Les familles réclament la vérité sur le sort des proches disparus en mer Ils ont rêvé d'une vie meilleure sur l'autre rive de la Méditerranée. Ils ont pris le risque de mettre leur vie en danger en tentant le périlleux voyage vers l'île italienne de Lampedusa (sud de la Sicile), par le biais d'embarcations de fortune. Ils n'avaient, d'ailleurs, rien à perdre. C'est comme s'ils voulaient renaître sur une nouvelle terre et refaire leur vie. Après la révolution, des milliers de jeunes et moins jeunes ont tenté l'odyssée migratoire. Certains ont eu la chance de fouler le sol de ce pays, mais beaucoup d'entre eux ont disparu dans les fins fonds de la Méditerranée et ne reviendront plus, marquant le désarroi d'une jeunesse en perte de repères. La mort ne les effraie plus. Plutôt mourir en tentant d'atteindre la rive Nord que moisir indignement dans la rive Sud. Depuis la révolution, plus de 500 migrants clandestins tunisiens sont portés disparus. Leurs familles ne veulent rien entendre et réclament toujours la vérité sur le sort de leurs enfants. Les versions les plus folles meublent les débats sur ces disparitions. Enrôlement dans la mafia italienne, détention secrète dans les prisons italiennes, mort causée par des frappes de la marine italienne, et bien d'autres rumeurs aberrantes. Du côté du ministère de l'Intérieur, une source sécuritaire a confirmé la tenue de plusieurs réunions de coordination avec la partie italienne ces dernières années autour du dossier des migrants tunisiens disparus en mer. Les empreintes digitales et les photos des Tunisiens disparus ont été envoyées à la police italienne en 2014 dans le même but. Cepandant, ces efforts n'ont abouti qu'à une seule conclusion avancée par les Italiens «ces migrants clandestins sont portés disparus et il n'y a aucun élément qui confirme qu'ils se trouvent sur le territoire italien». Peu convaincant pour les familles des disparus qui refusent la clôture du dossier et comptent poursuivre les rassemblements de contestation pour exercer toute la pression sur la «commission d'enquête et de suivi» chargée de suivre ce dossier. «Le nombre de décès dans la Méditerranée pour l'année 2016 s'élève à 4.913», selon le dernier rapport de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur les migrants disparus. L'année 2016 est la plus chargée sur cet itinéraire depuis le début de la crise migratoire actuelle avec un nombre total d'arrivées qui dépassera certainement les 180.000.