- La qualification n'est pas une surprise pour nous. - Jouer dans notre stade a fait la différence vers la fin. - J'ai beaucoup appris des dirigeants de l'ESS, du CA et de la sélection. - Le joueur tunisien a beaucoup régressé sur le plan technique. - Le CS Chebba doit garder ses repères au play-off. Entraîneur, vice, président et ex-joueur correct et respecté par tout le monde, Mohamed Mekacher nous parle de la qualification au play-off et de sa vie dans ce club. Entretien. Parlez-nous de votre exploit en Ligue 2, celui de se qualifier au play-off en tant que leader de votre groupe... C'est un bon pour ne pas dire magnifique parcours. Nous avons terminé la première place avec la meilleure attaque et la deuxième meilleure défense. Notre qualification au play-off est pour certains une surprise. Pour nous, et bien que ce soit notre première année en L2, ce n'est pas surprenant du tout. Nous avons atteint notre premier objectif, grâce à la bonne préparation, au bon départ et à la série de victoires acquises au début. Nous n'avons pu jouer au début dans notre stade, et devions jouer 6 matches a domicile sur d'autres stades tels que Ksour Essef ou Monastir. Heureusement que sur les derniers matches, on a pu évoluer devant notre public et ceci nous a énormément aidés à prendre l'élan et le sursaut pour terminer à la première place. Je suis hyper satisfait. La formule était très compliquée et discutable... C'est une formule pénible et très compliquée. Trois clubs de chaque groupe vont au play-off, et un niveau presque équivalent avec une énorme pression vers la fin. De plus, nous sommes tombés sur un groupe difficile où il y avait des clubs très expérimentés en L2. Il fallait attendre jusqu'au dernier moment pour être sûr de la qualification au play-off et du nom des retrogradés. Y a-til eu des moments difficiles où vous avez douté? Oui, bien sûr, il y a eu un passage délicat et beaucoup de points perdus au milieu du parcours. Quand on n'a pu jouer dans notre stade, on a raté 5 points sur deux matches avec une défaite contre le SCB Arous. On a été obligé de reculer à la 7e place, mais tout en gardant le contact, le classement était serré. Heureusement qu'on a pu ramener des points de l'extérieur qui nous ont permis de nous replacer, et comme je vous l'ai dit avant, le fait de jouer dans notre stade a fait la différence vers la fin. La pression de l'accession en L1 s'installe déjà dans votre entourage? Certainement qu'il va y avoir cette pression de l'entourage. Le rêve de l'accession, on le vit de plus en plus et ça devient une sorte d'envie collective. On est en train de respecter les plans élaborés depuis plus de deux ans. Taoufik Mekacher, président du club, a mis tous les moyens depuis qu'il est arrivé, pour qu'en 3 ou 4 saisons, on monte en L1. On a investi sur de bons et de jeunes joueurs, le club est bien structuré, les résultats sont là. Cette pression ne me dérange pas outre mesure, car l'accession est bel et bien un objectif tracé depuis une bonne période. C'est donc un beau rêve à vivre? Absolument. C'est un rêve fabuleux ce qui se passe ici à Chebba. On vit bien dans ce club, le public est maintenant engagé, l'atmosphère est conviviale et les joueurs s'expriment dans un cadre motivant. Par rapport à d'autres clubs, le CSChebba est sur un nuage quels que soient les résultats futurs. Vous cumulez le poste d'entraîneur, comme on vous connaît, mais aussi le poste de vice-président, comment vivez-vous cela? C'est une nouvelle expérience. Au début, quand j'ai débarqué en 2015, j'étais premier vice-président avec droit de regard technique. On a formé une équipe complémentaire, avec 15 nouveaux joueurs recrutés. Cette expérience de dirigeant ne m'a pas posé de problème, vu que j'ai beaucoup appris, en tant que joueur, des dirigeants de l'ESS, du CA et de la sélection. Je regardais comment ils géraient, et j'ai fait de même. L'année dernière, j'ai retrouvé le poste d'entraîneur, tout en gardant mon poste de vice-président. Je cumule les deux rôles sans soucis, mais pour le moment, je me concentre plus sur les fonctions d'entraîneur. Parlez-nous du niveau de la L2 cette année ? C'est un championnat disputé mais le niveau n'est pas impressionnant, faut-il l'admettre. Il y a de bons clubs, mais il y a aussi des clubs fragiles et irréguliers. Les stades ne sont pas bien aménagés pour pratiquer un beau football. Ce qui explique pourquoi il y a eu de mauvais matches. La formule exigeante y est pour beaucoup dans cette instabilité avec une pression fatale sur les épaules de toutes les équipes. Il y a donc des joueurs de L2 qui peuvent jouer en L1 ? Pour être honnête, il y a quelques jeunes joueurs que j'ai pu suivre qui peuvent évoluer sans aucun problème dans les grands clubs de la L1. Ils ont besoin d'un peu de confiance et de beaucoup de travail pour, un jour, saisir la chance de jouer en L1. Mais pour les autres joueurs de la L2, ils sont au-dessus de la moyenne. Parlons généralement du footballeur tunisien. Est-il bon ou mauvais, d'après vous ? Même s'il y a des progrès athlétiques et tactiques, le joueur tunisien a régressé sur le plan technique. Il n'y a plus ces joueurs charismatiques qui portaient leurs clubs sur leurs épaules. Je me souviens des Beya, Souayah, Hamrouni, Rouissi et autres grands joueurs. Maintenant, cette classe de grands joueurs déterminants est révolue, on a des joueurs instables qui cherchent l'intérêt financier avant l'intérêt sportif. Avant que le play-off ne commence, quelle est votre devise pour accéder en L1 ? On doit travailler avec le même sérieux. Maintenant, c'est une nouvelle étape et un parcours spécial. Nous n'avons pas le droit de perdre des points au début. Il faut que nous restions unis et concentrés et il faut garder les vestiaires calmes. Le plus important, c'est d'y croire et de ne pas fléchir. Terminons avec la sélection. Vous qui y avez joué, qu'en pensez-vous avant le Mondial ? Tant qu'on est qualifié au Mondial, c'est une grande performance. Cela dit, il faut avouer que ce n'était pas très convaincant, bien qu'on ait évolué dans le groupe le plus abordable. Maintenant, il faudra faire le bon casting et rappeler les joueurs qui vont apporter le plus. Moi, j'y crois beaucoup. Sur un seul match, et avec le cœur, nous sommes capables de surprendre l'Angleterre ou la Belgique. On ne doit pas aller en Russie pour faire de la figuration.