84% des banques affirment que la défaillance des systèmes d'information sur l'entreprise sollicitant un crédit serait la principale raison de leur recours excessif aux garanties. Selon une analyse de l'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) sur les modes de financement de l'enquête compétitivité, les principales difficultés recensées en matière de financement bancaire sont liées au taux d'intérêt et aux garanties exigées et à un degré moindre aux délais de déblocage, qui se sont améliorés selon les enquêtes réalisées par l'Itceq en 2013, 2015 et 2016. D'ailleurs, une enquête réalisée en 2015 a montré une convergence des réponses des banques et celles des entreprises. Elles affirment, en effet, le maintien des mêmes contraintes, avec une amélioration des délais de déblocage pour 44% d'entre elles, en raison de l'utilisation d'un système de gestion électronique des dossiers et aussi une certaine décentralisation des décisions d'octroi des crédits aux entreprises. D'après l'enquête, la marge de manœuvre accordée aux chefs d'agence est passée de 12% en 2013 à 31% en 2015. Ce constat est confirmé par les chefs d'entreprise, dans la mesure où 56% d'entre eux jugent que les délais, qui sont en moyenne de 3.94 mois, sont acceptables. Défaillances Concernant le recours aux garanties, l'analyse de l'Itceq indique que plusieurs facteurs l'expliquent et qui sont relatifs à la disponibilité et à l'accès à l'information, à des facteurs institutionnels, ou à des facteurs intrinsèques à la banque. Des difficultés qui peuvent être dépassées par la mise en place d'autres mécanismes capables d'améliorer la qualité de l'information sur les emprunteurs potentiels. On précise que 84% des banques affirment que la défaillance des systèmes d'information sur l'entreprise sollicitant un crédit serait la principale raison de leur recours excessif aux garanties. En outre, 22% des banques déclarent que l'information disponible dans la Centrale des risques, principal fournisseur de l'information financière, est contestée. Elles indiquent qu'il serait pertinent de mettre en place un registre d'hypothèque centralisé à l' instar d'autres pays, à hauteur de 78%. D'ailleurs, le classement de la Tunisie dans le Doing Business 2017 confirme cette difficulté, étant à la 101e place parmi 190 pays. Un classement expliqué, selon l'Itceq, également par le fait que la Tunisie ne dispose pas de bureaux de crédit privés dont la mission est de mettre à la disposition des utilisateurs non seulement des informations complètes, mais aussi un système de cotation des risques sur les PME. Ainsi, 83% des banques interrogées trouvent que l'inexistence de bureaux de crédit privés constitue un obstacle à l'octroi de crédit. Avec le lancement du premier bureau effectué en octobre 2016 et son entrée en activité prévue fin 2017, on s'attend à un assouplissement de la contrainte liée au financement bancaire. L'autre solution consiste en la révision du mode d'intervention des mécanismes de garantie. 67% des banques pensent qu'en cas de faillite d'une entreprise, le cadre institutionnel en vigueur n'est pas en mesure de protéger les droits de la banque. A ce niveau, on constate que le mode d'intervention des mécanismes de garantie est critiqué par une banque sur trois et que l'efficacité de la Société tunisienne de garantie (Sotugar) est contestée par 58% des banques interrogées. Fragmentation La restructuration du secteur bancaire figure aussi parmi les actions à entreprendre. La fragmentation du secteur bancaire est une problématique essentielle pour 95% des banques interrogées. Ajoutons à cela que 16% d'entre elles trouvent que le recours excessif aux garanties peut être aussi expliqué par le manque de compétences dans l'évaluation des risques et 5% l'expliquent par la sous-capitalisation de leur banque. Concernant le marché boursier, 37% des banques affirment qu'elles sont informées de ses avantages. L'enquête révèle que parmi les entreprises informées, 24% ont déclaré y avoir recouru essentiellement pour faire une augmentation de capital, à hauteur de 41% ou pour chercher un avantage fiscal, soit 37%, ou encore pour émettre un emprunt obligataire (24%). Celles qui n'y ont pas recouru l'expliquent par leur non-éligibilité. D'un autre côté, l'analyse de l'Itceq indique que le capital investissement reste un mécanisme qui ne connaît pas une évolution importante en Tunisie, malgré son importance pour les start-up innovantes. Le rapport du forum économique mondial de Davos a démontré un recul du classement de la Tunisie en matière de disponibilité du capital risque, soit de la 35e place en 2011 à la 111e en 2016. Ce recul s'explique, selon l'analyse, par un cadre réglementaire jugé peu adapté par les entreprises, et un mécanisme de sortie des Sicar estimé difficile. 8% seulement des chefs d'entreprise disent avoir recours aux Sicar pour le financement des projets. Du côté des investisseurs en capital, ils estiment que le secteur privé a une compréhension limitée de leur métier (59%). Certaines formes de couverture des risques ne sont pas assez connues comme le capital amorçage et le capital transmission. D'ailleurs, ils trouvent que le changement de législation constitue une principale entrave à la performance de l'intervention des Sicar.