Au niveau du Plan de développement quinquennal 2016-2020, les prévisions sont également assez optimistes, tablant sur un retour progressif de l'activité économique durant les deux premières années et sur une relance économique à partir de l'année 2018. D'ailleurs, cette année est considérée comme décisive, tablant sur un taux de croissance qui dépasserait la barre des 6% durant les années 2019 et 2020 L'année 2018 sera certainement l'année des défis sur tous les plans. La mise en application de la loi de finances 2018 a commencé à faire parler d'elle et le débat promet d'être encore plus dynamique dans les mois qui viennent. Mais l'importance de la nouvelle année réside dans le fait qu'elle soit une année intermédiaire pour la réalisation des grands équilibres macroéconomiques. Avec un bilan 2017 assez contraignant, le gouvernement de Youssef Chahed espère que 2018 réconciliera l'économie tunisienne avec la croissance et achèvera enfin le cycle infernal des sept dernières années. Mais pour réaliser cet objectif, les challenges restent colossaux et les moyens assez modestes. Perspectives pour une année qui démarre. Dans la matinée du 31 décembre 2017, le ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables a annoncé l'augmentation des prix des produits pétroliers de 50 millimes pour l'essence sans plomb, le gasoil et le gasoil 50 et de 300 millimes pour les bouteilles de gaz. Une augmentation qui fait suite évidemment à la hausse du prix du baril de pétrole au niveau mondial. Mais pour le consommateur tunisien, le calvaire de l'érosion du pouvoir d'achat se poursuit puisque la tendance inflationniste s'accélérera davantage durant la nouvelle année. En glissement annuel, le taux d'inflation atteindra 6,1% en 2018 contre 5,2% en 2017, selon la Banque Centrale de Tunisie (BCT), porté par l'augmentation des prix des produits frais et aussi des produits importés. Il est à rappeler que ce taux a atteint 6,3% en novembre 2017. Une tendance portée également par la dépréciation du dinar, qui s'échange, à la date du 27 décembre 2017, à 2,9403 face à l'euro et à 2,4847 face au dollar américain, d'après la BCT. La situation est également assez difficile puisque le déficit commercial se maintient atteignant plus de 14 MDT à fin novembre 2017, malgré la progression des exportations de 17,3% par rapport à la même période en 2016. Mais le niveau des importations reste élevé, soit une évolution de +19,2%, avec un taux de couverture qui a baissé à 68,3%, selon l'Institut national de la statistique (INS). Le secteur de l'énergie continue de peser sur les importations, avec une progression de 39% grâce aux achats de pétrole brut et des produits raffinés. On note que le déficit de la balance énergétique représente 26,7% du total du déficit commercial, soit 3829,4 MD contre 2662,3MD à fin novembre 2016. Performances D'un autre côté, le déséquilibre des finances publiques continuera de peser. Le service de la dette a enregistré, selon la BCT, un niveau historique de 6349 MDT, à fin octobre 2017 contre 3990 MDT à fin novembre 2016, soit une augmentation de 59,1%. Une évolution due, d'après la même source, au remboursement de 500 millions de dollars américains au titre de l'emprunt obligataire qatari contracté en 2012, de 271 MDT au titre de l'échéance de l'emprunt obligataire Samurai de la Banque japonaise pour la coopération internationale et de trois tranches relatives au crédit Stand-by octroyé par le Fonds monétaire international (FMI) en 2013 pour des montants respectifs de 135 MDT (avril 2017), 200 MDT (juillet 2017) et 206 MDT (octobre 2017). De même, le déficit budgétaire continue de s'élargir pour atteindre 4420 MDT durant les dix premiers mois 2017 contre 3729 MDT durant la même période en 2016. D'autant plus que ce déficit a été financé par des ressources extérieures nettes à hauteur de 88%, indique la BCT, qui s'élèvent à 3885,1 MDT. On indique également que les ressources propres ont évolué de +12%, soit 19,4 milliards de dinars, en parallèle avec l'augmentation des dépenses totales cumulées de 22,1%, soit 28 milliards de dinars, et aussi des ressources d'emprunt de 50% (8,5 milliards de