Eu égard au caractère généralisé du phénomène de l'érosion marine et aux fonds colossaux devant être alloués pour couvrir tous nos littoraux affectés, l'on a songé à réaliser prochainement des programmes de lutte ciblant les linéaires littoraux prioritaires s'étendant sur une distance globale de 27 km et dont certains concernent les îles Kerkennah en raison de leur spécificité écologique. Nous allons ici passer en revue et nous attarder sur les divers sites touchés par ce vaste programme de protection de nos littoraux. Un programme qui va réconcilier les nombreux vacanciers, autochtones et étrangers confondus, avec leurs plages préférées, dénaturées par l'érosion marine, ayant gâché leurs baignades coutumières accompagnées du plaisir de se bronzer sur de vastes étendues de sable soyeux et doré... La part du lion, à juste raison Commençons par les îles Kerkennah ayant la part du lion en matière de protection avec une distance côtière de pas moins de dix kilomètres et demi sur une distance globale à protéger, dans le cadre du projet, de 27 km. Ceci à juste titre, s'agissant d'un archipel. Disons tout de suite à cet égard que les études montrent que plusieurs zones de l'archipel de Kerkennah subissent de fortes érosions mécaniques et chimiques et de sérieuses menaces par la submersion marine. Les causes sont identiques au reste des zones côtières qui se caractérisent par un relief assez faible. De surcroît, la texture sédimentaire, riche en sédiments fins, carbonatés et biogéniques, rend les côtes de l'archipel très vulnérables à l'action tributaire des facteurs hydrodynamiques. Cela dit, en quoi consisté les travaux y afférents et quelles sont les composantes du projet ? Celles-ci consistent essentiellement en la mise en place de cavaliers en enrochements avec aménagement de rampes, propres à aider les pêcheurs à entretenir leurs barques, et aussi des escaliers pour faciliter au public l'accès à la plage, l'installation d'une digue imperméable pour contrecarrer la submersion marine au niveau des zones d'El Attaya et d'El Kraten, et l'aménagement de buses d'évacuation des eaux pluviales au niveau des zones les plus menacées par les inondations. Les travaux ayant démarré en 2015 dureront de 15 à 20 mois selon les zones. Le coût s'élèverait à environ 11,6 millions de dinars. Le financement est intégralement allemand, à titre de don. Soliman : un paysage dénaturé ! En termes de distance côtière protégée, vient au second rang la plage de Soliman avec un linéaire de cinq kilomètres à réaliser. Les études ont permis d'établir que le littoral de Soliman subit une érosion particulièrement forte, marquée par le retrait considérable du trait de côte. D'où, une dénaturation du paysage et un déséquilibre environnemental matérialisé par un changement des caractéristiques hydrodynamiques du site. Cela sans compter les revers néfastes du prélèvement de sable et les constructions anarchiques sur le cordon dunaire. Dans le cadre d'une approche participative, les différentes parties prenantes, y compris les représentants de la société civile, ont eu à examiner les diverses variantes propres à protéger le littoral de Soliman contre l'érosion marine. Ainsi, parmi les interventions techniques prioritaires, l'on a fini par retenir la formule de protection à travers des épis plongeants, des cavaliers en enrochement, le rechargement de la plage avec du sable ainsi que la réhabilitation des dunes par des « ganivelles ». Le coût des opérations n'est pas encore déterminé. Il sera supporté à concurrence de 75% par la partie allemande et à titre de don et de 25% par le budget de l'Etat. La date de démarrage des travaux est programmée, si tout va bien, pour le second trimestre de l'année en cours. Ces travaux dureront 15 mois. Rafraf : ce n'est que partie remise En ce qui concerne le littoral de Rafraf, ce grand pôle d'attraction du tourisme intérieur, le programme en cours d'exécution depuis le mois de novembre 2016, touche un linéaire côtier de deux kilomètres. Il consiste, d'une part, à recharger la plage sur ladite distance et sur une largeur allant de 30 à 55 mètres, avec l'apport d'environ 500.000 m3 de sable. Et,d'autre part, à construire un épi plongeant de 370 mètres de long avec son balisage. Les travaux seront achevés d'ici la fin de l'année en cours. Autrement dit, les férus de Rafraf ayant, semble-t-il, fin, ces derniers étés, la mort dans l'âme, doivent attendre encore l'été d'après pour renouer avec l'eau limpide et le sable doré de la cité du Pilaou... L'enveloppe budgétaire allouée au littoral de Rafraf serait de l'ordre de 18 millions de dinars prise en charge à parts inégales par l'Etat Allemand (70% à titre de don) et le budget de l'Etat, à concurrence de 30%. Ah, ces sacro-saintes dunes! Enfin, les travaux de protection et de réhabilitation des dunes toucheront les plages «Bejiya» à Tabarka, «Mnaïrat» à Mahdia, «Sonia» à Zarzis, «Corniche Hammamet» à Hammamet et «Dimes» à Monastir. Ils coûteraient environ un million de dinars. Ce programme sera financé par des fonds allemands (à titre de dons) à concurrence de 75% et par le budget de l'Etat, à concurrence de 25%. De nos amis germains, cela va de soi La direction générale des forêts, pour sa part, s'est toujours déployée sans compter pour soutenir l'Apal dans ses efforts inlassables de lutte contre l'avancée maritime et l'érosion marine depuis fort longtemps et bien avant l'apparition du phénomène relativement récent du réchauffement climatique et du débordement de la mer. Cela à travers une action soutenue d'arborisation au niveau des dunes et du domaine forestier longeant les divers littoraux du pays. Cela dit, l'on ne saurait clore sans saluer la détermination allemande à aider notre pays à se mettre à l'abri des risques qu'il encourt à cause du phénomène fâcheux de l'érosion de nos divers littoraux. Auxquels nos grands amis germains ont toujours voué une estime particulière et éprouvé un attachement et une nostalgie à la fois irrésistibles et inexpugnables.