix. «Jamais les bijoux n'ont été aussi inconsistants. Nous proposons, désormais, la parure à 19 grammes alors que son poids minimal était jadis fixé à 30 grammes. Les bagues pèsent jusqu'à 1,5 gramme, ce qui les rend plus que symboliques», renchérit le bijoutier. Toutefois, et en dépit de la facilité de paiement, l'allégement du poids des bijoux, et par conséquent de leurs prix, le souk de l'or sommeille au rythme d'une stagnation commerciale de plus en plus pesante.
La Mafia de l'or tire profit du laxisme de l'Etat
Un autre bijoutier prend place au-devant de sa boutique. Il refuse de donner son avis sur l'état des lieux du marché de l'or. Loin de minimiser l'apport des médias en tant que miroir de la société et en tant qu'outil indispensable à l'exposition des problèmes et à l'incitation des parties concernées à leur résolution. Seulement, il avoue désespérer de toute intervention à même de sortir le marché de l'or du chaos surtout que les parties concernées ferment l'œil sur moult incohérences, voire moult dépassements...
M. Mohamed Lahbib Ben Rejab, l'un des doyens du souk, a failli fermer sa boutique, désemparé qu'il est de devoir s'adapter à l'inadaptable. Après l'ère de gloire du souk, ce bijoutier vit mal les innombrables et impensables dépassements que connaît le marché de l'or après la révolution. «Nous avons beau attirer l'attention des parties concernées afin qu'elles daignent enfin reprendre les choses en main et prendre les mesures indispensables et incontournables. Le marché de l'or souffre depuis des années d'un laisser-aller sans précédent. Les règlements relatifs aux poinçons, aux prix, à la catégorisation de l'or ainsi qu'à sa provenance sont à vau-l'eau. La libéralisation du marché de l'or est une urgence absolue», indique-t-il, irrité.
Selon son avis, c'est carrément le chaos qui règne en maître à souk El Birka. Il n'y a plus ni logique ni transparence. Certains commerçants achètent l'or, en gros, à 70dt le gramme. D'autres vendent leurs produits tout neufs à 58dt et à 60dt le gramme, ce qui est insensé ! M. Ben Rejab met en doute la provenance de l'or qu'ils proposent. Il soupçonne même la falsification du cachet de l'Etat qui permet à certains de convertir l'or dit «brisé» ou celui provenant de circuits illicites, en or neuf. «L'Etat est conscient de tous ces dépassements mais garde les bras croisés. Ce qui ouvre la voie à l'activisme de la Mafia de l'or», renchérit notre interlocuteur.
Il est à souligner que tout bijou nouveau, proposé en tant que tel par le commerçant doit contenir trois cachets : le cachet de l'artisan-bijoutier, le cachet mentionnant le carat et le cachet de l'Etat. M. Ben Rejab avoue qu'il s'abstient depuis quelque temps d'acheter de l'or auprès des particuliers. «Je n'ai plus confiance en quiconque surtout qu'il n'y a plus de garanties réglementaires. Le trafic de l'or a atteint son paroxysme. La douane décèle à maintes reprises des quantités importantes d'or provenant de l'étranger. Certains commerçants mettent des cachets sur des bijoux de 100 kilos. D'où proviennent ces quantités énormes ? Mystère», ajoute le bijoutier. Pour lui, la libéralisation de l'or est une urgence absolue du moment que la transparence et la crédibilité font défaut.
Autre hic sur lequel M. Ben Rejab attire l'attention. Il s'agit de l'acquisition de l'or auprès de la banque centrale de Tunisie (BCT). En effet, seuls les artisans-bijoutiers disposent de l'opportunité d'acheter de l'or auprès de la banque centrale. Or, les artisans n'ont plus d'argent. «Sur 1.500 artisans, 1.000 sont au chômage. Pourquoi ne pas réviser la loi et permettre désormais aux commerçants d'acheter de l'or auprès de la banque centrale et de charger les artisans de fabriquer les bijoux ?», suggère-t-il. Connaissant le domaine par cœur, il évoque aussi la question des entreprises industrielles non déclarées qui payent la main-d'œuvre à raison de 2,5dt pour un gramme d'or traité. Alors que les entreprises déclarées, elles, fixent le coût de la main-d'œuvre à 13dt par gramme. L'orateur met, également, le doigt sur la question du Conseil des artisans qui a supplée l'amine du souk. «L'amine veillait sur la qualité, sur la transparence des transactions et sur la provenance de l'or dans le souk. Après sa mort, un conseil formé de plusieurs artisans l'a remplacé. Ce conseil s'occupe de la vente aux enchères. Or, ce n'est point logique ! Cela revient de droit aux commerçants et non aux artisans. Nous avons organisé un sit-in à La Kasbah pour dénoncer ce charabia, en vain», ajoute M. Ben Rejab.
Le bijoutier revendique la libéralisation du marché de l'or et l'annulation du cachet de l'Etat qui fait depuis quelques années l'objet de confusion et ouvre la voie au trafic et à la corruption. «Le cachet de l'artisan suffit largement pour informer sur la provenance de l'or. En cas de doute, l'artisan peut être questionné sur la pièce qu'il a fabriquée et qui porte son cachet. Il faudrait aussi contrôler le cachet du carat. L'or à 9 carats et celui à 18 carats portent le même cachet ce qui est absurde. Il conviendrait aussi, poursuit-il, d'accorder aux commerçants la possibilité d'acheter de l'or auprès de la banque centrale afin de dynamiser le marché et sauver les artisans du chômage. Régler le problème relatif au conseil des artisans s'impose dans le plus bref délai».


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