dinars). Du côté des recettes fiscales, la BCT indique qu'elles ont progressé de 14%, atteignant 17,6 milliards de dinars, suite à l'amélioration de la collecte des impôts directs (+14,8%) et indirects (+13,5%). Les déséquilibres précités influenceront certainement les performances économiques du pays en 2018. Selon une étude de l'Association Solidar Tunisie sur le budget économique 2018, qui a été approuvée par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), «les conséquences du déficit budgétaire et du déficit courant ont été fatales pour l'endettement qui a atteint des niveaux records. Pour la première fois, la Tunisie s'est endettée en 2017 pour financer les dépenses de fonctionnement de l'Etat. Le budget économique 2018 vise à redresser ces déséquilibres. Toutefois, sur de nombreuses questions, il procède de la même logique que le budget économique 2017 au risque d'avoir des performances similaires et de ne pas réaliser les objectifs qu'il s'est assignés». Creusement du déficit L'analyse montre que l'exécution de ce budget induirait un déficit courant important de 8,2%, un encours de la dette excessif de 72,3%, un taux d'inflation croissant de 5,8% et sensiblement supérieur à celui projeté par le plan (3,6%). Rappelons que les objectifs visés englobent un taux de croissance de 3% en 2018, porté par l'évolution de tous les secteurs d'activité, une croissance de 0,7% pour l'administration, +3,6% pour les activités marchandes, 5,5% pour le secteur de l'agriculture et de la pêche. De même, on prévoit une amélioration des indicateurs des industries non manufacturières, notamment les activités minières, pour enregistrer un taux de croissance équivalent à celui des services marchands. Ce qui impacterait les industries chimiques et le taux de croissance des industries manufacturières. Mais d'après l'étude, ces prévisions semblent optimistes surtout parce que le taux de croissance des industries non manufacturières durant le premier semestre 2017 était à -2,6%. D'où un risque de ne pas retrouver leur élan positif, surtout avec la lenteur dans l'amélioration de la part des énergies renouvelables dans la production énergétique et la crise que vit le secteur du bâtiment et des travaux publics. Prévisions Au niveau du Plan de développement quinquennal 2016-2020, les prévisions sont également assez optimistes, tablant sur un retour progressif de l'activité économique durant les deux premières années et sur une relance économique à partir de l'année 2018. D'ailleurs, cette année est considérée comme décisive, tablant sur un taux de croissance qui dépasserait la barre des 6% durant les années 2019 et 2020. Le plan de développement prévoit aussi une évolution de l'investissement avec une moyenne de 17% d'ici 2020 et une augmentation du taux d'investissement de 25% avec un volume d'investissement de 125 milliards de dinars sur les cinq ans. Pour les investissements publics, on prévoit une hausse de 50% et de 65% pour l'investissement privé local et de 80% pour l'investissement extérieur. Des prévisions assez optimistes eu égard au contexte actuel que vit l'économie tunisienne et qui sont conditionnées par l'avancement des grandes réformes, essentiellement au niveau de l'administration, des marchés publics, du climat des affaires, du régime fiscal, du secteur financier et du Partenariat public privé. Pour tout cela, l'année 2018 sera l'année des grandes attentes, puisqu'on s'attend à une stabilisation des dépenses, à une consolidation des recettes fiscales, à une accélération de l'investissement, à une augmentation de la croissance, à une réalisation des réformes, etc. Mais qui sont des attentes assez critiques surtout avec une loi de Finances qui peut freiner aussi bien la consommation que l'investissement et l'exportation, étant les trois moteurs pour une croissance soutenue. Pour cela, le gouvernement aura la rude tâche de concilier le pouvoir d'achat du consommateur en baisse, la productivité des entreprises en jeu et le rééquilibrage des principaux agrégats économiques. Avec un taux d'endettement qui atteindra les 70% du PIB, cette tâche sera l'enjeu capital pour un avenir meilleur.