Si l'on pousse la comparaison, l'on dira que les deux meneurs de la Ligue 1 investissent pour gagner la C1, et le CA juste pour s'y qualifier ! C'est difficilement comparable ! Qu'il soit animé de beaucoup de bonne volonté ou qu'il parvienne à se transcender dans les grandes occasions, le CA n'en reste pas moins fragile, affichant des limites qui sautent aux yeux. Vainqueur de la Coupe de Tunisie, et en course pour le «grand huit» continental (les 1⁄4 de finale), le CA revient de loin, sachant qu'il a auparavant dû déchanter en championnat. En clair, l'équipe clubiste a clairement affiché ses «lignes de démarcation» lors des grands formats de la saison face au tandem de tête. Aujourd'hui, le CA est perfectible certes, mais s'il veut rêver plus grand, il doit s'en donner les moyens. Pour le moment, le CA est «stationné» au terminal des médaillés de bronze, ceux qui ne peuvent aspirer à disputer la lucrative Ligue des champions. Au pied du podium ou sur la 3e marche de celui-ci, c'est du pareil au même. La bipolarisation de notre sport-roi est telle que l'EST et l'ESS semblent intouchables. Et il va falloir donc se renforcer pour, du moins à terme, enclencher une course à trois, voire à quatre. Les limites du CA, nous les pointons du doigt à chaque sortie clubiste. Et le staff technique, aussi volontaire soit-il, peine à briser ce plafond de verre, cette dure réalité mise en exergue à chaque rencontre, même face à du menu fretin. Récemment, contre le FUS Rabat, les Clubistes sont tombés sur un os, incapables de mater les Chérifiens durant le temps réglementaire. Et aux supporters de vivre des sueurs froides, comme d'habitude, avant la délivrance signée Imed Meniaoui, l'homme providentiel, le sauveur. C'est quasiment dans les gènes clubistes, dans les livres d'histoire d'un club quasi centenaire. Toujours très ambitieux, le CA n'entend jamais jouer «petit bras», sauf que, soit il tombe de haut, soit c'est poussif, à la limite laborieux. D'ailleurs, pour rappel, même en Ligue 1, face aux gros bras, les statistiques montrent bien que les joueurs clubistes peinent dès qu'ils affrontent une escouade mieux classée ! Et aux puristes d'affirmer qu'à force de ne pas réussir à bousculer des adversaires mieux classés, le CA laisse transparaître son réel niveau ! Le 3e rang affiché caractérise-t-il à ce point les forces clubistes en présence ? Oui, sans aucun doute. Même avec un concours de circonstances favorables et même avec moins d'erreurs arbitrales. Cela nous ramène tout droit au mercato estival du CA. Le plafond de verre ! Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes. Sans un recrutement digne de ce nom, le CA ne parviendra pas à accrocher une place en Ligue des champions, glissent les plus avisés parmi les inconditionnels. En clair, l'arrivée d'une pointure doit en déclencher d'autres. Ça doit déteindre sur le projet clubiste global. Et pour l'exécutif, cela doit envoyer un signe extérieur de bonnes intentions. A titre d'exemple, en ouverture du mercato, la venue de Kinglsey Sokari donnerait une tout autre impulsion à l'équipe. Constatant son incapacité à aller plus loin en Ligue 1, le CA sait que ses espoirs passent par un mercato de premier plan. Ce faisant, «un club qui veut jouer les premiers rôles ne recrute pas uniquement des joueurs, mais aussi des hommes», explique Samir Sellimi pour donner de la profondeur à sa réflexion sur l'arrivée de renforts extérieurs. Si antérieurement, Ali Abdi et à un degré moindre Darragi et Belkhiter font partie des joueurs de la trempe recherchée, l'idée à terme serait de non seulement doubler les postes, tout en trouvant des éléments qui manquent au jeu du CA. Des titulaires en puissance quoi ! Et en privilégiant la qualité à la quantité, les décideurs montreront également qu'ils n'ont pas envie d'empiler les joueurs. Car le souhait est aussi de garder un effectif à taille humaine. Il faut comprendre que l'objectif est de créer une émulation plus importante au sein du groupe. Oui, le CA a semblé la plupart du temps fragilisé par le manque de solutions de rechange de haut niveau. Certes, le coach a tenté de trouver toutes les formules possibles pour tirer son équipe vers le haut. Mais la marche semble encore trop haute pour titiller réellement les formations placées devant le CA. Contraint de faire le gros dos avant de présenter un visage plus conforme à ses ambitions affichées, le CA voudrait bien montrer qu'il peut de nouveau jouer dans la cour des grands. Et à défaut de rêver plus grand en ce moment, des résultats positifs à volonté montreraient que l'équipe possède encore une marge de progression. Actuellement, si l'Espérance et l'Etoile sont les deux équipes à battre, avec une équipe solide, le CA peut être le principal chasseur, le vrai challenger. Un challenger régulier, mais un champion plus qu'occasionnel ! Les supporters, quant à eux, s'impatientent, mais ont de bonnes raisons d'espérer: «Et qu'on ne vienne pas nous dire que le CA peut devenir un rival, mais ça prendra du temps», lancent les fans en chœur. C'est légitime comme attente. Mais il faut tout de même admettre que sur un exercice, le CA peut concurrencer le tandem ESS-EST, si le recrutement a été bon. Dans la durée, il faudra attendre que le travail d'investissement de ces trois, quatre, prochaines années porte ses fruits. Pourquoi, tout simplement parce que le CA a du retard. Ses concurrents ont bâti une stratégie qui les a menés au sommet. Et le CA a tout ce travail à faire. Au final, si l'on pousse la comparaison, l'on dira que les deux meneurs de la Ligue 1 investissent pour gagner la C1, et le CA juste pour s'y qualifier ! C'est difficilement comparable !