Le vrai problème réside dans l'insuffisance du nombre de cotisants, martèle Hafedh Laamouri. L'ancien ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi balaie d'un revers de main le discours sur le vieillissement démographique. Pour lui, la crise des caisses sociales trouve sa source ailleurs : un taux de chômage trop élevé qui réduit drastiquement le nombre de contributeurs. « Cinq points de chômage en moins, et l'équation changerait radicalement », assène-t-il. Invité mardi 5 août 2025 sur la Radio nationale, Hafedh Laamouri a déconstruit méthodiquement les idées reçues sur le système de protection sociale. Si le juriste reconnaît la nécessité d'assurer une couverture aux travailleurs informels, il tempère fortement l'impact escompté sur les finances sociales. « Même régularisés, leurs cotisations modestes ne suffiraient pas à combler les déficits », explique-t-il, tout en insistant sur l'impératif éthique de leur protection sociale. Laamouri pointe du doigt les responsabilités annexes qui grèvent les comptes de la CNSS : retraites anticipées, logement social, pensions alimentaires… « Ces missions extra-légales ont vidé les caisses », déplore-t-il, appelant à un recentrage sur les fonctions essentielles. Pour une révolution fiscale, il propose une TVA sociale sur les produits importés à forte consommation, un relèvement des taxes sur le tabac de luxe et l'alcool haut de gamme et l'abandon du financement exclusif par les cotisations. L'ancien ministre rejette catégoriquement toute hausse de l'âge de la retraite dans le privé : « Ce serait aggraver le chômage sans résoudre le problème ». En revanche, il fustige les retraites anticipées qui « saignent le système à double titre ». Le tableau serait incomplet sans évoquer les pratiques de sous-déclaration salariale, parfois initiées par les salariés eux-mêmes. « Des carrières entières réduites à néant par ce jeu dangereux », regrette-t-il, appelant à une prise de conscience collective.