En cas de vol de bétail ou de matériel agricole, la peine peut aller jusqu'à dix ans d'emprisonnement. Plus jamais comme avant, c'est l'esprit qui anime la nouvelle loi relative au vol dans le secteur agricole qui, au demeurant, a créé chez les agriculteurs une satisfaction certaine, en attendant la consécration de cette loi dans les faits. Qu'il s'agit de l'œuf ou du bœuf, la sanction est toujours lourde pour le vol du bétail ou encore pour le matériel agricole avec des peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement incompressible. La promulgation de cette loi est venue, en effet, tranquilliser un tant soit peu les agriculteurs, en particulier les éleveurs d'ovins et de bovins, qui ont été les plus grandes victimes de ces crimes organisés et qui, plus est, se sont même internationalisés avec le trafic de bétail sur les frontières ouest du pays, où est emmenée une partie du cheptel bovin et, surtout, négociée en monnaie sonnante et trébuchante au grand dam des propriétaires et même des consommateurs qui sont les premiers à subir de plein fouet les conséquences d'un tel trafic juteux pour ceux qui le pratiquent. Du coup, cela se répercute sur les prix des viandes rouges qui ont atteint entre 2017 et 2018 des seuils intolérables avec près de 26 dinars pour le kilo de viande désossée (filet, noix, steak, etc.) et affecté donc les bourses vulnérables des citoyens lesquels assistent impuissants à cette frénésie de la hausse des prix des viandes dans le pays. Il faut reconnaître que plus de 2.000 têtes, voire plus, ont été subtilisées ces dernières années dans le seul gouvernorat du Kef où les éleveurs isolés et sans grand soutien familier, en termes de nombre, ont été les premiers à être agressés et spoliés de leur cheptel, le tout dans le cadre de gangs organisés, avec des éclaireurs, des passeurs et clients qui achètent les yeux fermés. D'ailleurs, les services de la Garde nationale du Kef ont démantelé, au début de cette année, un vaste trafic de bétail organisé perpétré par des individus agissant en groupes spécialisés, en étroite collaboration avec un fermier qui stocke le bétail dans des hangars aménagés spécialement pour ce genre de trafic. Certains des éléments de ce trafic sont sous les verrous, alors que d'autres ont été identifiés et sont activement recherchés. Le président du syndicat des agriculteurs du Kef parle même de la fin d'un cauchemar avec la promulgation de la loi relative au vol de bétail estimant qu'elle va mettre un peu en confiance les éleveurs lesquels, pourtant, sont passés à la vitesse supérieure et ont multiplié les moyens de surveillance et d'alerte, en augmentant, à titre indicatif, comme l'a expliqué un éleveur de Nabeul, «le nombre de chiens de garde et la surveillance la nuit». Les voleurs, dit-il, s'ingénient même à trouver les bons moyens pour contourner cette situation, en offrant aux chiens de la viande empoisonnée après les avoir entraînés un peu loin de leurs repères, et ce, de façon à augmenter les chances de réussite de leurs stratagèmes de vol planifié, d'autant plus que la cible est généralement identifiée et étudiée au préalable. C'est dire à quel point le crime a évolué en matière de vol de bétail mais aussi d'oliveraies, de machinismes agricoles et même de volailles. Tout est bon à prendre du côté des voleurs qui parfois recourent à la violence physique quand ils sont contraints de passer à l'action. Mais la sanction est la même pour l'œuf et le bœuf. Fort heureusement encore, comme l'a expliqué le président du syndicat des agriculteurs du Kef, la décision portant immatriculation du cheptel et le contrôle de tout transfert sur les routes sont venus rassurer encore les éleveurs qui ont, d'abord, exigé du temps pour achever les opérations d'immatriculation avant l'application de la nouvelle mesure. Celle-ci s'applique, désormais, aux marchés aux bestiaux hebdomadaires où les forces de sécurité et de contrôle économique se déploient pour vérifier la traçabilité du cheptel, et ce, de manière à mettre fin au phénomène du vol de bétail qui, selon plusieurs agriculteurs du Nord-Ouest, a failli mettre en danger les systèmes d'exploitation agricoles, comme celui de l'élevage. Les éleveurs ont même appelé le gouvernement à leur accorder des permis de port de fusils de chasse pour se défendre en cas d'agression. L'Union régionale des agriculteurs du Kef a même tenu en février une réunion à ce sujet et lancé un appel au gouvernement pour l'octroi, en concertation avec les structures de l'Union, de permis de port d'armes de chasse aux éleveurs menacés, de par leur éloignement, par les actes de vol qualifié. Même si la situation a tendance à s'améliorer et que les mesures ainsi que la loi relative au vol du bétail sont venues rassurer les éleveurs, ces derniers sont toujours hantés par le cauchemar des agressions dont ont victimes certaines familles vulnérables auxquelles certains voleurs impénitents et sans aucune humanité ont pris même l'agneau à sacrifier pour la fête de l'Aïd El Kébir, un acte qui a été effectué sous la menace d'une arme blanche et sous les larmes abondantes qu'une vieille dame en haillons et ne pouvait retenir face à cet acte odieux commis par des barbares pour lesquels seul l'argent compte. L'agneau est parti mais les auteurs de cet acte ont été rapidement arrêtés et jugés avec cinq années d'emprisonnement pour chacun d'entre eux...