Ceux qui ont déjà servi devraient comprendre que l'on cherche des techniciens en pleine possession de leurs moyens et non pas des candidats à des planques dorées Un grand remue-ménage a lieu dans le milieu du football. La raison de ces longues journées enfiévrées est la décision prise pour ouvrir un appel à candidature pour le recrutement d'un nouveau directeur technique national. Celui actuellement en place a été prévenu qu'on ne lui renouvellera pas son mandat et que, par conséquent, il doit se préparer pour céder sa place. Bien entendu, nous n'aurons jamais sous les yeux le bilan de celui qui part, et même si ce bilan existe, il sera difficile de l'avoir à portée de main. Pourtant, c'est à partir de là que commence tout le travail du futur technicien. Un bilan, c'est un ensemble de réalisations et d'objectifs atteints qui côtoieront, comme dans toute entreprise humaine, les défaillances et les raisons qui ont fait qu'une partie du programme envisagé est ignorée, négligée, mal concrétisée. Les raisons intéressent bien plus d'un, mais aussi dérangent ceux qui ont mis les bâtons dans les roues parce qu'ils n'ont tout simplement pas compris ce qu'est un DTN. Si nous prenons en considération les attributions et les prérogatives d'un DTN, dans n'importe quelle discipline, nous constatons que la mission de ce très haut cadre est harassante, difficile, extrêmement exposée. Il est notamment responsable : -de l'ensemble des équipes nationales toutes catégories et de la politique sportive de haut niveau, -de la formation et du perfectionnement des cadres, -de la coordination des actions entre la fédération concernée et les fédérations sportives infinitaires, le sport scolaire et universitaire, et le sport militaire, Vaste programme, qui exige de l'énergie, beaucoup de dynamisme et surtout des moyens humains et financiers. Au cœur d'un système complexe, le DTN se doit de réagir des enjeux importants tout en composant avec des parties prenantes souvent partisanes, difficiles à pénétrer, surtout dans les moments de crises de confiance qui interviennent souvent entre les clubs et une fédération. Ces enjeux sportifs, juridiques, médiatiques, sociaux, économiques, humains, politiques et professionnels sont à la base de la réussite de cette délicate mission. Le directeur technique est tout à la fois un technicien à la formation théorique et technique confirmée, un excellent communicateur, mais surtout un gagneur et un visionnaire. La réussite de sa mission est en étroite relation avec le président de la fédération qui constitue le personnage sur lequel il s'adosse pour la réalisation des objectifs et comme tout passe par les moyens financiers, cette relation se doit d'être privilégiée. Et c'est là que le bât blesse. Cesser de privilégier les sentiments Si on désigne un DTN, c'est bien pour exploiter ses connaissances et pour profiter de son savoir-faire pour tirer une discipline sportive vers le haut. Il faudrait donc l'épauler et lui donner les moyens de sa politique, tout en évitant de brider son enthousiasme et son dynamisme. Pour toute fédération, le choix d'un DTN implique la mise à l'écart du copinage et des retours d'ascenseur. Cela revient à dire que seuls les meilleurs, les plus méritants devraient être choisis pour ces postes dont dépend l'avenir d'une discipline sportive. La Tunisie dispose de très hauts cadres sous exploités, capables de relancer non pas seulement le football, mais toutes les autres disciplines sportives. Certains, découragés par le milieu ambiant, peu motivés, ont préféré s'expatrier et sont au service de pays frères et amis où ils sont à la base de bien des exploits. C'est dire que nous avons intérêt à donner leur chance aux jeunes, et cesser de privilégier les sentiments qui nous rejettent des décades en arrière. Ceux qui ont déjà servi devraient comprendre que l'on cherche des techniciens en pleine possession de leurs moyens et non pas des candidats à des planques dorées. Considérant le rôle du département de tutelle dans le choix définitif, il est souhaité que l'on évite les possibles frictions qui pourraient intervenir et qui pourraient prolonger la vacance de ce poste. Le football a besoin de sang neuf, de nouvelles idées et d'hommes capables de se prévaloir de ce rôle de visionnaire que seuls les jeunes qui piaffent d'impatience peuvent avoir. En tout état de cause, c'est à partir de l'ouverture des candidatures que l'on pourra commencer à comprendre les intentions des uns et des autres. Mettre en place un DTN n'est pas une simple formalité. Il faudrait savoir d'avance pour en faire quoi : un homme d'action ou un simple fonctionnaire aux ordres.