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Créer une nouvelle dynamique pour le cinéma tunisien
Rencontre avec Chiraz Laâtiri , Directrice générale du centre National du cinéma et de l'image
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 08 - 2017

Chiraz Laâtiri est nommée depuis quelques mois à la tête du Cnci. Dans cet entretien, elle nous parle de ses projets à la tête de cette structure, de la polémique autour de la Tunisia Factory et de ses rapports avec la direction du cinéma.
Lors de votre première conférence de presse vous avez parlé «d'industrie digitale créative», quel rapport avec l'industrie du cinéma ?
Le Cnci est normalement chargé, de par ses missions définies dans le décret-loi de 2011, de développer le secteur œuvrant à la fabrication et à la diffusion de toute forme d'image. Bien évidemment, il a été créé pour promouvoir l'industrie cinématographique en Tunisie, mais en 2017, il est indispensable de reconnaître les autres types de créations digitales et numériques, fortement consommées en Tunisie, tels que les jeux vidéo (serious games), les applications transmédias, etc. Cette industrie est en train de se développer en Tunisie par des jeunes très compétents et il y a lieu de l'organiser . Plusieurs points communs existent entre les deux industries. Prenons l'exemple d'un jeu ou d'un film en réalité virtuelle, les phases se recoupent, il y a un synopsis, un scénario, un story board, un découpage, de la post-prod...
Et avec le digital lab ?
Dans mon projet à court et à moyen terme pour le Cnci, surtout avec le déménagement du Cnci dans ses locaux à la Cité de la culture (des locaux mieux adaptés à ses activités et ses missions), il est planifié de créer un digital lab pour le développement et le test de jeux vidéo, d'applications transmédias ou de réalité virtuelle. L'accès au lab sera payant, ce qui permettra de créer des ressources pour le Cnci. Ce lab accueillera des formations et des compétitions.
Quelle est votre position en tant que Cnci par rapport au sujet devenu polémique de la Tunisia Factory ?
La Tunisia Factory est un projet intéressant, mais malheureusement il est en train d'être injustement entaché par une fausse polémique qui, à mon sens, ne sert pas l'image du secteur du cinéma tunisien si cette polémique se diffuse auprès de nos partenaires à Cannes. Ma position est très claire : c'est un accord qui a été établi déjà avant mon arrivée au Cnci, qui a eu l'aval de Monsieur le ministre de la Culture, et que j'assume et je défends, parce que, d'une part, je suis convaincue de l'intérêt et des retombées positives de ce projet ; et, d'autre part, il n'y a aucun vice de forme ou de fond dans la convention établie,. Le concept est clair : la quinzaine des réalisateurs à Cannes et Dominique Welinski décident chaque année d'attribuer ce projet à un pays, en choisissant les opérateurs qui vont piloter et mener à bien ce projet. Pour 2018, c'est la Tunisie qui a été choisie en désignant un groupement solidaire de producteurs, en qui ils ont une grande confiance, pour l'exécution du projet. Le fait que ce projet fasse participer des réalisateurs tunisiens à Cannes, œuvre pour le rayonnement de la Tunisie, il est normal que le Cnci le porte et le soutienne. De ce fait, le groupement solidaire de producteurs qui sont désignés exécutifs auprès du Cnci, les droits des films reviennent au Cnci.
Je crois que la polémique vient du fait qu'il n'y a pas eu un appel à candidature à tous les producteurs tunisiens, ce que j'aurais pu comprendre si on était dans une situation d'un projet dont le Cnci détient le concept, or ce sont les conditions de la Quinzaine des réalisateurs et Dominique Welinskin qui préfèrent collaborer avec des producteurs qui connaissent et qui assurent la bonne fin du projet. Je peux vous assurer, selon les termes de la convention, que le groupement des producteurs sera même perdant dans ce projet. Le seul unique gain c'est de dorer l'image de la Tunisie par l'image.
Quelles précautions avez-vous prises pour bien gérer l'argent destiné à la Tunisia Factory ? On parle d'argent qui aurait pu financer d'autres films tunisiens....
