Trop de changement nuit, dénature et fissure même l'épicentre d'une équipe. C'est sur cette base-là, la stabilité de l'effectif, que l'on peut favoriser l'épanouissement individuel des jeunes joueurs. Là, on touche à la notion de philosophie d'un club, un credo énonçant certaines valeurs initiées par le Club Africain aux origines, puis réfutées au nom du « foot business ». Si l'on constate régulièrement, au gré des saisons, l'emploi de plusieurs approches au sein du CA, chaque entraîneur intronisé depuis quelques années a adopté ses propres méthodes dans le but de tirer le meilleur du groupe sous la main. Et c'est forcément l'intention du technicien Bertrand Marchand, dont la finalité est de parvenir à installer une certaine et réelle continuité, un travail d'équipe qui brasse large et qui va de l'antichambre à l'équipe fanion, en passant par la détection des jeunes à fort potentiel qui pullulent au Parc A. Nous l'avons donc souligné précédemment. Lors de ses deux premiers passages au Parc Mounir-Kebaïli (en 2006, puis en 2017), la particularité du timonier français ne s'arrête pas au simple travail technico-tactique. Marchand est avant tout un éducateur-formateur qui recherche des comportements, surtout chez les apprentis-joueurs, comme l'enthousiasme et l'intensité dans les situations de jeu. Ce sont donc dans ces conditions par exemple que le CA de 2006-2007 a fini par entretenir ensuite une relation au résultat. Une relation, certes, pas prioritaire en ces temps-là pour un CA en reconstruction, mais une relation inéluctable en fin de compte, au bout de l'effort. C'est regrettable que Marchand n'ait pas fait long feu en cette période-là, même si un certain Abdelhak Ben Chikha a su ensuite tirer le meilleur d'un groupe estimable. Cultiver son jardin Au CA, l'héritage des formateurs « transpire » toujours, mais dommage que les futurs piliers lancés ne poursuivent pas toujours l'aventure avec le club de Bab Jedid, une fois leur cursus achevé et leur formation aboutie. On pense par exemple aux Akaïchi, Alaâ Marzouki, Chiheb Jebali, Mouelhi, Srarfi, Hichri, Bouslimi, ainsi qu'à certains étrangers qui ont fourbi leurs armes au CA avant de mettre les voiles dans la force de l'âge. Là on pense (dans le désordre) aux Pokong, Dramane Traoré, Salifu, Opoku, Ouadja, Jodel Dossou...Quelle que soit la situation au sein du CA, la formation est inscrite dans l'ADN du club de Bab Jedid, un club centenaire qui a écrit les plus belles pages de son histoire grâce à un vivier formé d'autochtones et de continentaux. Forcément, aujourd'hui, avec l'interdiction de recruter qui pèse sur le club, « il faut cultiver son jardin » et donc compter sur les Ghaïth Yeferni, Laâbidi, Mbaye, Cherifi, Zaâlouni, Zghada, Guesmi, Kossi, Hadj Ali, Snana et surtout le prodige Garreb pour porter le CA, aux côtés, bien entendu des tauliers que sont Khélil, Bedoui, Ghandri, Ben Yahia, Chamakhi, Ghazi Abderrazak et le capitaine Zouheir Dhaouadi. Le système n'est pas l'identité En football, l'alchimie via un savant dosage est toujours productive. C'est grâce à l'harmonie et une bonne dose de cohérence que l'on atteint la cohésion au sein d'un groupe, sans le renouveler éternellement. Trop de changement nuit, dénature et fissure même l'épicentre d'une équipe. Et nous estimons à cet effet que c'est sur cette base-là, la stabilité de l'effectif, que l'on peut favoriser l'épanouissement individuel des jeunes joueurs. Là, on touche à la notion de philosophie d'un club, un credo énonçant certaines valeurs initiées par le CA aux origines, puis réfutées au nom du « foot business » et d'un professionnalisme de façade. Aujourd'hui, l'exemple usémiste le prouve. Nul besoin de disposer de moyens faramineux pour se doter d'une identité de jeu qui présente en plus des avantages. La fierté, l'enthousiasme, l'émotion et la passion chez les Bleus, c'est toute une identité qui se ressent sur le terrain. Et dans sa plénitude, cette identité de jeu sonne comme un repère constant auquel se référent les gars du Ribat. Assurément, c'est comme cela que le football doit être joué, et c'est comme cela que l'USM a gagné, quel que soit le système adopté ! En l'état, nous pouvons même tenter d'expliciter cela car il y a encore un point de confusion chez les suiveurs de football à propos du système utilisé sur le terrain et l'identité de jeu. Explication : la philosophie d'un club ne se résume pas au plan de jeu car les équipes peuvent avoir une identité et peuvent changer de système de nombreuses fois. On peut donc avoir un certain style de jeu, mais changer tout le temps le système pour adapter ses joueurs et s'adapter aux forces et aux faiblesses de l'adversaire. Bref, les positions ne peuvent être figées dans des schémas rigides, même si l'emploi indéfectible de certains schémas (4-4-2 ou 4-3-3) semble toujours être de très bons supports d'apprentissage, que ce soit pour l'aspect défensif ou offensif, en situation de possession ou de repli, avec ce que cela implique au niveau de la structure de base. En clair, pour faire court donc, l'identité de jeu permet en tout cas à certaines institutions de garder style de jeu et résultats. Elle permet aussi à d'autres aux moyens bien plus modestes de se hisser à des hauteurs inespérées…