Tel un rouleau compresseur, le club de la capitale file vers le titre et fait le vide autour de lui ! Avec 8 points d'avance sur leur premier poursuivant, les «Sang et Or» semblent intouchables en championnat. Ce n'est pas encore un gouffre, mais déjà un sacré fossé ! Les Tunisois signent jusque-là un départ en fanfare. Les rivaux annoncés, tels que l'ESS et le CSS, sont, eux, déjà loin, très loin. Peut-on encore parler de rival et d'un championnat qui tiendra en haleine les puristes ? L'EST a-t-elle tué le suspense ? Force est de constater qu'à ce rythme, le championnat risque d'être plié très vite, si ce n'est déjà fait. Ce faisant, un rapide flash-back nous enseigne que les temps de passage sont pour l'instant identiques à ceux du début des années 2000. L'EST vire en tête, s'installe, caracole, puis prend le large dès la phase aller. De quoi saper toute concurrence. Régularité, rigueur, froid réalisme, culte de la gagne, persévérance et détermination. Un club taillé pour les titres et qui se nourrit de consécrations. C'est la griffe de l'Espérance, doyen des clubs tunisiens. Comme la saison dernière, l'EST a débuté le championnat sur les chapeaux de roues. Après un départ en trombe, l'équipe gagne parfois petit mais gagne! Maintenant, de là ce que le championnat soit déjà plié, joué d'avance disent même certains, vu l'armada d'internationaux dont dispose l'EST, on pourrait forcément peser le pour et le contre pour se forger une opinion, émettre un pronostic de circonstance. Oui, les Espérantistes vont gagner le titre parce qu'ils sont en théorie plus forts que la saison dernière, et surtout beaucoup plus costauds et aguerris que leurs adversaires. Sur le papier, l'Espérance est encore plus impressionnante que la saison dernière avec des renforts et non des moindres, à l'instar de Franck Kom, Michael Eneramo, Haithem Jouini, Anis Ben Hatira et Maher Bessghaier. Associés aux Ferjani Sassi, Fakhreddine Ben Youssef, Sâad Bguir, Anis Badri, Chamseddine Dhaouadi, Mbarki et autre Chammam, les nouveaux pensionnaires de cette saison constituent pour les uns des alternatives viables et pour les autres des cartes maîtresses intéressantes. Philosophie de jeu identique, équipe presque inchangée avec un exécutif qui prône plutôt le changement dans la continuité, de manière diffuse sans se montrer radical. Oui, c'est écrit, l'EST va encore rouler sur la Ligue 1 ! Parce que la concurrence ne suit pas. Parce que l'EST ne favorise jamais la rupture. Parce que les tenants et aboutissants du club de Bab Souika s'inscrivent dans la durée. L'Espérance a assommé la Ligue 1 Si un temps, on a beaucoup parlé de bipolarisation du football tunisien, maintenant, c'est le cavalier seul de l'Espérance qui est de mise. Ce n'est certainement pas une bonne nouvelle pour le suspense de la Ligue 1. Tantôt l'ESS, tantôt le CSS, de temps à autre le CA, chacun parmi ces concurrents historiques a tenté de se rapprocher de l'EST. Sauf qu'ils ont la plupart du temps semblé collectivement un cran en dessous. Bref, globalement, l'EST a toujours eu de la marge ! Maintenant, un autre son de cloche nous prévient d'un éventuel revers de la médaille. L'ossature de l'équipe nationale étant à fort contingent «sang et or», Mondial oblige, les joueurs tunisois seront-ils quelque peu exténués par la campagne russe ? L'EST peinera-t-elle à retrouver sa cadence au retour de Moscou ? La fraîcheur de l'équipe en prendra-t-elle un coup ? Bref, le temps fera-t-il son effet ? Peut-on parler de lassitude pour des joueurs qui jouent sur tous les fronts et qui font rarement un break comme on dit ? Difficile à dire, même si la réalité du terrain est telle que l'EST continue toujours de marquer l'histoire. Les plus avertis pensent que rien n'est encore fait et que le Mondial peut laisser des traces. Imaginez le scénario. L'EST accuse le coup, se retrouve dans une spirale négative, doute, enchaîne les contre-performances et commence à voir fondre son avance. Dans le rétroviseur du leader, les concurrents s'agitent et retrouvent espoir. Bon, ça reste encore du football-fiction mais le rythme du champion sortant pourrait être altéré par le Mondial et ses conséquences! Ça reste du moins une éventualité à ne pas écarter. Car un fait est certain: les échéances et le rythme infernal auquel est soumis le champion «sang et or» peut peser sur les jambes. De quoi relancer un peu le suspense ! Rien n'est moins sûr. Passage de témoin ? Quel passage de témoin ! A l'Espérance cependant, la dernière participation à la C1 a laissé des traces. Le coach en a récemment fait les frais, et l'EST est même en train de composer actuellement sans head-coach attitré. Puis, même si en championnat, l'EST prend peu de buts, en Ligue des champions, il a laissé entrevoir plusieurs carences. Primo, la charnière doit se reconstruire. L'attaque doit se réinventer et le milieu a besoin de doublures qui puissent alterner et apporter ce second souffle parfois exigé. Certaines associations seront en tout cas particulièrement scrutées dans les prochaines semaines. Il faut comprendre aussi qu'indépendamment du sujet qui nous concerne (l'EST a-t-elle plié le championnat?), la Ligue des champions est l'objectif majeur de l'Espérance. La Ligue 1, c'est bien gentil mais l'EST rêve d'Afrique! Cette saison, Faouzi Benzarti a encore été jugé sur sa capacité à faire franchir un cap aux siens. Le résultat est sans appel: Autant les Espérantistes ont de la marge en championnat, autant c'est une équipe parmi huit autres en Ligue des champions. Et il faut éviter le fait qu'accaparée par ses joutes continentales, l'EST pourrait laisser des points et des plumes en Ligue 1. A ses adversaires alors d'en profiter, mais ce n'est pas encore gagné ! Car à ce rythme-là l'EST pourrait être sacrée champion avant l'heure. Bref, le tour d'honneur n'est déjà plus très loin ! Oui, tel un rouleau compresseur, le club de la capitale file vers le titre et fait le vide autour de lui. Actuellement, aucune équipe de Ligue 1 ne semble en mesure d'entraver sa marche triomphale vers un énième couronnement. Après avoir eu l'outrecuidance de la priver du trône il y a quelques années, l'Etoile, le CSS et le CA sont vraisemblablement les victimes en date d'une EST intraitable ! Car c'est de plus en plus visible. Même le présumé concurrent principal de l'EST, l'Etoile du Sahel, qui fournit le gros des troupes de l'équipe nationale, n'est quasiment plus assez nanti et armé pour déjouer Ferjani Sassi et consorts. Et le gouffre est actuellement béant entre les deux anciens rivaux !