En dépit de la crise sanitaire, l'audience du Wise 2021 Summit , cette année encore, était fort conséquente, puisque plus de 2.000 personnes issues de 177 pays ont assisté à ce qui est un des plus importants événements global en matière d'éducation. Nous sommes à Doha, au cœur d'Education City, la ville que le Qatar consacre à l'éducation. Un vaste campus dans lequel une multitude de bâtiments, de style architectural et de conception différents abritent des universités, des académies, des institutions nationales et internationales au milieu de larges espaces verts, accueillant 4.000 étudiants de 113 nationalités. C'est ainsi que l'on peut voir les universités américaines de Cornell, Georgetown, ou Texas University côtoyer HEC ou Carnegie Mellon. Dans ce lieu consacré à la culture, à la science, mais aussi au sport et à l'environnement, s'élève un musée, un hôpital universitaire, un parc technologique, et... la plus grande bibliothèque du monde. Véritable prouesse architecturale, cette bibliothèque conçue comme un livre ouvert, dont tous les rayonnages sont totalement accessibles au premier regard, possède plus d'un million d'ouvrages entièrement numérisés, mais aussi une magnifique collection de photos, d'instruments et de manuscrits anciens dont le seul Coran rédigé par une femme, les canons de la médecine d'Avicenne, et la première carte où le Qatar est signalé. C'est là, dans l'étonnant centre de congrès que ArataIsozaki, un architecte de génie, a placé sur les branches d'un arbre, le mythique arbre Sidra, et où trône en majesté l'araignée géante de Louise Bourgeois baptisée « Maman », que se tiennent régulièrement les plus grandes assises de l'éducation : le Wise 2021 Summit. Et où se trouvent réunis experts, innovateurs, praticiens, dans un concentré d'intelligence, d'esprit et d'initiatives. Le thème : « Unmute generation », la génération qui prend la parole et réclame de savoir ce que sera son avenir. Le propos: comment le choc de la pandémie peut-il et doit-il initier une réforme durable et profonde en matière d'éducation. Les mouvements comme Wise se devant d'être dans les années à venir des catalyseurs d'intelligence collective et d'énergies positives. Deux mille personnes venues de 177 pays En dépit de la crise sanitaire, l'audience, cette année encore, était fort conséquente, puisque plus de 2.000 personnes issues de 177 pays ont assisté à ce qui est un des plus importants événements global en matière d'éducation, cependant que l'adhésion on line était multipliée par 5. Le ton était donné par le discours d'ouverture de Sheikha Mosa Bint Nasser : «Longtemps on a cru que la sagesse était afférente à l'âge. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. La sagesse est offerte aux jeunes grâce aux nouvelles technologies qui leur permettent d'accumuler les expériences. Le monde a changé. C'est la voix des jeunes qu'il faut écouter». La moitié de la population mondiale a moins de 30 ans. Et il n'a jamais été aussi important de leur offrir une éducation de qualité. Mais cela n'a, également, jamais été aussi difficile, car jamais nous n'avons subi autant de chocs. Intelligence émotionnelle et partage du savoir Et au fil des rencontres, des panels, des tables rondes, des conférences et des workshops qui émaillaient ces trois journées, les thèmes se répondaient, se complétaient, de confortaient.... Offrir un accès équitable à l'éducation par des moyens de plus en plus développés, des technologies de plus en plus performantes. Privilégier l'intelligence émotionnelle. Axer sur la notion de partage du savoir. Offrir aux « apprenants » — on ne dit plus élève ou étudiant — un environnement bienveillant, fiable et sécurisé. Considérer l'enseignant comme un facilitateur, un coach de vie. Mettre l'accent sur l'empathie, la bienveillance. Développer les réseaux informels, bénévoles, aller là où l'enseignement traditionnel ne peut arriver. En un mot, ne laisser personne au bord du chemin. C'est ce que disaient, chacun à sa manière, Marc Brackett, fondateur du centre pour l'intelligence émotionnelle de Yale. Ou encore ce que Sheikha Intissar Al Sabah appelait la culture de la positivité. C'est ce que faisait Wendy Kopp, lauréate du Prix Wise cette année qui, présente dans 60 pays, offrait un réseau de formation, coaching et mentorat bénévole aux apprenants de tous niveaux. C'est encore ce que proposait Eglantina Zingg, née en Amazonie, élevée avec un tigre, qui n'avait trouvé pour seul moyen de s'intégrer dans un environnement arborigène que de jouer au foot. Et qui, découvrant les qualités éducationnelles du football — assurance, esprit d'équipe, de responsabilité, sens de la planification — créa une association pour les femmes footballeuses, comptant aujourd'hui 5.000 adhérentes à travers tout le continent sud-américain. Foot encore comme panacée pour Nadia Nadim, afghane enlevée, ayant subi les pires sévices dans les camps de réfugiés, aujourd'hui achevant ses études de médecine. Elle crée des clubs de foot dans tous les camps de réfugiés du monde, parce que, dit-elle, avec un ballon dans les mains, les enfants oublient la guerre, la faim, l'abandon et ne pensent qu'a la solidarité, la tactique, l'espoir, le désir et la joie de la victoire. Sauvegarder la passion Créer un programme du bonheur selon l'association Dreamer Dream, en Inde, qui donne un cours de 40 minutes pour apprendre à cultiver des plages de bonheur à quelque 800.000 enfants. Et toujours favoriser l'inclusion, l'égalité des chances, selon la première femme recteur de la plus ancienne université anglophone : la très traditionnelle Université d'Edimbourg, ancienne de 5 siècles. Enfin, permettre aux jeunes apprenants de faire de leurs rêves des réalité, selon Jitanjali Rao, jeune Afghan de 16 ans, qui présentait un véritable plaidoyer demandant qu'on offre aux jeunes la liberté de concrétiser leurs projets et les ressources pour ce faire. En un mot ou en fait, en plusieurs, tant étaient riches, diversifiés, et multidirectionnels les échanges, ce serait un message de bienveillance que Wise lance au monde de l'éducation : – S'assurer que les moyens technologiques sont accessibles à tous et sinon y pallier par des innovations. – Favoriser la création sans paralyser l'esprit d'innovation. – Aborder les problèmes de manière transversale. – Décloisonner les savoirs. – Garder vivace une passion quand on n'a rien d'autre.