En attendant la décision du tribunal au sujet du centre de traitement des déchets industriels et dangereux de Jradou, des mécanismes sont mis en place en vue d'assurer le stockage ou le recyclage Près de 10 millions de tonnes de déchets dont 75% industriels sont enregistrés annuellement. Les entreprises rejettent quelque 150 mille tonnes de déchets considérés comme dangereux (hors phosphogypse). Cela constitue une véritable préoccupation pour l'Etat surtout que le centre de traitement des déchets industriels et dangereux de Jradou, réalisé avec le partenaire allemand est encore fermé en attendant le jugement définitif du Tribunal prévu en octobre prochain. D'où l'importance de la stratégie de gestion des déchets provenant des activités industrielles mise en place par les pouvoirs publics et dont les grandes lignes ont été présentées, hier à Tunis, lors d'un atelier régional sur «les méthodes et technologies de gestion des déchets dangereux et spéciaux, à la lumière de l'expérience tunisienne». Selon M. Amor Zouaghi, directeur de gestion des déchets industriels et spéciaux à l'Agence nationale de gestion des déchets (Anged), «le gouvernement a mis en place un cadre institutionnel et juridique relatif à la gestion des résidus industriels. La loi-cadre y afférente date déjà de 1996». L'objectif recherché consiste, essentiellement, à prévenir et à limiter la production des déchets en tenant compte du principe du pollueur-payeur. Mieux encore, une liste des déchets dits dangereux a été établie en plus de la promulgation des textes d'application. Possibilité de récupération des déchets Les mécanismes installés permettent de récupérer et de recycler dans la mesure du possible, certains déchets comme les lubrifiants et de collecter les déchets sanitaires et les batteries. Dans ce cadre, les entreprises industrielles bénéficient d'une assistance technique en vue de se débarrasser de leurs déchets — et de les réduire à la source — en les transportant dans les structures spécialisées destinées à leur traitement. Les entreprises sont encouragées, de même, de collecter et de transporter leurs déchets en se conformant à la réglementation en vigueur. «Cette stratégie a donné ses fruits surtout après 2011», se réjouit M. Zouaghi. Les privés sont également incités à traiter, dans la mesure du possible, leurs propres déchets. Quant aux déchets nocifs, ils sont traités et stockés par les mécanismes disponibles. Pourtant, le centre de traitement des déchets industriels et dangereux où sont stockés 400 tonnes de déchets est encore fermé suite au refus des habitants. Certains déchets qui ne peuvent pas être valorisés en Tunisie pourraient être exportés pour le traitement dans d'autres pays. Les centres de traitement des déchets doivent tenir compte, désormais, de l'avis des habitants — qui seront sensibilisés sur les questions de l'environnement — des techniques utilisées, de la rentabilité économique du recyclage des déchets et du coût. Les entreprises seront soutenues en vue de réduire la pollution à la source grâce à l'intégration des technologies de production propre. Adhésion massive des entreprises Les entreprises industrielles veulent bien déposer leurs déchets dans les espaces appropriés mais encore faut-il qu'ils soient disponibles. Le centre de Jradou a enregistré, à lui seul, l'adhésion de 230 entreprises, selon une évaluation de la première année de son activité. Il a fermé ses portes le 26 février 2011 suite à la protestation des habitants. M. Zouaghi assure «qu'avant sa mise en exploitation, le centre a fait l'objet d'études de faisabilité». Situé dans une zone agricole, le centre est considéré par les habitants comme un «intrus», comme une structure industrielle qui aura des impacts négatifs sur la production agricole. En plus, les activités de cet établissement ont été critiquées dans les réseaux sociaux et dans certains organes d'informations en avançant des données infondées. Les panneaux brandis par les contestataires évoquent, à titre d'exemple, le risque de la pollution de la nappe phréatique, le stockage des déchets des pays étrangers dans le centre, l'impact néfaste sur l'environnement et la santé... L'Etat a jugé nécessaire d'activer des mécanismes spécifiques pour le traitement des résidus dangereux et le recyclage de certains types de déchets en ciblant notamment les lubrifiants, les batteries, les déchets électroniques et électromécaniques. Le projet africain de lutte contre les pesticides usagés entre également dans cette orientation visant la gestion rationnelle des déchets dangereux. Des journées d'information au sujet de la pollution industrielle seront, en tout cas, organisées à l'avenir au profit des professionnels pour les sensibiliser davantage sur les méthodes de traitement et d'élimination des déchets à la source. A moyen terme, le centre de Jradou sera réaménagé en tenant compte du rapport qui sera établi par la Justice. Une commission regroupant les parties concernées sera constituée au niveau local en vue de contrôler et suivre l'exploitation dudit centre. On veut faire de Jradou «la ville durable» en rétablissant la confiance entre les habitants et les responsables qui gèrent le centre. A long terme, il est prévu de développer un système interne au sein de l'administration en vue de gérer les crises et trouver les solutions appropriées par une équipe de travail compétente. L'approche participative et démocratique sera aussi favorisée sur la base du principe gagnant-gagnant. La formation des représentants des associations locales est retenue pour élever le débat relatif aux problèmes environnementaux à un niveau scientifique.