Le Cnci a indiqué à titre estimatif pour la production des films un budget qui n'est pas du tout imputé sur le fonds d'aide à la production. La convention de partenariat a été validée par le conseil d'établissement et tous les détails y sont. Le fonds alloué à Tunisia Factory est imputé sur la rubrique «Participtaion à des manifestations culturelles» et Cannes en est une. Nous participons par les 4 courts qui seront produits dans le cadre de la factory. C'est exactement au même titre que les 8 courts métrages produits pour les JCC 2016, financés par le Cnci à hauteur de 300.000 dinars sur la même rubrique.
Sans oublier que le Cnci va mettre en place toute la procédure de contrôle de l'exécution du projet via notre commissaire aux comptes. Et je suis prête à expliquer à toute personne ayant encore des doutes, les détails du projet.
Quels sont les nouveaux rapports entre le Cnci et la direction du cinéma ?
Il s'agit de la deuxième polémique de la saison. Dès mon arrivée au Cnci, le constat le plus bloquant est qu'il n'est pas en train d'accomplir ses missions énoncées dans le décret-loi de 2011, car certains textes applicatifs n'ont pas été révisés. En commun accord et avec le soutien de Monsieur le ministre de la Culture, il a été décidé que le Cnci doit rédiger ses textes législatifs dans les 4 mois à venir et qu'il va désormais assumer toutes ses missions dont une grande majorité est assurée par la direction du cinéma. Pour moi, c'est une fausse rivalité, j'ai des relations professionnelles correctes avec la direction du cinéma, en attendant nos textes, nous collaborons avec eux dans le respect et dans l'intérêt du secteur du cinéma. Personnellement, je n'ai pas le temps pour justifier les polémiques, le plus important et le plus urgent pour moi ce sont nos textes législatifs, notre déménagement, les JCC, faire une passation efficace avec la direction du cinéma, se lancer dans des défis plus intéressants pour le secteur du cinéma qu'on doit discuter avec le conseil stratégique et le conseil d'établissement du Cnci, les différents syndicats et associations.
Et avec la cinémathèque qui vient d'être créée ?
En commun accord avec Monsieur le ministre de la Culture et M. Hichem Ben Ammar, le directeur artistique de la cinémathèque, celle-ci sera rattachée au Cnci, ce qui annonce une excellente dynamique surtout qu'on se lance aussi dans la numérisation de nos archives. M. Ben Ammar et M. Challouf seront ravis pour vous parler de leur projet d'exploitation de la cinémathèque
En janvier 2018, le Cnci va déménager à la Cité de la culture, cela changera quoi pour vous ?
La Cité de la culture va créer une dynamique culturelle nouvelle sur le grand-Tunis. En ce qui concerne le pôle Cnci-Cinémathèque, les locaux sont adaptés pour la mise en place d'un cinéma lab et d'un digital lab, pour faire des formations et des workshops tout au long de l'année, des projections, des avant-premières des films tunisiens....Plus d'opportunités d'activités et de projets s'ouvriront au Cnci certainement, en plus de la proximité du centre-ville et des autres salles de cinéma.
On croit savoir que vous allez répondre à l'appel d'offres de l'Europe créative pour avoir des fonds et développer un cinéma lab en Tunisie... Quel rapport avec les studios de post-prod tunisiens ?
Etant donné que la nouvelle et la première cinémathèque tunisienne sera rattachée au Cnci, nous projetons de mettre en place un cinéma lab dont les missions sont multiples : formation professionnelle, la post-prod et la numérisation des archives. Notre ambition est de mettre une structure suffisamment bien équipée pour pouvoir prendre en charge tout le processus de fabrication.
Le cinéma lab ne sera pas un simple studio de post-prod, nous souhaitons avoir la structure technologique pour la numérisation de nos archives. Sa première vocation est la formation, mais il sera également possible de l'utiliser pour la post-prod.
Il faut que ce lab attire les opérateurs du secteur du cinéma voisin, déjà l'Algérie et le Maroc, et pourquoi pas africains et méditerranéens.
Le cinéma lab et le digital lab seront des structures qui pourront apporter des fonds pour le Cnci, qui seront à leur tour réinjectés pour l'aide à la production.
