«Edhmar Ettounsi» (l'humour tunisien), une exposition documentaire autour du journalisme satirique tunisien, de la fin du 19e et du début du 20e siècle, organisée par le Centre de documentation nationale à la galerie de l'Information de Tunis et inaugurée lundi dernier par M. Mabrouk Korchid, ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières Des documents de tous genres, particulièrement des pages de journaux jaunies par le temps, parmi lesquelles il y en a celles qui datent de l'avant-guerre mondiale, affichant des articles satiriques, humoristiques, archivés, compilés et tirés de l'oubli à travers une exposition qui a été organisée par le Centre de documentation nationale. Lors du vernissage, M. Mabrouk Korchid, qui a inauguré l'exposition, a exprimé son admiration pour ce travail effectué par le Centre de documentation nationale qui donne à voir l'inestimable valeur de nos archives et l'importance de la documentation de notre héritage culturel et historique pour nous aujourd'hui et pour les générations futures. Il a également exprimé son souhait de voir la reprise de la presse satirique en Tunisie, soulignant l'importance de ce style, et son rôle primordial dans le traitement, l'analyse et l'éclairage du lecteur sur les sujets politiques, sociaux et culturels. C'est en effet un style qui a eu un succès foudroyant par le passé, particulièrement en raison de la langue qui y est employée. Une langue proche du grand public. A l'inverse de la presse d'information générale caractérisée par son verbiage parfois pompeux, et où des journalistes sérieux et compétents écrivent sur des sujets aussi "ennuyeux" que la politique ou l'économie, la presse satirique, elle, a très souvent pris le parti de s'exprimer dans le langage de ceux qui la lisent : la langue populaire, loin des analyses et des commentaires parfois abscons qui pourraient ennuyer le lecteur. C'est la critique avec le sourire et la lutte avec l'humour. On découvre donc des chroniqueurs à la plume acerbe qui jouaient habilement avec des mots enrobés d'un humour qui fait mouche, pour décrier les maux de la société et de la classe politique. A travers 45 titres de journaux tunisiens publiés depuis les années 1900, on a pu faire le tour en images et en mots des divers faits saillants de l'actualité politique nationale et internationale de la Tunisie au moment de l'avant-guerre jusqu'à la dernière décennie. Plusieurs articles ou dessins éditoriaux sont exposés et dont chacun dévoile les particularités de l'esprit de l'époque. Des dessins qui représentent quelques événements de l'actualité à l'époque tout en mettant une situation en lumière et attisant la curiosité du public à l'égard de la vérité. Et comme tous ceux qui militent contre la tyrannie, les injustices et la corruption, les journalistes satiriques et les chroniqueurs de l'époque de l'occupation étaient de véritables combattants, des agitateurs astucieux, en ayant leurs plumes comme armes, ils utilisaient l'humour et les messages nuancés pour faire passer leurs idées révolutionnaires. On découvre, donc, les écrits de journalistes tunisiens connus et d'autres moins connus mais qui ont été tirés de l'oubli grâce à cette exposition intéressante. Citons : Ben Aïssa Ben Chikh Ahmed (1880-1957), fondateur du journal «Jahjouh» en 1909, Slimane El Jaoudi (1876- 1951), fondateur du journal «Abou Naouas», Mohamed El Hechmi El Makki (1881-1942), fondateur du journal «Al Eslam» en 1908. Ainsi que d'autres écrivains, journalistes et militants connus tels que Houssine El Jaziri (1888-1974) fondateur du journal «Al Nadim» en 1921, Ali Douaji (1909-1949), fondateur du journal «Assourour» en 1936, Mohamed Bayrem Ettounsi (1893-1961), fondateur du journal «Achabab» en 1936, Hamadi El Jaziri (1926-1987), fondateur du journal «Al Masar» et d'autres magazines humoristiques. Sans oublier les contemporains tels que Mohamed Ennacer Bou Aziz, fondateur du journal «Adhoue Al Madina» en 1970, Slim Boukhdhir, fondateur du journal «El Kattous» en 2011 et fondateur du journal «Dhed Assolta» (Contre le pouvoir) en 2011. Observateurs, intrépides et pertinents, ils scrutaient, déchiffraient et interrogeaient le flot des actualités de leur époque. Ils traitent avec humour des thématiques de société, entretenant ainsi un véritable dialogue sympathique et efficace avec le public. Est-ce que l'avenir de la presse tunisienne pourrait se trouver dans ce type d'assemblage, où la satire, la BD, la caricature, l'information et les commentaires politiques, économiques ou sociaux seront agencés sous le même label pour toucher des publics plus larges et variés ? Un colloque sera bientôt organisé par le Centre de documentation nationale où plusieurs autres questions en rapport avec la presse satirique seront relevées. Nous y reviendrons. Une exposition qui vaut le détour, alors, courez-y vite car vous n'aurez qu'aujourd'hui et demain pour la découvrir !