Une production record dans le pays, mais le prix de l'huile est en hausse. Alors que la cueillette des olives commence à battre son plein et que la production s'annonce très conséquente pour cette saison 2017-2018, le prix de l'huile d'olive a enregistré, cette année, une hausse conséquente de près de 50% par rapport aux prix pratiqués la saison dernière. Autant dire que la ruée vers l'or vert aussi bien en Tunisie que dans le monde entier a été d'un apport appréciable pour le commerce de l'huile d'olive dans le pays, avec toutefois des retombées manifestement douloureuses pour le consommateur tunisien qui se voit contraint de débourser davantage pour acquérir ses provisions aussi minimes soient-elles en huile d'olive locale. Déjà la cueillette a atteint sa vitesse de croisière partout dans les régions où hélas les oléiculteurs parlent d'un manque cruel en main-d'œuvre, aussi bien dans les principaux foyers traditionnels que dans les nouvelles oliveraies du nord ou du centre-Ouest où les périmètres d'oléiculture sont en extension continue. Avec des estimations allant de 260 à 280 millions de t, la Tunisie va exporter, selon les prévisions de l'Office de l'huile, près de 200 millions de t sur les marchés traditionnels européens, mais aussi vers les nouveaux marchés explorés, comme la Chine et les Etats-Unis où la demande en huile d'olive, extra vierge de surcroît, commence à prendre forme. Cela dit, c'est le système D pour les producteurs qui sont contraints cette année de débourser davantage pour la main-d'œuvre de saison, même si encore le prix de vente du quintal d'olive de transformation a lui aussi augmenté cette année, pour se situer entre 180 et 190 dinars, ce qui représente une aubaine pour le secteur cette année où l'Etat table sur un chiffre de deux milliards de dinars sur les ventes à l'étranger. Même si encore la cueillette ne respecte pas toujours les consignes strictes des techniques de cueillette, d'emballage des olives, de leur stockage et de leur transformation, un grand effort a été fourni cette année pour garantir une meilleure qualité d'huile d'olive sur les marchés national et international. L'expert Moez Ben Dhiaf, enseignant-chercheur à l'Ecole supérieure d'agriculture du Kef, estime qu'un paquet technologique et une bonne conduite à suivre sont nécessaires pour garantir une bonne qualité de l'huile d'olive, avec un taux d'acidité raisonnable, et surtout des caractéristiques physico-chimiques. Il préconise, à cet effet, le respect des dates de récolte, les techniques d'extraction (procédés, temps de malaxage et température moyenne 30 à 35°), outre le choix de la variété et du site géographique de production, estimant que les variétés Chetoui, Oueslati et Ragragui sont recommandées pour l'obtention d'une bonne huile d'olive. Pas de couverture sociale pour les ouvriers Cela dit, la cueillette se poursuit toujours et elle pourrait s'étendre jusqu'au mois de février, en cela que plus les olives sont mûres plus elles donnent une meilleure qualité d'huile. Au Kef, même si cette année la production à baissé de près de 1.500 tonnes à cause de la sécheresse et de la gelée printanière qui a eu raison des pieds d'olive en pleine période de floraison (fin avril), la qualité est jugée bonne en ce que les variétés cultivées sont très sollicitées et donnent de bons résultats et une huile très prisée, d'autant plus qu'elle a parfois une odeur et une saveur que les spécialistes, nous explique Moez Ben Dhiaf, recherchent dans tout produit oléicole. Le point noir reste aussi les ouvriers occasionnels qui participent à cette collecte. Ils travaillent en gros à la tâche en fonction des kilos collectés. Ils n'ont toutefois ni sécurité sociale ni couverture en cas d'accident ou de maladie, ce qui les rend vulnérables, d'autant plus que la main-d'œuvre principale revient à la gent féminine sous-payée et souvent exploitée. Certaines femmes, mères de foyers, se disent cependant contentes de participer à cette activité en ce qu'elle leur permet d'avoir une certaine autonomie financière et de contribuer à accroître les revenus du ménage. Actuellement, la cueillette a atteint un taux d'avancement estimé entre 15 et 20% alors que les huileries commencent à tourner à plein régime. Déjà encore cette année, une nouvelle huilerie d'une capacité de stockage de 420 mille litres vient d'ouvrir ses portes au Kef, avec une intégration pour le conditionnement et dirigé vers l'exportation. Une autre huilerie a été aussi implantée à la zone industrielle du Kef Sud. Son propriétaire vise le marché américain où il se dit très satisfait, surtout qu'il connaît ce marché et les rigueurs d'hygiène qu'il exige avant la commercialisation de l'huile. Il a aussi tenu en compte des spécificités du marché américain et adapte l'emballage aux exigences des consommateurs (petites et moyennes quantités). Certains oléiculteurs estiment que les prix pourraient se stabiliser entre 11 et 12d le litre cette année et voient mal comment les prix pourraient baisser d'autant que la demande sur l'huile d'olive est devenue pressante sur le marché international.