Décidément, «taxer» les footballeurs ne fait vraisemblablement pas l'unanimité, du moins en ce moment. Si les avis de plusieurs experts, de tout bord (et pas seulement les fiscalistes), méritent d'être discutés et débattus, ces derniers ne prennent pas de gants, quand il s'agit de passer à l'action du point de vue faisabilité du projet. Pour Walid Kouki, agent agréé FIFA, titulaire d'un Master en finances internationales et sciences économiques appliquées, il est inconcevable de parler de fiscalité sans reformer d'amont en aval tout le système lié au métier et amender la loi sur les associations. Il ne s'agit pas aussi de faire du «copier coller» et exporter un modèle fiscal prêt à l'emploi, sorte de préfabriqué qui ne prend pas en compte les «usages» du modèle sportif tunisien. Mais de se pencher sur le problème de point de vue analytique. Opter pour un forfait fiscal. Quelle base imposable? Quel barème de calcul? La question de la taxation des revenus des sportifs doit être étudiée sous tous les angles: outre l'exigence d'amendement de la loi, Walid Kouki aborde le sujet en termes de faisabilité: «Il faut une bonne disparité fiscale entre les différents paliers de salaires de joueurs. Cela ne pourra être effectif qu'après une refonte et une réforme totale qui touche tous les intervenants (clubs / joueurs/ agent/ ministères responsables des infrastructures). Si le joueur doit devenir un contribuable comme les autres (selon ses spécificités), l'on doit prendre en compte plusieurs variables endogènes et exogènes telles que la durée de vie professionnelle d'un joueur, la prime de risque y afférente, la dotation aux assurances, la plupart du temps non payées par les club, le paiement des charges sociales». Déclarations d'impôts d'un côté et impayés de l'autre... Notre interlocuteur, en tant qu'acteur et observateur effectif du milieu, pointe du doigt le comportement des intervenants: «Comment faire des déclarations d'impôts face a des impayés, des contrats non respectés, des litiges qui durent des mois voire des années?». Que de questions liées à la pratique, au contexte tunisien, et surtout à la conjoncture: «Le cas de Yannick Ndjeng, ex-attaquant de l'Espérance est en effet assez révélateur de cette incertitude liée au paiement des cotisations et autres assurances. Ce dernier a contracté une assurance complémentaire il y a quelque temps. Grâce à ce contrat supplémentaire, il a pu se soigner. Autrement, ça aurait été la traversée du désert. Pourtant, les joueurs cotisent, vu les risques en matière de pratique de football». Que de questions soulevées et de cas qui pourraient faire jurisprudence! D'autres interrogations reviennent avec insistance:» Si le footballeur est soumis à terme à l'impôt sur le revenu, l'administration fiscale admettra-t-elle que ces revenus soient imposés en tant que bénéfices non commerciaux, et ce, à condition que le sportif accepte son imposition sous une cote unique ? Un sportif qui se trouve dans une tranche haute du barème de l'impôt sur le revenu, pourra-t-il bénéficier d'un étalement de paiement? Pour les droits d'image ( revenus d'image), le sportif, salarié de l'entreprise sponsor (ou équivalent pour quelques journées de relations publiques) verra-t-il sa rémunération imposée comme un salaire distinct de la rémunération sportive» ?