«C'est loin d'être une saison référence, mais il y a tout de même un bilan à dresser. Sur ce, des talents se sont révélés, des tauliers ont confirmé, des entraîneurs ont connu des fortunes diverses, des arbitres ont été mis sous pression de manière permanente et des dirigeants n'ont pas manqué d'en rajouter une couche et crier au complot. Cela, sans oublier l'hystérie collective sur les travées de nos stades. Bref, y a pas de quoi être globalement fier, quoiqu'il faut positiver et tenter d'apporter quelques éléments de réponse à tout ce désordre ambiant qui règne autour de notre sport roi. A tout seigneur tout honneur. Le jeu du champion «sang et or» m'a séduit. L'intensité de leurs rencontres. La profondeur du banc. Le caractère de l'équipe. La culture de la gagne. La cohérence des choix tactiques. C'est un club paisible avec des joueurs qui cohabitent sainement et sereinement. Et pourtant, il y a beaucoup de concurrence au Parc B. Mais, cette concurrence a été source de saine émulation de groupe. Le mode de management de l'EST aidant, chacun trouve une place et chacun est à sa place. C'est aussi un club préservé et discret. On entend rarement parler de saute d'humeur, de tension dans le vestiaire et de rivalité exacerbée. L'Espérance, c'est le côté jardin de notre Ligue 1. Car le côté cour est tout autre. Bref, l'EST, c'est l'arbre qui cache la forêt. Toujours volet hautes sphères, l'Etoile a réalisé une bonne saison, même si elle a perdu le titre dans les derniers mètres. C'est un grand club qui a épousé l'air du temps et dont les mécanismes de gestion sont bien huilés et parfaitement adaptés à ce qui est exigé. Sauf que c'est un club qui doit tempérer tantôt et se remettre en question quand ça ne va pas dans le sens voulu. L'ESS est un club compétitif qui dispose d'un vivier de qualité, de joueurs-cadres de haut niveau et d'un plateau technique toujours au diapason. Je pense que l'Etoile ira loin en Ligue des champions, pour peu qu'elle sache toujours prôner la cohésion et l'alchimie de groupe. Le tandem CA-CSS n'est pas logé à la même enseigne. Le CA a besoin de solidarité, d'amont en aval. Du haut de la hiérarchie à la base. C'est un club sanguin doté d'un gros tempérament. Sauf qu'il doit aussi s'adapter aux exigences du haut niveau. Le haut niveau ne signifie pas seulement mettre sur pied un onze brillant. C'est aussi prôner la stabilité du groupe. Ne pas se laisser aller à une grande lessive à chaque intersaison. Garder la confiance et s'assurer qu'il n'y a pas de dysfonctionnements dans les rouages du club. Les supporters doivent avoir confiance en leurs dirigeants et vice-versa. Les débordements entrevus tantôt sabordent le club à terme, même si on peut comprendre certaines revendications. Globalement, dans notre football, les comportements et les mentalités doivent évoluer. Vous savez, c'est très attristant de s'en remettre au huis clos. Car, il n'y a rien de plus beau qu'un stade animé. Or, nous avons assisté à un rétropédalage en règle cette saison, à ce niveau. Pour revenir aux clubs, pour le CSS par exemple, je pense que le fait d'être interdit de recrutement a pesé lourd dans la balance et dans le décompte final. L'exécutif doit aussi donner l'exemple de la droiture et faire contre mauvaise fortune bon cœur. Le blé qui lève au CSS est un millésime. L'avenir appartient au CSS, c'est le club doté des meilleures pousses du pays. J'ai vu évoluer ce onze avec plus de 7 jeunes joueurs face à ses concurrents. C'est formidable, même si cela ne permet, pas, tout de suite, de gagner le titre. Le CSS investit dans l'avenir mais il doit aussi tenter de garder ses meilleurs joueurs et ne pas les céder à chaque intersaison. Voilà pour le top 4. Quand aux outsiders, je pense que l'ESM et l'USBG sont, bien entendu, les révélations de la saison pour avoir atteint le play-off. Ils ont bousculé la hiérarchie et «chipé» le statut de «prétendant traditionnel» à des clubs tel le CAB par exemple. Ce dernier dispose d'une ossature de qualité. Et je ne suis point étonné puisque les «Requins du Nord» ont de tout temps été des pourvoyeurs de talents. Sauf qu'avec les départs de Prince Ibara, Darragi, Youssufa Mbengue, Hamza Mathlouthi, Fakhri Jaziri et Slimane Kchok, c'est difficile de maintenir le cap. Volet valeurs sûres, le SG et l'ASG ont tenu leur rang en dépit du fait d'avoir raté une place d'accessit vers le play-off. Quant à la JSK, elle s'est fait des frayeurs, comme d'habitude. Ce club doit forcément évoluer et ne plus rétropédaller. Bref, la JSK doit jouer le top 4 et viser plus haut à l'avenir. Idem pour l'ASM qui paie le prix d'un mercato qui n'a pas été mis à profit. Il va falloir maintenant puiser dans ses tripes pour battre une belle équipe du COM lors du match barrage. Enfin, j'ai de la peine pour le CSHL qui dispose de jeunes prometteurs, quasiment tous issus du cru ». «Pour clore, je dirais que j'ai du mal avec les équipes qui nous rabâchent tous les ans, qu'il est difficile de jouer tous les trois jours ou sur tous les tableaux. C'est le jeu qui doit nous guider, pas les à-côtés. Quand un dirigeant se plaint de l'arbitrage ou du calendrier, ce sont de fausses excuses qui masquent l'absence d'analyses tactiques, techniques et organisationnelles. J'aime les gens qui acceptent leur sort et la fatalité du football, même si parfois, c'est dur. Volet joueurs du style MVP de la saison, je citerais, tout d'abord, Taha Yassine Khenissi, Yassine Meriah, Bangoura et Chenihi». - «Le meilleur buteur du championnat fait l'unanimité. Buteur de l'EST, il a démontré toute sa palette de jeu. Il a été bluffant. Il a su monter en régime pour s'imposer même en sélection. Il a éclaboussé le championnat de son talent. Et, personne ne connaît ses limites». - «La tour de contrôle du CSS, Mehdi Meriah, a démontré tout au long de la saison qu'il était un métronome de la défense sfaxienne. Volet condensé de ses qualités, je dirais que c'est la force tranquille qui le guide. Il est solide, technique, véloce et endurant. Il dispose d'une bonne lecture de jeu et c'est suffisant pour en faire le N°1 du pays à son poste». - «Après le tandem précité ci-haut, je citerais Bangoura et Chenihi. Le premier est un exemple de don de soi et de générosité sur le terrain. C'est plus qu'un porteur d'eau, c'est un détonateur, une véritable rampe de lancement. Il est partout, au ratissage, au quadrillage, à la relance et à la récupération. Enfin, l'Algérien Brahim Chenihi s'illustre par son placement offensif intelligent. Que demander de plus à un buteur ? Il marque de toutes les positions et dispose d'une excellente technique et vision de jeu».