Par M'hamed JAIBI Le congrès du Parti Républicain vient d'inaugurer la réactivation de la vie politique nationale en vue des recompositions qui ne manqueront pas d'intervenir dans la perspective des prochaines échéances électorales, et d'abord les municipales, désormais officiellement situées fin 2017. Un parti conforme à l'air du temps Et le tableau au sein d'Al Joumhouri est significatif des ambiances prévalant au sein de la plupart des partis politiques tunisiens, avec des états-majors sans troupes ni boussole. Sachant qu'en prime, le leader historique du parti, Néjib Chebbi, qui prépare une seconde formation plus conforme à l'air du temps, pendant que son frère cadet prend la suite de la secrétaire générale sortante, Maya Jribi, au terme de ses deux mandats réglementaires. Al Joumhouri promet de reconquérir ses troupes au travers d'une réorganisation du parti, d'un rajeunissement des cadres et d'une réactivation de sa présence dans les régions et «auprès des bases populaires». Mais, tout comme les autres composantes de l'espace politique, il devra compter avec la désaffection que l'on constate vis-à-vis des politiques et de la politique. Un ministre au gouvernement Mais le Parti Républicain a désormais à son actif un ministre placé au sein du gouvernement Chahed qui lui ouvre des perspectives intéressantes dans la logique de l'union nationale, et le parti mise sur cette option pour lui frayer, au travers des municipales, un chemin passant. C'est là une boussole réaliste, à la condition que les grands partis soient d'accord. Or, la direction officielle de Nida Tounès a déclaré, par la bouche de Hafedh Caïd Essebsi, qu'elle opte pour des listes nidaïstes pur jus. Sage décision pour éviter les critiques du «peuple du Nida» qui n'a déjà pas vraiment avalé l'alliance gouvernementale avec Ennahdha au lendemain des élections législatives et présidentielle de 2014. Les électeurs de Nida Mais les autres groupes de nidaïstes et la masse des électeurs ayant opté pour ce parti et pour son fondateur sont dans l'expectative et attendent désespérément une «initiative» qui ne pourrait venir que du fondateur du parti, même si le «groupe de sauvetage» du parti — des Ridha Belhaj, Boujemâa Rmili, Faouzi Elloumi... — s'est érigé en direction parallèle de Nida Tounès et s'est rapproché de Machroû Tounès. De son côté, le parti de Mohsen Marzouk vient de se déclarer brusquement «dans l'opposition» gênant tous ses alliés : le «groupe de sauvetage de Nida», l'UPL, le PS... Il déclare prendre pour cible Ennahdha, mais ses hésitations en matière de positionnement et son fonctionnement centralisé désorientent ses bases, les privant de boussole. Des troupes de mécontents sans stratégie Les partis issus du CPR n'en finissent pas d'ajuster leurs nouvelles lignes politiques et d'affiner leur démarcation vis-à-vis de l'ancienne Troïka dont seul Moncef Marzouki continue, par à-coups, de se réclamer. Leurs états-majors ont leurs troupes mécontentes, notamment dans le sud et dans les régions, mais ils n'ont pas vraiment situé une vraie stratégie, à part l'opposition. Les troupes sont là, mais les états-majors sont affaiblis et la boussole manque. Le Watad Abid Briki Quant au Front populaire, il hésite entre une opposition stérile, mais vociférante, et une attitude constructive sur certaines questions sociales ou de développement. L'entrée du Watad Abid Briki au gouvernement l'a quelque peu déstabilisé, autant que l'amitié qu'entretient Mongi Rahoui, président de la Commission des finances de l'ARP, avec Youssef Chahed. Seul parti gardant l'essentiel de ses troupes et sa boussole, certes ajustée à l'heure de la démocratie consensuelle, le mouvement Ennahdha. Il est d'ores et déjà prêt pour les municipales et les régionales, dans toutes les hypothèses. Alors que tous les autres agités attendent...