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Vers une vision stratégique 2018-2030
Interview — Dr Sonia Ben Cheikh, p.-d.g de l'Office national de la famille et de la population
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 08 - 2017

L'Office prépare son plan d'action à l'horizon 2030 ; un projet à la fois ambitieux et réfléchi, dont le coup d'envoi est prévu pour 2018 et qui permettra aux prestations de l'Office d'épouser le rythme d'une transition dynamique, à la fois épidémiologique et démographique.
Comment évaluez-vous le parcours du planning familial et quels sont, à votre avis, les objectifs et les défis qui n'ont pas été atteints jusqu'à nos jours ?
Tout d'abord, il faut rappeler que le planning familial est un joyau dont tout Tunisien et toute Tunisienne doivent être fiers. Le programme du planning familial a été lancé en 1966. L'Office national de la famille et de la population (Onfp), quant à lui, a été fondé en 1973. Durant cet intervalle de temps, c'est-à-dire de 1966 à 1973, l'intérêt était plutôt focalisé sur l'évaluation d'une expérience nouvelle et audacieuse, à laquelle personne ne croyait vraiment, à l'exception des instances nationales de la post-indépendance. Tout le monde jugeait plus performant d'opter pour d'autres réformes touchant d'autres secteurs d'intervention. Sauf que les résultats du parcours mené en matière de planification familiale ont fini par donner raison à la vision de Bourguiba.
En 1966, on a donc entamé la construction d'un système sanitaire pyramidal appelé planning familial, en misant sur la première ligne de soins. A cette époque, les indicateurs relatifs à la santé de la population étaient le moins qu'on puisse dire alarmants : le taux de fécondité était de 7%. Actuellement, il est de 2,1%. Le taux de mortalité maternelle était de 700 pour 100 mille naissances vivantes. Il a chuté graduellement pour se situer, selon les chiffres récents relatifs à 2008, à seulement 44,8 pour 100 mille naissances vivantes. Je dois avouer que ce taux ne nous satisfait guère dans la mesure où il stagne depuis 2008 faute d'actualisation des registres de santé.
Or, le secteur de la santé exige une actualisation régulière des données et des indicateurs-clefs, lesquels constituent le fondement de toute stratégie. Il convient, par conséquent, de s'appliquer à l'actualisation des registres de santé afin de pouvoir revoir la stratégie sanitaire. Le parcours du planning familial est aussi marqué par l'évolution importante de la couverture contraceptive. Le recours aux moyens contraceptifs était considéré, jadis, comme un sujet tabou. Il ne concernait, en fait, que 9% de la population. Actuellement, la prévalence contraceptive est de l'ordre de 62,5%. Notre objectif est de hisser ce taux pour atteindre les 75%.
Le parcours du planning familial a connu, en 1994, suite notamment à la Déclaration du Caire, un grand tournant, avec l'introduction d'une nouvelle vision de la santé familiale : la santé sexuelle et reproductive. Certes, la SS/SR a toujours été intégrée dans les programmes de la planification familiale. Néanmoins, son importance et son impact sur la santé et le bien-être de la famille lui valent d'être pris en considération comme étant un programme à part entière. Jusqu'à nos jours, nous sommes pratiquement les seuls dans la région à avoir accordé à la santé sexuelle et reproductive cet intérêt spécifique. Cela dit, pour ce qui est des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), nous n'avons toujours pas réussi à atteindre ceux relatifs à la mortalité maternelle et infantile ; le premier étant de limiter la mortalité maternelle à 33 pour 100 mille naissances ; le deuxième, de réduire celle infantile à 25 pour 100 mille naissances vivantes. Ce qui nous pousse à multiplier les efforts pour relever ces défis tout comme pour atteindre les nouveaux objectifs onusiens, à savoir les Objectifs du développement durable (ODD). Ces derniers s'avèrent être nettement plus souples tout en promettant un impact durable, vu qu'ils ne nous contraignent point, ni par les chiffres ni dans le temps.
Quelles sont les nouvelles orientations du planning familial ?
