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N'est-il pas temps de tirer les leçons de six ans de balbutiement ? (1ère partie)
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 02 - 2017


Par Boubaker BENKRAIEM *
Notre pays vient de vivre, il y a quelques semaines, l'assassinat d'un militant dont les aptitudes et les services rendus n'ont d'égal que sa modestie et son humilité mais, par sa volonté ou sa timidité, non reconnus comme tels, dans son pays. Ce martyr a pris fait et cause pour la question palestinienne depuis le tout début des années 90 du siècle dernier lorsqu'il s'expatria. Et ce sont les Palestiniens eux-mêmes qui ont confirmé et reconnu les appréciables services qu'il a rendus à leur cause. Que Dieu le Clément, le Miséricordieux ait son âme.
Cependant, après toutes les diatribes des uns et les jugements des autres, partis politiques et associations de la société civile, quant à la gestion de l'évènement, le gouvernement et ses services ont, à mon avis, agi, à juste titre, avec retenue, sagesse et responsabilité. Il est très facile, lorsqu'on est de l'autre côté de la barrière, et profitant de cette liberté d'expression, parfois un peu trop abusive, de lancer tout genre de critique. La lenteur, peut-être, de la réaction des services de l'Etat serait due aux éléments suivants :
1- Le premier responsable est, malheureusement, le martyr lui-même qui, à son retour en Tunisie, suite à la révolution, a, probablement, oublié que depuis le 14 janvier 2011, beaucoup de choses ont changé dans notre pays. On ne comprend pas pourquoi, à son retour en Tunisie, il ne s'est pas, entièrement, confessé, aux services de l'Etat en levant le voile sur ce qu'il a fait pour les combattants palestiniens et sur ses projets futurs. Il a, peut-être, manqué de prudence, même s'il se serait confié, tout dernièrement, et peut-être sans donner assez de détails ou minimisant son rôle, aux services de police nationaux. Les a-t-il avertis des menaces dont il serait l'objet ? C'est la raison pour laquelle il n'a bénéficié d'aucune protection rapprochée.
2- La seule institution qui aurait pu être informée des activités, très secrètes, en Syrie et ailleurs, de ce citoyen très spécial, aurait été la Direction de la Sûreté de l'Etat (Amn Eddaoulah) dont la mission s'étendait au-delà de nos frontières. Mais cette Direction a été dissoute au lendemain de la révolution et ses cadres, formés durant des décennies, ont été mis à la retraite. Une très grave erreur dont nous payons, encore et toujours, les frais. Cette institution n'a pas encore été remplacée ou remise sur pied.
3- Le seul interlocuteur qui aurait pu nous renseigner sur le martyr, feu Mohamed Zouari, bien avant son retour en Tunisie, est le service de renseignements syrien ou palestinien. Mais nos relations diplomatiques ont été, pour des raisons jusque-là incompréhensibles, rompues avec ce pays frère qui, quoique nous déplorons tous les malheurs subis par le peuple syrien, et du fait des milliers de km qui nous séparent, nous ne connaissons pas tous les tenants et aboutissants du problème syrien. Ceux-ci ne concernent, par ailleurs, que le peuple syrien et son élite. Cette mesure est un scandale, une honte, et une indélicatesse que notre pays ne peut ni appuyer ni digérer. Elle est aussi indigne de la Tunisie d'Ibn Khaldoun, d'Aboulkacem Echabbi et surtout du grandissime Bourguiba, ce leader charismatique, ce visionnaire exceptionnel d'un courage rare et inhabituel qui, en 1965 et, à Ariha, chez les Palestiniens, a eu l'audace de les exhorter à accepter le partage de l'ONU de 1947, qui, quoique injuste, représente, quand même, un début de solution satisfaisante. Ce n'est que trente ans plus tard que les Palestiniens ont compris que Bourguiba avait bel et bien raison. De même, cette rupture des relations diplomatiques ne nous a servi à rien et celui qui l'a décidée n'a pas pensé à la situation que nous avons, maintenant, sur les bras ainsi qu'à l'importante colonie tunisienne résidant en Syrie d'une part, et d'autre part, il a manqué de vision stratégique, de sens de l'Etat et de responsabilité politique. Ce fut, d'ailleurs, l'incitation au recrutement et à l'envoi massif et effréné des jeunes «jihadistes» tunisiens pour aller guerroyer dans un pays qui ne leur a fait aucun mal et pour une cause qui n'est pas la leur. Cette situation est nouvelle, drôle et bizarre pour nous et, contraire à nos traditions car, habitués, depuis le régime du grand Bourguiba, à avoir un comportement de neutralité vis-à-vis des pays frères et amis, la Tunisie a toujours appliqué cette politique qui nous a valu le respect et la considération de toute la planète. D'ailleurs, si on avait maintenu des relations normales avec la Syrie, beaucoup de choses se seraient passées autrement et nombreux de nos jeunes concitoyens partis se battre là-bas, auraient pu être empêchés de le faire. La guerre en Syrie touchant à sa fin, tous les Tunisiens sont préoccupés par la question qui fait la une des médias, celle du retour des jihadistes en Tunisie. Nos concitoyens sont inquiets et ils ont raison de l'être car ils ont peur de vivre avec des bombes à retardement, ces jeunes qui ont passé des années à tuer, voler, violer, tout en étant entièrement libres de leurs actes, ne respectant ni lois ni règles et cherchant «la ghanima» promise. Le mutisme de la Présidence et du Gouvernement, à ce propos, fustige nos compatriotes qui ont peur de ce que l'avenir leur réserve. Heureusement, que Monsieur le Président de la République, profitant de son allocution, à l'occasion de la nouvelle année administrative, en a parlé brièvement. Aussi, quel accueil allons-nous réserver à ces revenants ? Avons-nous prévu leur mise en quarantaine en attendant leur jugement ou allons-nous les renvoyer dans leur foyer avant qu'ils ne rendent des comptes ? ( La Presse du 22/12/2016 page 7 : quel sort réserver aux terroristes revenant des foyers de conflits ?). Est-ce ainsi que nous allons accueillir les touristes et ceux qui veulent soutenir la démocratie tunisienne naissante et surtout les investisseurs qui ont confirmé leur appui lors de la conférence internationale sur l'investissement de novembre dernier?
Je ferai, seulement, deux reproches à nos services de sécurité : le premier aux services régionaux sur le fait de n'avoir pas posté, immédiatement après le meurtre, une garde discrète, près du domicile du martyr, car il est admis que le meurtrier ou ses complices ont tendance, souvent, à revenir aussitôt sur les lieux du crime pour apprécier leur œuvre et avoir certaines observations. Nos agents auraient pu empêcher le journaliste de filmer la demeure du martyr, et le retenir pour un interrogatoire sérieux et soutenu pour davantage de renseignements sur ce qu'il faisait, pour qui il agissait et peut-être avoir quelques informations sur le commanditaire du meurtre. Le deuxième, aux services de police des frontières et étrangers, et se rapportant au viol de notre territoire par des criminels étrangers. Cet acte est inacceptable et doit nous obliger à renforcer davantage nos moyens, à utiliser toutes nos compétences dans ce domaine, ce domaine ô combien difficile et, aussi, revoir, sérieusement, notre stratégie en la matière car nous avons. Pour peu qu'on se démette de nos complexes, des cadres de valeur, patriotes et nationalistes en mesure de rendre, à notre pays, d'éminents services, aussi bien dans ce domaine que dans tant d'autres...
(A suivre)
* (Ancien sous-chef d'état-major de l'Armée de terre, ancien gouverneur)


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