La politique migratoire veille à prendre en considération les besoins et les intérêts de la population des migrants en Tunisie et à l'étranger suivant les différents profils et consacre le principe fondamental des droits de l'homme sans distinction de genre, de sexe, de statut... La nouvelle configuration géopolitique, qui s'est dessinée dans le pourtour de la Méditerranée après les profonds bouleversements qui ont secoué toute la zone du Maghreb, a eu un impact direct sur les flux migratoires. Après la révolution, on a assisté à une intensification de ces flux alimentés par des migrants constitués pour la grande majorité de jeunes chômeurs qui ont fui les conflits et l'instabilité économique et sociale pour se donner une seconde chance et démarrer une nouvelle vie dans d'autres contrées. L'immigration massive de jeunes Tunisiens, le lendemain de la révolution, et l'afflux de Libyens vers les frontières tunisiennes ont placé la problématique de l'immigration au cœur des préoccupations du gouvernement qui a tenté de gérer tant bien mal, après la révolution, les flux de migrants qui ont fui les conflits dans leur région. En effet, l'adoption d'une politique nationale migratoire efficiente demeure étroitement liée à des enjeux et des considérations d'ordre politique, économique et social. L'installation des migrants en Tunisie a soulevé plusieurs points et problématiques relatifs aux spécificités de cette population qui se segmente en plusieurs profils (demandeurs d'asile), requérant des mesures adaptées à chacun. A titre d'exemple, bien qu'il soit garanti par l'article 26 de la nouvelle constitution de la seconde république, conformément aux conventions internationales ratifiées par la Tunisie et relatives au respect des droits humains et adossé à un cadre législatif, le droit d'asile n'a pourtant pas d'assises juridiques précises. C'est sur cette base que la Tunisie a commencé à esquisser la Stratégie nationale migratoire (SNM) qui fera l'objet de plusieurs révisions dictées par la conjoncture politique, économique et sociale et l'évolution des flux migratoires. Implication de la société civile Mise en place avec l'appui des partenaires nationaux, des représentants de la société civile en Tunisie et à l'étranger et des partenaires internationaux, la SNM est élaborée, en prenant en considération les défis économiques auxquels est confronté le gouvernement ainsi que les priorités qui ont été définies dans le cadre du plan quinquennal pour le développement économique et social et parmi lesquelles figure la question de la migration appelée à jouer un rôle important et à contribuer au processus économique. Mais c'est la dimension avant tout humaine et sociale qui domine dans cette stratégie qui obéit aux valeurs fondamentales de la constitution et qui place en conséquence les droits de l'homme en tête des priorités qui la président. Mûrement réfléchie, elle est le fruit d'une approche participative large qui a permis d'impliquer tous les partenaires concernés directement et indirectement dans la politique migratoire à l'instar des composantes de la société civile en Tunisie et à l'étranger dont la contribution précieuse a permis de déterminer avec précision les besoins des populations migratoires en Tunisie et à l'étranger suivant les différents profils. Aujourd'hui, cette stratégie, qui sert de cadre de référence pour la mise en place de mesures relatives à l'immigration, a permis de consacrer les valeurs de la tolérance et du respect des droits humains et de jeter les bases d'une politique de gouvernance efficace du phénomène migratoire qui prend en considération les besoins et les attentes des différents profils de migrants (immigrés, demandeurs d'asile et réfugiés...) en leur garantissant leur droit à la santé, à l'éducation... Les migrants, acteurs à part entière dans le processus de développement économique La SNM s'articule autour de neuf principes fondamentaux fondateurs, à savoir la bonne gouvernance en matière de politique migratoire, le respect des droits des migrants sans distinction de genre, d'âge, de religion, d'origine ou de statut, la lutte contre la traite des êtres humains, le respect des principes des conventions et des traités et des conventions internationales ratifiées par la Tunisie, le rejet de toute forme de racisme et de xénophobie ou sanction arbitraire discriminante et le maintien permanent d'un dialogue participatif et inclusif avec toutes les composantes de la société civile tunisienne et les associations de migrants tunisiens installés à l'étranger afin de les associer au processus de développement et de mettre au service de l'économie tunisienne les compétences acquises par les Tunisiens résidents à l'étranger dans les divers secteurs d'activité du pays d'accueil. Confrontée aujourd'hui à plusieurs défis, cette stratégie répond à de nombreux objectifs dont celui de préserver les intérêts des migrants tunisiens et leurs droits fondamentaux dans le cadre des accords diplomatiques, leur fournir les services et les prestations qu'ils nécessitent et qui incluent leur accès aux informations de base ainsi qu'à celui des cours en langue arabe, outre la facilitation des services administratifs demandés.... Au-delà de vouloir renforcer les liens avec leurs pays d'origine, il s'agit aujourd'hui d'impliquer les migrants dans le développement économique en en faisant des acteurs à part entière qui contribuent au processus de développement économique, et ce, en les tenant informés des opportunités d'investissement et en facilitant l'échange d'expertise, de compétence et de savoir-faire.