Par Slaheddine GRICHI Quelle mouche a donc piqué Oussama Farhat, autant le musicien que le responsable syndical? Comment un type qui paraît aussi posé, a-t-il pu disjoncter de la sorte, multiplier les divagations et se mettre, sans raison conséquente, à tirer sur tout ce qui bouge? La canicule de ce mois d'août y est-elle pour quelque chose? Voici les faits en bref. Le 13 de ce mois, on lisait sur Facebook quelques lignes contenant un concentré inouï d'insultes manifestes, d'allusions diffamatoires à peine voilées et de dénigrement inexplicable que ce monsieur destinait à une animatrice de télévision et à un chirurgien dentiste, connu et réputé non seulement pour son talent de praticien, mais également pour ses contributions journalistiques pertinentes et pour la réussite de ses rares textes musicaux que les meilleurs ont mis en musique, de Chedly Anouar et Hédi Jouini, alors qu'il était lycéen encore, à Lotfi Bouchnaq et Zied Gharsa, ces dernières années. Leur «tort», qu'il n'a pas expliqué, consisterait en une critique qu'ils auraient formulée à propos d'une action menée par le Syndicat des métiers de musique, dont il est le secrétaire général. Du banal, et en tout cas, sans aucune commune mesure avec la réaction de Farhat qui s'est laissé aller jusqu'à invectiver le pays pour avoir enfanté cette «lie» selon lui. Ce faisant, il a fait preuve d'un égarement multiple. D'abord l'artiste qu'il veut être est tenu d'accepter la critique quelle que soit sa teneur. A défaut d'en tenir compte et d'en profiter, il doit savoir qu'il y a d'autres voies et manières de rétorquer en dehors des insultes qui l'exposent à l'opprobre et même aux poursuites judiciaires : le droit de réponse, voire l'introduction d'une action en vue d'un procès. Ensuite et d'un autre côté, le syndicaliste qu'il est aurait dû savoir que, par son statut, il est tenu de rassembler non de diviser et de semer la zizanie. Il a, par ailleurs, manqué de flair en servant, sur un plateau d'argent, un argument qui peut, facilement et logiquement, se retourner contre lui. En effet, si le pays est responsable de l'existence de ces «r'hout» (lie de la société), comme il l'a écrit, des millions de Tunisiens peuvent demander à ce même pays des comptes (?!) à cause du poste de secrétaire général du Syndicat des métiers de musique que Farhat occupe, et des raisons qui ont mené à ce qu'il monte sur la scène de Carthage, par exemple. Oussama Fahat, qui se contente depuis de longues années de reprises et d'«emprunts» (il n'en paye pas les droits), n'a pas, à notre humble avis — et il n'est hélas pas le seul — l'acabit pour cet honneur. Aussi, a-t-il vraiment raté une occasion de se taire. Et comme l'on dit: «Si ta maison est en verre, ne commence pas par jeter la pierre»… Et les égarements de continuer pour ce musicien qui, comme pour détourner l'attention après le tollé qu'il a provoqué, a pris Lotfi Bouchnaq pour cible de ses sautes d'humeur aigries, pour ne pas dire sa hargne. En effet, d'après lui, notre chanteur national aurait commis une infraction en se produisant accompagné de l'ensemble Farabi composé de non-professionnels. Là aussi, il a «oublié» que ce groupe donne des concerts depuis environ 25 ans et qu'il a même représenté la Tunisie dans plusieurs manifestations à l'étranger. Mieux, ou plutôt pire par (in)gratitude, Oussama Farhat a recouru encore une fois à Facebook pour traiter ce monument de la chanson arabe d'«hypocrite» et d'autres inepties, alors que la veille, ce dernier a, intelligemment et avec grandeur, évité de prononcer un seul mot contre lui lors d'une émission télévisuelle, consacrée en partie aux divagations de ce musicien, qui n'a fait en définitive que persister et signer son acte d'incompétence, au moins en ce qui concerne son titre de syndicaliste. Tirera-t-il les leçons de ses égarements et de ce qu'ils ont engendré et engendreront encore ? Notre souhait est qu'il ne soit pas de ceux qui provoquent gratuitement les polémiques, juste pour qu'on parle d'eux.