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Le dilemme de l'Ugtt
OPINION
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 06 - 2016


Par Youssef KRAIEM
Nul ne conteste le rôle d'avant-garde joué par l'Ugtt durant l'ère coloniale, rôle qui, bien que sous couverture syndicale, portait l'empreinte de l'action politique et se fixait pour objectif majeur la libération du pays du joug de l'occupation étrangère.
Ce fut l'Ugtt du martyr Hached qui a payé de sa vie pour la cause nationale.
Après l'indépendance de la Tunisie, l'organisation syndicale, qui a connu une scission momentanée, a retrouvé sa cohésion pour se mettre sur la voie tracée par le défunt président Bourguiba afin d'asseoir les fondements de la Tunisie moderne et assurer son développement à tous les niveaux.
L'Ugtt a pleinement joué son rôle national en intégrant le bureau politique du parti destourien et en participant aux différents gouvernements. Ce fut encore l'Ugtt du martyr Farhat Hached où l'intérêt syndical demeurait en symbiose avec l'intérêt national.
A partir de 1978, l'Ugtt s'est retirée du bureau politique pour se consacrer exclusivement à l'action syndicale. Ce fut le tournant dramatique marqué par les fameuses grèves tournantes qui ont conduit aux événements du 26 janvier 1978 et au démantèlement de l'organisation syndicale et le remplacement de ses dirigeants.
L'Ugtt du martyr Hached associant le syndical au politique a ainsi repris du service.
Mais, avec l'avènement du successeur de Bourguiba, le rôle de l'Ugtt a repris une autre allure ; désormais un consensus s'est établi entre le pouvoir et l'organisation syndicale par le maintien du processus périodique des négociations sociales engagé auparavant moyennant l'adhésion sans réserve à la politique de Ben Ali avec les écarts que l'on connaît.
L'Ugtt du martyr Farhat Hached n'était donc plus, l'intérêt particulier prenant la primauté sur l'intérêt général.
Le pays a connu tout de même une certaine stabilité qui aurait pu se poursuivre avec la participation de l'Ugtt au premier gouvernement formé après la révolution ; mais sa volte-face l'a rétablie dans son rôle, le moins que l'on puisse dire atypique.
En effet, les dirigeants syndicaux, tout en s'agrippant à leur mission originelle de servir l'intérêt national, ont multiplié les revendications sociales, ouvrant la voie à des mouvements de protestation et d'arrêts de travail successifs dépassant en cinq ans le nombre de grèves enregistrées antérieurement depuis l'indépendance.
Paradoxalement, l'Ugtt est sortie glorifiée à la suite de sa participation au dialogue national qui a permis de stabiliser la situation politique dans le pays.
Il y a donc à se demander pourquoi les dirigeants syndicaux se cantonnent dans leur attitude de refuser leur participation à l'action gouvernementale.
La dernière proposition du président de la République appelant l'Ugtt et l'Utica à faire partie d'un gouvernement d'union nationale, en dépit de la majorité confortable acquise au sein de l'assemblée des représentants du peuple, ne pourrait que servir l'intérêt national.
L'Ugtt fut pourtant le premier à rejeter cette proposition. Où donc se situerait l'intérêt national que l'Ugtt prétend défendre ?
Les positions exprimées par l'Ugtt à ce sujet sont assez édifiantes :
- La direction syndicale s'est contentée de dire qu'elle n'était pas concernée par les mouvements de protestation menés contre la Compagnie des phosphates de Gafsa et la société Petrofac de Kerkennah.
L'intérêt national aurait dû l'inciter, ne serait-ce qu'à condamner ces mouvements qui ont fait perdre au pays des milliers de milliards de revenus.
- La direction syndicale a rejeté le projet de relèvement de l'âge de départ à la retraite à 65 ans au nom de l'intérêt des travailleurs...et des chômeurs.
Le refus de l'Ugtt et le maintien en l'état de la situation aggraveront sans aucun doute le déficit des caisses de retraite qui se chiffre déjà par des centaines de milliards.
- L'ingérence des syndicats de base dans la gestion des rouages de l'Etat exigeant le départ de certains responsables allant jusqu'à les empêcher d'assurer leur service servirait l'intérêt de qui ?
Comme solutions aux problèmes auxquels fait face le pays, l'Ugtt ne trouve pas mieux que d'appeler le gouvernement à mettre fin au commerce parallèle et à l'évasion fiscale sans faire de propositions concrètes quant aux moyens de venir à bout de ces fléaux. Entre-temps, les arrêts de travail se poursuivraient et les négociations sociales sur le relèvement des salaires reprendraient à leur échéance, toujours dans l'intérêt bien compris du pays.
Il faudrait admettre une fois pour toutes que l'Ugtt ou plutôt la nouvelle Ugtt se complaît dans le rôle qu'elle se veut attribuer, à savoir exercer une mainmise sur les affaires de l'Etat en restant en dehors des rouages de gestion; position, en somme, de tout repos, qui le dégage de toute responsabilité.
Pour parvenir à ses fins, l'épée de Damoclès est toujours là : la grève...payée svp !, en brandissant le portrait de Farhat Hached et le drapeau national.
Non, cela ne devrait pas durer plus longtemps. L'Ugtt ferait mieux de retrouver son rôle d'avant-garde d'antan et ne plus perdre de vue que les responsables politiques d'aujourd'hui ne sont pas les colons d'hier, que l'intérêt national commande plutôt de préserver le pays des menaces qui pèsent sur son développement économique et de faire corps contre le terrorisme dans toutes ses formes, y compris au sein des unités de production. A défaut de quoi, l'organisation syndicale devrait s'abstenir d'étendre son champ d'action aux problèmes d'ordre politique qui sont du seul ressort des élus du peuple.
Je crois que l'esprit révolutionnaire qui a gagné la société tunisienne depuis janvier 2014 a maintenu en l'état le comportement du corps syndical qui gagnerait à repenser la conception de ses relations avec le pouvoir et faire sa propre révolution, faute de quoi l'Ugtt s'exposerait à une contre révolution qui ne manquerait pas de nous rappeler des événements précédents que l'on souhaite oublier à jamais.
* (Retraité)


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