Sur quoi va communiquer le Cnci pendant les JCC ?
Lors des JCC, nous allons organiser un workshop sur les métiers de l'industrie digitale créative pour les faire connaître et montrer la connexion avec l'industrie du cinéma.
Nous allons également lancer une nouvelle plateforme web du Cnci qui va fédérer le réseau des professionnels, des free-lancers et aussi les lieux de tournages et les studios de post-prod en Tunisie. L'objectif est de donner plus de visibilité à tous les opérateurs du secteur. Je travaille beaucoup avec les associations et cette collaboration permet d'installer carrément un réseau «social» du secteur du cinéma.
J'annoncerais également les fonds de coproductions bilatéraux qui seront mis en place en 2018.
La situation des free-lancers dans le cinéma tunisien reste toujours fragile et critique...
Absolument, c'est un débat et une problématique que j'ai envie de parrainer au nom du Cnci. Comme je l'a dit, je travaille beaucoup avec les associations, pour le digital lab par exemple, c'est le projet que je construis avec les associations TGD et TAG, la plateforme web avec l'ATF Uprodit, j'ai aussi échangé avec l'ATIS, il s'avère que tous ces jeunes free-lancers détiennent la compétence, la créativité et la technologie, mais il n'ont pas de statut clair.
Il est intéressant d'organiser une journée de débat autour de cette question mais surtout faire des propositions rapidement, car aujourd'hui on ne peut plus se permettre de perdre du temps, alors que ce type d'industrie évolue à une vitesse vertigineuse et que nous allons voir partir en expatriation nos jeunes créateurs...et techniciens...ce qui est une grosse perte pour la Tunisie
Qu'avez-vous prévu pour le secteur de la distribution et de l'exploitation ?
J'aurais ma grande réunion avec les différents exploitants et distributeurs juste à la rentrée. J'ai échangé avec le syndicat pour organiser cette rencontre. Ce que je peux avancer c'est que parmi les priorités du Cnci c'est de veiller à ce que toutes les salles de cinéma en Tunisie ouvrent et soient fonctionnelles, se mettre en réseau et adhérer au projet de la billetterie unique. Il faut que dans tous nos projets et actions on s'aligne aux standards internationaux, cela garantira notre visibilité et notre rayonnement à l'étranger.
On croit savoir que vous êtes en négociation avec des fonds de coproductions étrangères...
Oui, en cours avec le Maroc et l'Algérie, je ne peux pas en dire plus pour le moment, dès que les projets deviennent concrets, je les annoncerais, probablement lors des JCC.
En tant qu'universitaire, vous avez dirigé l'Isamm, quelles sont les opérations phares que vous avez initiées ?
Pendant six années à la tête de l'Isamm de 2006 à 2011, je me suis investie dans le département cinéma, et j'ai réussi à me faire entourer par des professionnels du secteur du cinéma qui ont cru à notre projet et ont participé précieusement à la mise à niveau de la pédagogie au sein du département en tandem avec les universitaires et en collaboration, à l'époque, avec une équipe de l'Insas de Bruxelles. Cela m'a permis aussi de comprendre toutes les problématiques du secteur du cinéma et de créer un réseau de collaborateurs internationaux, surtout suite à notre adhésion dans un projet Euromed avec le Liban, le Maroc, la France et la Belgique. Aussi, au niveau du département multimédia et le département informatique, nous avons très vite compris que l'avenir est dans le digital et nous avons mis en place le diplôme d'ingénieur en Jeux et réalité virtuelle et nous avons fait évoluer le multimédia vers le transmédia. Nous avons été membres dans nombreux projets internationaux et nous avons aussi organisé plusieurs manifestations scientifiques et culturelles en rapport aux divers sujets. Plusieurs étudiants à l'époque ont bénéficié de cette dynamique internationale et je les retrouve aujourd'hui confirmés sur le marché du travail avec une grande notoriété. Je souhaiterais tirer de mes projets présents et futurs au Cnci une aussi grande satisfaction. Mon challenge est de faire du Cnci en trois ans, le centre le plus puissant et le plus prestigieux d ‘Afrique.
Entretien conduit par


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