Né le même jour qu'un certain Diego Maradona, Lahmar, l'un des plus grands volleyeurs tunisiens de tous les temps, a vécu intensément cette discipline sportive qui nous a valu de nombreuses satisfactions à l'échelle continentale. Bardé de titres et de distinctions, Msaddek Lahmar, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a évolué dans quatre clubs différents et a laissé son empreinte là où il est passé. On dit souvent que les grands joueurs (toutes disciplines confondues) ne visent généralement pas le « coaching » plus tard, une fois leur carrière achevée. C'est le cas de ce grand champion, la référence en la matière, l'un des plus doués de sa génération. Juste une courte expérience à Tunisair où il a cependant apporté sa science du jeu et sa vision du volley-ball. Nous avons pris attache avec ce champion pour nous retremper dans un passé riche et glorieux. Mais aussi pour nous parler des perspectives du volley-ball tunisien, les tendances et même les freins mis à son évolution: «Depuis 2003, notre volley-ball fait du surplace et même rétropédale. C'est l'enseignement majeur que je tire. Il n'y a pas à proprement parler de vision, de stratégie, d'agenda clair et de perspectives qui cadrent avec les spécificités de notre volley. Nous travaillons dans l'urgence sans nous projeter vers l'avenir. Pourtant, notre histoire et notre vécu doivent nous amener à reconquérir de nouveau le Graal continental car telle est la mission dont direction, staff et joueurs doivent être investis. Il faut revoir et planifier en pensant aux joutes internationales. Car quand on joue le Mondial ou les Olympiades, l'on ne peut que s'améliorer en se mesurant au gota de la planète. C'est ainsi que notre principal concurrent égyptien a gardé son statut. Même des outsiders, tels que le Cameroun et l'Algérie, ont progressé; alors que nous, nous avons vu le train passer. A ce titre, le passé éclaire le présent. J'ai personnellement bénéficié d'un bon de sortie à l'âge de 28 ans, sur le tard comme on dit. Il faut comprendre que les clubs en ces temps-là ne vous accordent cette précieuse autorisation qu'à l'âge de 30 ans. Une aberration quoi ! Et pourquoi ? Parce qu'on pense aux intérêts étroits des clubs avant de penser à la sélection et à l'intérêt national. Bien entendu, c'est dans des buts électoraux via un lobbying néfaste pour le volley-ball tunisien. Même volet technicien de l'élite, on nomme n'importe qui, n'importe comment. Vous savez, dans le monde du volley tunisien, les clubs leaders, le CSS, l'ESS, l'EST et le CA avant, ne forment pas de jeunes talents. C'est l'apanage du COK, de l'ASM, de l'EOGK...Avant, lors de la «success story» tunisienne, une bonne huitaine de clubs animaient la compétition. Maintenant, il y a trois clubs, puis le désert. Certes, on fait allusion tantôt via la participation des nôtres aux Olympiades de Rio de Beach Volley. Dès le départ, on était là pour faire de la figuration. C'était perdu d'avance. Mais au-delà de cette participation, les commentateurs du tournoi nous présentaient comme des figurants. Personnellement, cela m'a chagriné. Sachez que notre volley ne mérite pas ça. J'ai personnellement évolué avec trois générations de joueurs. J'ai côtoyé en 1983 les Rachid et Hédi Bousarssar, Slim Lahrzi, Ghazi Mhiri, Sarsar, Ben Abdallah, Kaâbar, Raissi et autre Chenoufi. Il faut comprendre qu'outre le talent de ces formidables compétiteurs, il y a aussi l'intelligence, la cohésion et l'état d'esprit qui comptent». «J'ai débuté comme footballeur au CO Médenine en 1970» «Bien entendu, les techniciens étaient de tout premier ordre avec le Russe Turin et le Polonais Hubert Wagner. Ils ont façonné les groupes sous la main et concouru à booster le volley-ball tunisien. Rien d'étonnant vu que les deux ont été sacrés champions du monde. Maintenant, pour rester dans le registre des techniciens, j'ai personnellement été marqué par Hassine Belkhodja. Un ponte, un meneur d'hommes et un visionnaire. Pas de demi-mesure avec cet homme. Autoritaire mais proche des joueurs et doté de convictions telles que la discipline. Il m'a pris sous son aile et j'ai fini second meilleur attaquant du Mondial de 1991. Pour revenir au présent, l'actuel manitou de la sélection, Fethi Mkaouer, semble avoir fait son temps. Il doit passer la main. Volet historique personnel, je dois beaucoup à Cheikh Bouraoui qui m'a tout appris chez les jeunes à Carthage puis à la Saydia de Sidi Bou Saïd. Sauf que je me suis accordé un intermède pour passer mon bac. En 1979, j'ai repris et je suis passé au CSS en contrepartie de 2000 DT et quelques équipements sportifs. Par la suite, j'ai connu de bons moments au CA, et lors d'un stage en République Tchèque, Galatasaray m'a convaincu d'opter pour eux. J'ai été sacré champion, la première année en Turquie. J'ai dû même prendre 2 ans de mise en disponibilité de Tunisair où je travaillais. Il faut comprendre que je n'ai jamais arrêté de jouer au volley. Même à 40 ans, en 2000, j'ai de nouveau opté pour le CSS. Sinon, volet meilleur souvenir, je me rappelle le tandem avec Rachid Bousarssar. Notre fameuse attaque décollée en 1987 a même fait des émules actuellement. J'ai gardé l'espoir qu'un joueur tel que Ben Slimane prendra le flambeau...Je me remémore aussi le titre de champion d'Afrique en 1991 avec le CSS face à Ezzamalek. Aussi, la finale de la Coupe de Tunisie avec le CA face au COK. Et, bien entendu, la CAN 87 lors de laquelle nous avons surclassé les Pharaons égyptiens. Pour revenir aux origines, la Chebba, là où tout à commencé et débuté pour moi, est un endroit magique avec ses oliveraies, sa mer et ses sites paradisiaques. Ce vivier a donné naissance à un tas de champions tels que Moncef Belaiba, Sadok Kouka, Mkacher, Slim Hédoui... Quant à la Saydia, ma maison, mon bastion, je lui dois tant. Enfin, volet purement personnel, sachez que j'ai débuté la pratique du sport dans le monde du football. Il faut savoir que j'ai signé une licence avec le CO Médenine en 1970. Le destin en a décidé autrement et j'ai basculé dans le volley-ball par la suite».