Elimination des étals anarchiques, badigeonnage des façades des édifices, nouveaux programmes d'animation culturelle, installation de bancs publics : telles sont les grandes lignes d'une action tous azimuts tendant à rendre l'avenue plus attrayante. Au lendemain de la révolution, l'avenue Habib-Bourguiba, le cœur battant de la capitale, a subitement perdu de sa beauté : invasion des étals anarchiques, attroupements sur la voie publique, circulation infernale et, comble de malheur, sit-in et manifestations presque monnaie courante. C'est le douloureux revers de la médaille pour une artère qui faisait, jusque-là, la joie des romantiques et autres amateurs de balades qui la sillonnaient, de jour comme de nuit. «Qui peut enrayer cette chute?», ne cessait-on de s'interroger, avec une inquiétude frisant la fatalité, au moment où cette avenue devenait de plus en plus invivable. La délivrance qu'on tenait pour impossible commence ces jours-ci, heureusement, à montrer le bout du nez. Et c'est tant mieux. En effet, les autorités régionales, enfin réveillées de leur torpeur et sorties de leur sommeil, ont décidé de passer à l'offensive. Un seul objectif : sauver l'avenue, quitte à le faire dans la douleur et au prix fort. Sitôt dit, sitôt fait, on commença d'abord, dans ce tableau de chasse, par l'élimination de ces étals anarchiques envahissants. Tellement envahissants qu'ils ont même étendu leur chaos à... la majestueuse statue d'Ibn-Khaldoun devenue, incroyable mais hélas vrai, un point de vente de bibelots et autres habits de pacotille! Une véritable insulte pour ce légendaire penseur musulman et une preuve irréfutable de l'absence de l'autorité de l'Etat. Maintenant que ces étals se sont, enfin, avoués vaincus (un exploit, en quelque sorte) au terme d'une descente policière des plus musclées, on passa au plan B qui consiste en le badigeonnage des édifices publics. Les exploitants ont été sommés de le faire dans les plus brefs délais. Cette opération devra toucher également la cathédrale, le théâtre et la statue d'Ibn-Khaldoun. Trois temples dont la façade est devenue, il est vrai, moche. La troisième étape de l'offensive concerne les propriétaires des cafés et restaurants dont l'exploitation des trottoirs, jusque-là chaotique, a été révisée à la restriction conformément aux règlements en vigueur. Dans la foulée, les bancs publics, déboulonnés pour on ne sait quelle raison, referont surface. Renaissance culturelle A l'instar des grandes métropoles occidentales où l'environnement et l'animation culturelle font bon ménage, l'avenue Habib-Bourguiba va leur emboîter le pas. En effet, selon la nouvelle opération de lifting, ladite avenue reprendra son droit artistique, en abritant de fréquentes manifestations (galas, pièces de théâtre, expositions de peinture...). Une trouvaille du nouveau gouverneur de la région, Omar Mansour, qui promet de collaborer, pour les besoins de la cause, avec nos artistes de renom pour les inciter à s'y impliquer. De bon augure.