Par M'hamed JAIBI Le ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale nous annonce une fort bonne nouvelle, la mise en place d'une cellule de lutte contre la bureaucratie, prévue par le nouveau Code d'investissement, afin, affirme-t-il, de défendre le citoyen auprès de l'administration. Mais pourquoi donc le citoyen — chef d'entreprise, promoteur, investisseur ou bon chef de famille — a-t-il besoin d'être défendu auprès de l'administration, laquelle est, théoriquement, là pour le servir ? Les autorisations, documents et procédures exigés par nos administrations, sur la base de législations réelles ou de mécanismes «réglementaires», ralentissent toute sorte de services publics et inhibent considérablement l'investissement et la création d'entreprises dans notre pays. Ce qui bloque ou retarde beaucoup les créations d'emplois, au moment même où près de 700.000 chômeurs attendent, dont 250.000 diplômés du supérieur. Hérité d'époques malheureuses où l'initiative privée était suspecte, voire mise à l'index, notre bureaucratisme est, aujourd'hui, une désastreuse calamité qui nécessite des réformes draconiennes, lesquelles devront être mises en route par cette même administration, à la fois pléthorique et désormais désorientée. Mais pas avant que les réformes et législations en ce sens ne soient sérieusement engagées. Et Yacine Brahim d'affirmer, en plus, qu'en limitant au maximum les autorisations, on coupera l'herbe sous les pieds des amateurs de pistons ou de «pots-de-vin», ce qui permettra de battre en brèche la corruption, le favoritisme et l'arbitraire. Le ministre est éloquent, la Tunisie a un long chemin à parcourir en matière de lutte contre la bureaucratie, afin de se débarrasser de l'étiquette de «pays des autorisations» qui lui colle au dos et qui affaiblit ses chances d'être concurrentielle face à d'autres sites d'affaires et d'investissement qui, plus spécialement depuis la révolution, nous surpassent. Simplifier, débureaucratiser, aérer, automatiser... sont la plus urgente des urgences pour donner ses chances à la relance. Et cette Cellule de lutte contre la bureaucratie se devra, pour être vraiment efficace, d'associer toutes les énergies associatives et médiatiques, pour voir notre opinion publique agir réellement sur les événements et favoriser l'intérêt général. Et, en tout cas, tourner le dos au bureaucratisme.