La sélection est en train de réussir la transition lui permettant de se démarquer de l'esprit conformiste et d'oser tous les genres: technique, physique, accélérations. Une palette plus large pour dérouler un football multiforme, à géométrie variable... Il y a aujourd'hui une bonne matière à réflexion sur les aptitudes de la sélection. Sur ses choix tactiques, sur ses convictions de jeu et sur les aptitudes de ses joueurs. Le modèle préconisé reflète l'idée d'un rendement collectif et d'une solidarité à toute épreuve à la base de tout ce qui se conçoit, se développe et s'affirme. Il y a certainement les individualités qui ne manquent pas chaque fois de faire la différence, mais la star, reste l'équipe. Encore, il y a désormais au bout du compte, une certaine culture de la performance, une originalité dans le jeu. La façon à la fois simple et décisive, le goût prononcé pour l'effort, le surpassement. Finalement, cette aptitude à vivre les grands moments met en évidence un état d'esprit, un accomplissement, plus qu'un mode de comportement. La réalité sportive de plus en plus rebondissante, de plus en plus expressive. A travers ce qu'elle a laissé entrevoir lors des deux derniers matches du premier tour, l'on peut dire que la sélection emmagasine de la confiance pour la suite de la CAN et installe progressivement un mode et un modèle qui prennent davantage de la consistance. Et si le match de demain contre le Burkina-Faso pour le compte des quarts de finale de la CAN pouvait servir à de nouveaux repères, à de nouveaux éléments révélateurs ? Dans la tenue globale, dans les vertus collectives, dans l'œuvre de l'équipe et dans tout le reste, il y a tant de promesses pour qu'elle continue à galoper au maximum de ses moyens et qu'elle soit capable de dépasser les limites d'une époque qu'on espère aujourd'hui révolue. Dans ce genre d'entreprise, la sérénité mentale dépasse des fois l'impact physique. Les joueurs devraient encore une fois chercher à optimiser les points forts. Quelque part, c'est leur façon de suggérer que la créativité et la rigueur font la paire. Plus encore : elles font même la différence. En deux matches et... une mi-temps, celle livrée face au Sénégal après la pause, la sélection s'est envolée à une altitude rarement atteinte dans ce genre de compétition. Mais indépendamment de ce qui a été accompli jusque-là et ce qui reste encore à faire, nous osons affirmer qu'elle ne manque ni d'allure ni de réalisme. Les valeurs fondamentales mises en scène Adeptes ou contestataires, on ne peut qu'accorder au sélectionneur le mérite d'avoir libéré les joueurs, d'avoir intégré dans le football qu'ils expriment et dans le registre dans lequel ils évoluent une profondeur dans le jeu et dans le comportement. On peut cautionner, comme on peut désapprouver sa méthode et sa manière d'interpréter les choses. Mais nullement celle d'interpeller et d'intéresser les joueurs. Cela conditionne de façon évidente leur rendement sur le terrain, la manière de procéder de toute l'équipe. Il ne manque pas ainsi de remettre la vocation de la plupart d'entre eux au centre des débats. Dans ses différentes prises de position, bonnes ou mauvaises, il est le genre d'entraîneur qui laisse rarement indifférent. Il a forcément pour mission d'accompagner les joueurs dans leur épanouissement, de favoriser le registre dans lequel ils sont censés s'exprimer mieux et plus. Mais de façon particulière à combattre la passivité, à renforcer le sentiment d'appartenance non seulement à une équipe, mais aussi et surtout à une institution. Il n'est pas difficile de déduire que la sélection s'est déjà taillé la réputation d'une équipe qui entretient la flamme et qui s'investit à fond. Mais aussi et surtout celle qui est en train de réussir la transition lui permettant de se démarquer de l'esprit conformiste et d'oser tous les genres : technique, physique, accélérations. Une palette plus large pour dérouler un football multiforme, à géométrie variable. Il s'agit au sens le plus actuel d'une conception «transgenre» tout particulièrement favorable aux joueurs qui veulent se construire des noms, un exploit, une consécration. Cela forge un caractère, une personnalité. L'équipe de Tunisie a gagné du temps. Elle est en train de vivre quelque chose de magnifique, d'exceptionnel. Certes, on peut encore discuter de l'apport de certains joueurs, de leur degré d'implication, de l'impact de l'organisation défensive de l'équipe. Mais il y a des données qui ne souffrent pas la contestation. Quand on part de tellement loin, on a plus de chances-^çà) de s'imposer, de gagner. On ne revient jamais en arrière. De nouvelles alternatives, encore et toujours, des défis différents pointent de plus en plus à l'horizon de l'équipe. La sélection est aujourd'hui l'équivalent d'un grand théâtre où les valeurs fondamentales de jeu, d'inspiration et de créativité sont mises en scène. Les conceptions utilisées dans le lexique du football trouvent presque toutes leur origine dans la manière de jouer de l'équipe. Un nouvel ordre et de nouvelles méthodes dans le jeu s'installent inéluctablement. C'est une ouverture sur un jeu en devenir. Cela introduit en contexte footballistique des approches autrefois interdites pour la sélection. D'après ce qu'on est en train de voir et conformément à ce qu'elle est en train de vivre, l'équipe de Tunisie serait désormais amenée à penser à une véritable affirmation de ses nouvelles priorités et de ses primeurs. Des approches qui seraient ni de l'offensive pure, ni de la défense pure. Autant qu'il lui est permis de grandir, autant elle pourrait innover ses centres d'intérêt.