Trois fois sélectionneur du team national, trois fois directeur technique national, tout acquis au choix de Maâloul, Ameur Hizem prévient celui-ci contre l'envie de tout reprendre et de vouloir commencer à partir de zéro «J'ai connu Nabil Maâloul alors que j'étais directeur technique national. Dire qu'il n'a pas réussi lors de son premier passage en sélection me paraÎt tout à fait incongru dans les circonstances actuelles. Bien d'autres techniciens s'étaient rattrapés lors de leur deuxième passage par un club. Et puis, que demander de plus ? Nous sommes devant un ancien grand joueur. Il a assisté Roger Lemerre dans la période la plus importante de l'histoire récente du onze national, soit lors de la victoire en coupe d'Afrique des nations 2004. Il a remporté la Ligue des champions à la tête de l'Espérance Sportive de Tunis, ajoutant la coupe et le championnat de Tunisie à son palmarès de la même année, en 2011. Il possède l'expérience de joueur et d'entraîneur du plus haut niveau. Entraîneur, aussi bien au Qatar qu'au Koweït, il a honoré le football tunisien. Pour toutes ces raisons, je suis favorable à son choix. Tant que la décision s'avérait tôt ou tard inévitable, je crois que l'éviction d'Henry Kasperczak aurait pu intervenir juste après la coupe d'Afrique des nations. Cela aurait fait gagner à la sélection et à son nouveau responsable technique un temps précieux. Mais au fond, il faut rendre à César ce qui lui appartient. Le Franco-Polonais a su créer des ondes positives autour de la sélection qui s'est réconciliée avec son public. Les gens ont réappris à aimer leur team représentatif après une période de désaffection et de dépit. Les deux tests amicaux contre le Cameroun et le Maroc auraient pu être conduits par le nouveau sélectionneur qui aurait ainsi bénéficié de l'opportunité de connaître de près son groupe et d'entrer de suite dans le vif du sujet. Cela lui aurait permis d'éviter de tâtonner pour son baptême du feu de la mi-juin prochain qui correspond à un match officiel déjà décisif, contre l'Egypte aux éliminatoires de la CAN 2019. «Une mentalité rétrograde» «Ce que je peux conseiller à Maâloul, c'est de travailler en toute confiance sans se laisser influencer par la critique gratuite et malveillante. Il ne faut pas en revanche négliger la critique constructive qui peut l'aider à avancer. Il n'aura pas le temps de construire une nouvelle équipe ou de procéder à un travail de base. D'ailleurs, il hérite d'un groupe respectable auquel manque uniquement un peu plus de confiance en ses moyens. Maâloul ne doit pas tout chambouler, mais plutôt conserver cette ossature. Intelligent, il est capable de provoquer le choc psychologique. Car l'équipe ne souffre pas de grosses limites techniques, mais plutôt d'un problème mental. Ce serait catastrophique s'il chambarde l'équipe, car je connais beaucoup qui sont habités par cette tentation. Le grand examen coïncidera avec la double confrontation face à la République Démocratique du Congo. C'est un cap difficile, assurément. Actuellement, les sportifs tunisiens privilégient la coupe du monde par rapport à la coupe d'Afrique des nations. Pour avoir manqué longtemps le rendez-vous mondialiste, nos Aigles doivent à tout prix réussir leur copie menant à la Russie. Je voudrais enfin rappeler que tout en préférant un entraîneur tunisien par rapport à un étranger à la tête de la barre technique de la sélection, je ne peux que regretter une mentalité rétrograde qui fait que le technicien du pays ne bénéficie pas des mêmes facilités accordées à l'étranger. Celui-ci a souvent carte blanche, et on lui concède tout au motif qu'il sait transcender les questions d'appartenance à un club ou de régionalisme. Mais l'entraîneur tunisien doit avoir droit aux mêmes protections et au préjugé favorable. Plaçons-le sur un pied d'égalité».