Par Jalel Mestiri L'encadrement ne joue pas son rôle et le recours aux sanctions est plus que jamais nécessaire. Les actes d'absolution et de décharge commis par les supporters impliquent des causes, des enjeux et des degrés de gravité variés. On en est de plus en plus certains : la violence dans les stades perdure, s'éternise et se conserve. Elle prend aujourd'hui une nouvelle forme. Des batailles éclatent en effet entre les supporters d'un même club. Le phénomène guette encore les stades et prive le bon spectateur de supporter dans la quiétude son équipe préférée. Mais ici et là, pareille singularité n'est-elle pas essentiellement la conséquence de problèmes sociaux, économiques et politiques ? De chômage, de manque de moyens de loisirs et d'évasion ? Le stade n'est-il pas devenu de ce fait la seule place où les jeunes peuvent s'exprimer et extérioriser leur désarroi ? Plus qu'une simple activité sportive qui cristallise un sentiment de fraternité autour des émotions partagées, le football est un véritable poumon économique, engendrant emplois directs et indirects pour un chiffre d'affaires de plus en plus croissant. Pour combler le manque à gagner auquel ils sont soumis depuis quelques années, les clubs ont aujourd'hui intérêt et avant que ce ne soit trop tard à faire le ménage dans leurs rangs en écartant les trublions indésirables, dont le comportement écorne l'image d'un sport qui a besoin de préserver sa crédibilité. Lors d'une réunion tenue au ministère de la Jeunesse et des Sports le 6 octobre dernier, l'autorité de tutelle et toutes les parties impliquées de loin ou de près dans la gestion du football ont pris la bonne décision d'augmenter le quota de présence du public sportif dans les stades de 20%. Cette décision concerne tous les stades détenant un titre de validité jusqu'à la fin de la saison. Le quota accordé au public visiteur a été aussi augmenté de 5% pour les matchs de football et de 10% pour les autres disciplines tant que le public visiteur peut être accueilli dans des gradins indépendants. Une nouvelle chance est donnée ainsi au public pour retrouver sa place et sa vocation. Cela est d'autant plus réconfortant que l'on espère que football ne soit plus marqué par les dépassements gratuits et que le cadre dans lequel les matches se déroulent puisse enfin renvoyer à une règle institutionnelle dont la légitimité ne peut être qu'acceptée par tous. Pendant de longues années, la persistance des comportements violents avait son origine dans le déficit de régulation. L'incapacité des responsables à faire respecter les règles est liée d'une part au rejet de l'autorité par les clubs, leurs dirigeants et leurs joueurs, mais également au refus de instances responsables d'incarner une autorité associée à un ordre bien défini. Aujourd'hui chacun doit être placé devant ses responsabilités. Oui pour le retour du public dans les stades. Non, cependant, pour la persistance de l'impunité. Les actes et les incidents de violence ne trouvent plus uniquement leur raison d'être dans les gradins, ou encore dans les alentours des stades. C'est sur le terrain qu'ils se revendiquent de plus en plus. Les joueurs, les dirigeants et les entraîneurs s'en donnent à cœur joie et sans scrupules. Ils renvoient ainsi à un rejet de la règle. Un rejet qui s'est ancré dans une défiance envers l'ensemble des institutions supposées produire un lien non seulement sportif, mais également social. Toute contrainte a été violemment rejetée. L'encadrement ne joue pas son rôle et le recours aux sanctions est plus que jamais nécessaire...