Quelques marchands ambulants n'ont pas attendu très longtemps pour trouver une autre alternative aux étals anarchiques qui sont désormais interdits. Ils ont opté pour le « mode mobile » et circulent dans des automobiles remplies de marchandises Ils n'abdiquent jamais, ils se sont éclipsés pour un jour ou deux d'observation, puis sont revenus très vite à la charge, dans certaines communes de la banlieue nord, occupant de nouveau les trottoirs comme si de rien n'était, défiant les campagnes anti-étal anarchiques menées par la police municipale sous la houlette de certains gouverneurs et présidents des délégations spéciales. Les arguments avancés par la majorité de ceux qui travaillent dans le circuit informel qui gangrène l'économie du pays, et qui refusent le relogement dans les nouveaux espaces aménagés, ne peuvent plus passer. Derrière les raisons de leur refus, se dissimule la démarche des barons du marché informel, donc de la contrebande, pour échapper à tout contrôle de l'Etat, renforcer l'économie clandestine et, pourquoi pas, pousser le gouvernement à trouver un deal dans la perspective d'une éventuelle structuration de l'informel. Peut-on parler encore de cas sociaux ? La plupart des personnes qui ont fait fortune grâce à leurs activités dans le secteur informel se sont toujours cachées derrière une situation sociale précaire au départ. L'un des hommes d'affaires véreux, qui s'est retrouvé dernièrement derrière les barreaux, en est l'exemple le plus frappant. C'est que le lien est très étroit entre les étals anarchiques exposant une panoplie de produits, dont l'origine est inconnue, et la contrebande. Après la révolution, les étals et kiosques anarchiques ont asphyxié l'économie du pays. La Troïka à l'époque a enfoncé encore plus le clou en accentuant ce phénomène par le biais d'autorisations offertes à certains faux cas sociaux. Mais peut-on encore parler de cas sociaux pour certains marchands ambulants exposant leurs produits dans des véhicules du type Toyota 4X4 flambant neufs, ou des vendeurs de friperie qui utilisent deux ou trois voitures et divers entrepôts pour le transport et le dépôt de leurs marchandises, ou de propriétaires de kiosques anarchiques qui dissimulent mal leur nouvelle situation sociale bien meilleure que celle d'un petit commerçant qui ne manque pas de payer ses impôts. Aucune révision n'a été faite au niveau de ces faux cas sociaux qui ont pu bénéficier de l'anarchie qui s'est répandue après la révolution et qui, à leur tour, ont tendance à vouloir perpétuer l'anarchie pour renflouer encore plus leurs caisses en observant des sit-in après chaque campagne contre les étals anarchiques et en brandissant la menace de l'immolation pour exercer une pression continue sur le gouvernement. La preuve, certains kiosques provisoires sont toujours là, au vu et au su des autorités qui remettent les décisions de démolition aux calendes grecques. Des propriétaires de kiosques provisoires n'hésitent plus à louer leurs locaux pour se consacrer à d'autres activités qui rapportent gros (vente de friperies, fruits, poissons sur les trottoirs). De l'étal anarchique fixe au « mode mobile » Suite à la dernière vaste campagne contre les étals anarchiques et devant la volonté d'en finir définitivement avec ce phénomène, certains vendeurs n'ont trouvé de solution que d'opter pour un « mode mobile » pour pouvoir changer très vite de lieu, usant de leur propre réseau d'informateurs en cas de rondes de la police municipale. Leurs produits sont exposés le plus souvent dans des véhicules du type 4X4 dans des points stratégiques, généralement dans les lieux à forte densité de population. Le bras de fer continue entre le gouvernement et les marchands à la sauvette et il ne faut pas crier victoire trop tôt. La guerre contre les étals anarchiques n'est qu'une infime partie de la guerre contre la corruption et la contrebande, mais d'aucuns pensent que d'autres mesures doivent être prises dans le cadre d'une action qui prendrait en compte les facteurs socioéconomiques qui ont contribué à la prolifération des marchands ambulants. L'application des lois interdisant les étals anarchiques n'est pas de nature à mettre un terme à ce phénomène, en raison des multiples moyens de la contourner d'une part, et la nécessité de garantir du travail aux personnes vivant dans la précarité, d'autre part. Le citoyen est lui aussi en infraction Toute solution nécessite le dialogue en premier lieu et une écoute bien attentive aux demandes, aux aspirations et attentes de ces marchands .Représentants de certains ministères et de toutes les parties interférant dans ce dossier doivent se pencher sur une réflexion réelle autour du problème du marché informel en général qui demeure prépondérant dans les pays en développement. Les marchands à la sauvette sont le maillon le plus faible de la chaîne de l'informel, ils travaillent à découvert mais c'est aux barons de la contrebande qu'il faut s'attaquer. Un mot à la fin, si les étals anarchiques sont interdits, pourquoi ne pas penser à pénaliser aussi les citoyens qui s'adressent aux marchands à la sauvette pour acheter un produit dont l'origine demeure inconnue. L'application de la loi doit toucher les deux parties, vendeur et acheteur sont tous les deux en infraction.