J'ai été nommée à la tête de l'Office en mars 2017. Depuis, nous nous activons à élaborer une vision stratégique à l'horizon 2030. Actuellement, nous sommes en pleine phase d'évaluation du parcours réalisé jusqu'à présent. Nous examinons avec minutie ses points de force et ceux de faiblesse afin de pouvoir rédiger un document-clef, lequel sera référentiel pour ladite stratégie. Le document sera, d'ailleurs, finalisé en novembre, ce qui nous permettra de démarrer la nouvelle stratégie à partir de 2018. Il est indispensable, pour le planning familial, de s'inscrire dans une vision nouvelle, en œuvrant en étroite collaboration aussi bien avec le ministère de tutelle qu'avec nos bailleurs de fonds.
Cette approche participative nous ouvrira la voie pour relever les défis fixés, dont les objectifs du développement durable. Encore faut-il préciser que, pour ce qui est de la nouvelle vision stratégique du planning, nous avons choisi une vision à moyen terme, pour avoir les pieds sur terre et pour être sûrs, surtout, de disposer des moyens nécessaires à sa réalisation. Pour ce, nous avons constitué un noyau dur au sein de l'Office, une équipe de jeunes compétences qui militeront pour relever les défis futurs.
Les nouvelles orientations de l'Office impliqueront le renforcement de ses acquis, surtout qu'il est pionnier dans ce domaine et qu'il en détient, incontestablement, la ligne de conduite. Aussi, les Espaces amis des jeunes (EAJ) représentent un mécanisme performant à consolider. Ces espaces, qui sont au nombre de 22, implantés dans les centres annexes de l'Office, font l'objet d'un travail d'évaluation, lequel sera finalisé le 20 septembre.
Les équipes de l'Onfp ont toujours su diversifier les services destinés à la femme en phase de procréation. Toutefois, d'autres tranches d'âge auraient dû bénéficier du même intérêt qui faisait défaut à nos prestations, notamment les femmes avant et après l'âge de procréation ; un leurre auquel nous avons commencé à remédier via l'organisation, récemment, d'une conférence-débat intitulée : Ménopausée et épanouie.
Les EAJ doivent, d'ailleurs, absorber les tranches d'âge, séduire les jeunes par des débats à thèmes et s'adapter, ainsi, à la double transition épidémiologique et démographique. C'est pourquoi nous tablerons sur l'adaptation de nos programmes à une réalité dynamique, celle de l'évolution que suit la population tunisienne. Ce qui est encore intéressant à souligner c'est que chaque EAJ s'adapte aux besoins, aux préoccupations et aux problèmes spécifiques à chaque région. Aussi, des séances à thèmes sont organisées, régulièrement, pour débattre et sensibiliser sur des problèmes de société ou de communauté. A Mahdia comme à Monastir, une expérience a été menée pour lutter contre la tabacologie.
A Bizerte, et vu la proximité de l'EAJ du milieu carcéral, maintes activités son organisées au sein de la prison. A Kairouan, c'est le thème du suicide qui intrigue le plus, vu le plus grand taux de suicides enregistré dans cette région. Nos psychologues veillent à la sensibilisation et à la prévention contre ce comportement à risque. Encore faut-il ajouter que certains EAJ sont méconnus ce qui nous amène à développer davantage notre stratégie de communication.
L'EAJ du Bardo vient d'intégrer des consultations en nutrition afin d'orienter la population cible vers les comportements alimentaires sains. C'est aussi une porte ouverte pour nous, nous permettant d'être plus à l'écoute des jeunes et des moins jeunes souffrant de problèmes d'origine psychologique, ayant trait au bien-être et à l'estime de soi. L'important, à mon sens, c'est d'asseoir les jalons d'une approche de bien-être aussi bien physique que psychologique et mentale.
Autre axe d'intervention tout aussi important : la lutte contre la toxicomanie. Militer pour cette cause ne doit aucunement rimer avec une approche punitive, mais plutôt avec une approche préventive. L'addiction en elle-même est une preuve tangible sur l'échec de la politique de prévention contre la toxicomanie. Ainsi, la prévention relève des axes de première ligne, et donc, de notre mission. Pour passer le message et réussir à convaincre notre public, nous collaborons de plus en plus en partenariat avec les sociétés savantes, les ONG, dans le cadre notamment de programmes conjoints. Travailler en aparté ne peut donner des résultats efficients. Mieux vaut conjuguer nos efforts et s'activer en groupes plutôt que de mener des actions disparates.
