Alors qu'une audition très importante de Abdelkarim Laâbidi, ancien cadre sécuritaire à l'aéroport de Tunis-Carthage, et de Hichem Meddeb, colonel-major, était attendue vendredi dernier, voilà que le bureau de la commission, présidée par la nidaïste Hela Omrane, a reporté in extremis la réunion. Officiellement, le bureau de la commission évoque "l'absence de la majorité des membres de la commission". Mais certains doutent. En effet, comment une audition aussi cruciale qui aurait pu faire avancer l'enquête ait pu être boudée par la majeure partie des membres de la commission? Sur 22 élus composant la commission, seuls trois ont répondu présent vendredi matin. Pour l'ex-présidente de la commission d'enquête et actuelle rapporteuse adjointe de cette commission, c'est clair : il y a une volonté d'étouffer l'affaire et de camoufler la vérité. Evincée de la présidence de la commission, Leila Chettaoui continue à militer depuis plus d'un an pour que toute la lumière soit faite sur une période trouble, qui a vu des centaines de jeunes embarquer dans un conflit qui ne les concerne pas. Aujourd'hui, Chettaoui accuse l'actuelle présidente de la commission d'avoir sciemment reporté la réunion "par crainte de la gravité des informations qui seront délivrées par l'ancien responsable sécuritaire Abdelkarim Laâbidi". Elle ajoute: "Les déclarations de Abdelkarim Laâbidi à ce sujet risquent d'attiser davantage la tension entre les partis Ennahdha et Nida Tounès". Contactée par La Presse, Leila Chettaoui nuance ses attaques contre la présidente de la commission Hela Omrane. " Ce que je reproche à Hela, c'est de ne pas prendre le dossier trop au sérieux, dit-elle. Elle se laisse influencer et mener par ceux qui ont intérêt à étouffer l'affaire". La députée de Machrou Tounès estime que la commission est devenue trop politique et a dévié de son but principal, celui d'enquêter de manière rigoureuse sur l'envoi des jeunes dans les zones de conflits. «Il n'y a aucune stratégie de travail», explique-t-elle.