Pas de razzia, ni de style de jeu flamboyant et spectaculaire, le CA affiche un bilan contrasté et reste à quai ! Le staff technique a beau jouer aux apprentis sorciers, tablant sur un plan de jeu audacieux mais inadapté aux qualités de l'ensemble, il verra son équipe caler en raison d'un déficit énergétique chronique depuis quelque temps déjà. Outre un pari tactique loin d'être couronné de succès, le CA semble de nouveau incapable de percer le plafond de verre qui circonscrit ses ambitions locales. Un Onze d'avenir, une équipe en devenir, ce CA-là n'est pourtant pas qu'une pépinière riche en talents. Il n'y a pas que les Ghazi Ayadi, Khlil, Ouedhrfi, Zemzmi, Dkhilalli, Ghandri, Kchok & Co. Il y a aussi des tauliers qui ont soufflé le chaud et le froid, manquant de justesse et de convictions lors des grands formats de la saison. Certes, arrivé sur le tard, Chiheb Ellili n'a pas eu le temps de construire son effectif et de mettre en place ses idées. Mais l'exécutif clubiste n'a pourtant pas ménagé ses efforts pour «recruter intelligent», combler ses manques et renforcer le groupe. Aujourd'hui, le CA récolte ce qu'il a semé, point barre. Instabilité de l'ossature (grande lessive à chaque intersaison), incompréhension mutuelle entre la hiérarchie et les joueurs (le fameux épisode d'avant-départ vers l'île Maurice), ce CA-là a besoin de sourires complices, de solidarité et de sorties médiatiques qui «tracent le même sillon». Bref, toutes les composantes clubistes doivent tirer dans le même sens. Il faut que ça transpire dans le discours. Il faut que ça « déménage » sur le terrain ! Altruisme, respect des consignes et don de soi sont les maîtres mots pour passer le mur du son. Il suffit de regarder par le passé le rendement d'un certain Dkhilalli pour comprendre cette volonté de tout donner pour le groupe. Surtout quand il s'illustre dans le registre qui est le sien habituellement. Il enchaîne les courses pour combler les vides dans un bloc qui a ainsi parfaitement coulissé. C'est un symbole parmi tant d'autres dans un groupe où chacun doit connaître sa mission et fait tout pour la respecter. Le collectif encore et toujours. On a tendance à oublier que le football est un sport d'équipe. Car un collectif bien huilé permet aussi d'oublier les absences et pallier les carences. Des joueurs hardis, intrépides, dévoués et vaillants, ce sont eux les véritables cadres et pas seulement les virtuoses du ballon rond. Il manque au CA des « indispensables » de cet acabit, de cette trempe. Tant dans le choix des hommes qu'en termes de tactique, le football, ce n'est pas seulement des talents côte à côte. C'est l'aptitude à exploiter les qualités de chacun au mieux et à les mettre dans les meilleures dispositions. Mêmes causes, mêmes effets Cette saison, il y a deux CA. L'un qui somnole et l'autre qui caracole. L'un qui appuie sur le champignon et l'autre qui ronge son frein. Même dans le temps plus que dans l'espace, il propose régulièrement deux périodes de jeu diamétralement opposées. Il y a donc deux Club Africain à raconter. Celui de la force, exaltante, presque injouable. L'autre, et c'est la partie sombre de l'iceberg, c'est celui de la souffrance défensive affichée par l'arrière-garde sur les contres véloces adverses. Ce n'est certes pas un CA qui offre des boulevards à ses adversaires. Ni encore un club prenable. Mais c'est un onze qui affiche régulièrement des lacunes tangibles en défense; alors que dans le même temps, le potentiel offensif est parfois dévastateur, capable de renverser l'impossible. Cette vision a même été entérinée lors du passage de la phase préliminaire de la coupe de la CAF aux grands chocs du play-off. Le CA enfile les buts en ligue continentale. Puis, plie à la régulière face aux gros bras du championnat. D'ailleurs, le technicien clubiste était clair dans sa tête. Et c'est avec le même invariable schéma qu'il espérait voir son équipe répondre d'une façon positive aux futures échéances. Va pour la reconduction des mêmes joueurs. Mais avec quelques améliorations ! Or, comme noté face à l'ESS et l'EST, à l'aller comme au retour, le CA est entré sur le pré, avec la volonté de résoudre le match le plus rapidement possible. Il s'est exposé et s'est fait piéger. Par la suite, il doit courir derrière le score. Il doit donc amorcer une nouvelle remontée. Sauf que son jeu devient confus et hésitant; alors qu'il aurait dû éviter la précipitation, niveler son jeu pour retrouver de la fluidité. L'équipe s'accroche au « kick & rush », ce qui fait l'affaire de l'adversaire, bien campé sur ses positions et rassuré par l'avantage pris au score. Le scénario est quasiment le même, la sentence inévitable ! Un CA anxieux, à la limite sanguin. Voilà son trait de caractère principal face au tandem de meneurs de la Ligue 1. La sérénité, la cohésion et la confiance lui ont fait défaut face à ses concurrents. Voilà le fil d'un match que le CA a reproduit à quatre reprises cette saison. Au Club Africain de redevenir audible et à son jeu de redevenir lisible après coup. Dans ce tronçon final de la saison, l'ambition doit prendre le pas sur l'émotion. Tout est possible mais rien n'est moins sûr !