Encore une fois, Khaled Chaouket est désavoué publiquement par le chef du gouvernement qui assure qu'il va démissionner dès la fin des concertations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale Il paraît que Habib Essid, chef du gouvernement, dont les jours sont désormais comptés, a décidé, enfin, de jeter l'éponge en annonçant, hier, qu'il accepte de démissionner quand le chef de l'Etat le lui demandera officiellement. En d'autres termes, il partira une fois les concertations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale parachevées et la personnalité qui formera le prochain gouvernement connue. Ainsi, Habib Essid a-t-il apporté, hier, à l'issue d'une série de rencontres avec les représentants des partis de la coalition au pouvoir, un cinglant désaveu à Khaled Chaouket, ministre-porte-parole du gouvernement, qui assurait, mercredi dernier, à l'issue de la réunion du Conseil des ministres : «Habib Essid ne démissionnera pas, les ministres aussi et c'est au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) que tout sera réglé». Ce qui revient à dire que Habib Essid et ses ministres ne feront leurs bagages qu'à la condition que les députés leur retirent leur confiance. Hier, Habib Essid a administré une gifle retentissante à son ministre porte-parole en assurant qu'il n'a jamais été question d'un tel scénario et qu'au sein du Conseil des ministres, on a évoqué l'initiative présidentielle mais jamais l'arbitrage de l'ARP n'a été examiné. Plus explicite est le communiqué publié, hier, par le département de l'information et de la communication auprès de la présidence du gouvernement. On y lit notamment : «Les entretiens qui ont eu lieu entre Habib Essid et des représentants des partis politiques ne constituent, en aucun cas, une alternative à l'initiative du président Caïd Essebsi. Elles s'inscrivent dans le cadre de l'interaction avec l'initiative du président de la République et ont pour objectif de contribuer à la réussite de cette même initiative.» Et les personnalités reçues, hier, par Habib Essid de se charger de fournir aux médias les données réelles sur la position du chef du gouvernement. Ainsi, Slim Riahi, président de l'Union patriotique libre, (UPL), confirme-t-il, aussitôt sorti de son entretien avec Essid que «le chef du gouvernement partira avec les honneurs dus à son rang et avec la reconnaissance que nous lui devons pour les services qu'il a rendus à la Tunisie durant la période au cours de laquelle il a présidé le gouvernement». «Il a réaffirmé, ajoute-t-il — dans une brève interview accordée à une radio privée — qu'il ne fera rien de nature à bloquer l'initiative présidentielle et à obliger le parlement à intervenir. Mieux encore, il a fait montre de sa disposition à contribuer, par son expérience et sa connaissance des dossiers, à traiter en priorité le choix de la personnalité qui aura à former le prochain gouvernement». Parrallèlement, les partis de la coalition au pouvoir poursuivent, chacun à sa manière, leur campagne pour pousser Habib Essid à accélérer l'annonce de sa démission. Abdelaziz Kotti, porte-parole de Nida Tounès, annonce : «La coordination des partis au pouvoir réunie jeudi 16 juin a décidé de retirer son appui politique au gouvernement Essid». Il ajoute : «La démission du gouvernement doit nécessairement passer par les canaux constitutionnels et le retrait de la confiance se fait au parlement». Les observateurs estiment que les déclarations de Kotti constituent une réponse à Khaled Chaouket, accusé de «faire croire à l'existence d'une crise entre les deux présidences de la République et du gouvernement». Et Kotti de changer légèrement de position à l'issue de la rencontre qui a eu lieu, hier, entre Habib Essid et les représentants de Nida Tounès. «Le maintien de Habib Essid à la tête du nouveau gouvernement est possible si sa candidature fait l'objet d'un large consensus». Il ne faut pas être un grand stratège pour comprendre qu'au sein de Nida Tounès, on n'a pas encore de candidat qui pourrait s'installer à La Kasbah». Aussi, la déclaration de Kotti, même si elle n'engage pour le moment que sa propre personne, montre que les nidaïstes ne sont pas insensibles aux «colères manifestées au palais de Carthage» où on laisse entendre que la précipitation et les petites phrases ainsi que les indiscrétions sur les candidats potentiels à la succession de Habib Essid ne sont pas de nature à baliser la voie à la concrétisation à l'initiative présidentielle. Une lune de miel Ugtt-Utica ? Du côté des deux centrales syndicales ouvrière et patronale, on assiste à une lune de miel impensable il y a quelques semaines. Aujord'hui, Houcine Abassi et Wided Bouchamaoui multiplient les rencontres de concertation comme au bon vieux temps du Dialogue national et font des déclarations dont le contenu est simple : l'Ugtt et l'Utica soutiennent le départ de Habib Essid, ne participeront pas directement au gouvernement d'union nationale mais veulent que leurs orientations soient prises en considération. Bouali M'barki, membre du bureau exécutif de l'Ugtt, nostalgique à souhait de l'époque du Dialogue national, le dit clairement : «L'Ugtt se considère comme une force de consensus lors des crises et nous sommes à la disposition du pays à chaque fois que l'intérêt national l'exige». Dans le même sillage, Béchir Boujdey, membre du bureau exécutif de l'Utica, souligne : «L'Utica est engagée à assumer son rôle patriotique, quelles que soient les conditions et nous sommes disposés à interagir positivement avec toutes les parties présentes sur la scène nationale au service de l'intérêt du pays».