Nos orientations futures accordent une place de choix à la femme victime de violence. La Tunisie vient d'adopter la loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, et ce, en juillet 2017. L'Office avait, en 2003, traité de ce thème alors tabou. En 2006, il a élaboré, dans le cadre d'une coopération internationale, une étude intitulée «Equité de genre et prévention de la violence à l'égard des femmes», dont les résultats ont été publiés en 2012, et qui avaient servi de plaidoyer pour soutenir et consolider le droit de la femme à la dignité dans la Constitution.
L'Office a, de surcroît, assuré des cours universitaires en faveur d'une cinquantaine d'experts, en matière de santé de la reproduction et de la lutte contre la violence, en collaboration avec l'Université d'Andalousie, et ce, en 2009 et 2014. Une troisième expérience sera tenue en novembre prochain. Nous ambitionnons, actuellement, de renforcer la prise en charge psychologique des femmes victimes de violence en mettant en place deux nouveaux centres spécialisés. Notre Centre de prise en charge psychologique des femmes victimes de violence à Ben Arous demeure un centre pilote dans la mesure où il est essentiellement destiné à cette population cible. La prise en charge des femmes victimes de violence est assurée, par ailleurs, dans tous les centres régionaux de l'Office, lesquels sont au nombre de 36.
Avez-vous de nouveaux projets à réaliser en collaboration avec les institutions nationales et les ONG partenaires ?
Nous avons été impliqués, dès mars dernier, dans la lutte contre la mortalité maternelle. Le ministère de la Santé accorde un intérêt majeur à ce problème de santé publique. Six régions, en fait, ont été identifiées pour des chiffres atterrants car nettement plus élevés que la moyenne nationale, et qui relèvent des gouvernorats de Sidi Bouzid, Kairouan et Jendouba. Le taux de mortalité maternelle dans ces régions excède les 50 décès pour 10 mille naissances vivantes. Nous avons réellement besoin de recueillir des données actualisées et fiables sur la mortalité et la morbidité maternelles et infantiles.
Des registres régionaux actualisés nous aideraient significativement à établir un système performant de diagnostic, de programmation et d'évaluation. D'ailleurs, nous avons renforcé notre équipe à cet effet. Nous disposons, actuellement, des chiffres semestriels au niveau national tout comme au niveau régional. Des prémices de plans d'actions régionaux sont décelables et ce sont les régions qui ont établi les ébauches de leurs plans respectifs, lesquels plans seront validés à l'échelle nationale.
Nous nous sommes, en outre, penchés sur la redynamisation de la stratégie mobile, un pilier essentiel au programme du planning familial et de la promotion de la santé reproductive et sexuelle. Pour ce, nous reprenons la stratégie du porte-à-porte, laquelle stratégie a contribué efficacement aux succès indéniables du planning familial. Nous allons focaliser l'intérêt sur les femmes en situation à risque de mortalité ; l'hémorragie étant la principale cause du décès maternel.
Quel est votre plan d'action pour l'exportation de l'expérience tunisienne en matière de planning familial ? Et quels sont les pays sur lesquels vous misez pour atteindre cet objectif ?
L'Office s'est lancé dans une stratégie de promotion de l'expérience tunisienne en matière de planning familial et de santé sexuelle et reproductive. On ne parle plus de collaborations bilatérales mais de partenariats ayant pour dénominateur commun le principe gagnant-gagnant en matière de transfert de technologies. Nous avons ainsi des collaborations trilatérales avec des partenaires de choix.
Les Pays-Bas sont séduits par l'expérience tunisienne comme étant une expérience pilote dans la région. La Tunisie est considérée comme une porte d'entrée vers l'Afrique. Cette collaboration est fondée sur l'intelligence tunisienne et le financement des Pays-Bas. Elle consiste en des partenariats sud-sud avec le Mali et le Niger pour exporter l'expérience tunisienne en matière de planification familiale. Nous sommes, en outre, en pleine négociation avec le Burkina Faso, un partenaire potentiel.
La Côte d'Ivoire a démarré l'expérience en 2012 en instaurant un Office national de la population, à l'instar de l'Onfp. Cet acquis ivoirien nous ouvrira la voie pour exporter les services spécifiques destinés au couple mère-enfant. Nous allons, en outre, redynamiser les anciennes conventions de l'Office mais aussi les conventions cadres avec le ministère de la Santé.


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