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«Le mix énergétique sera renforcé et diversifié»
Entretien avec Khaled Kaddour, ministre de l'Energie et des Mines
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 05 - 2018

M. Khaled Kaddour, ministre de l'Energie et des Mines, nous explique, dans cet entretien exclusif, les objectifs de la Tunisie en matière de promotion des énergies renouvelables qui sera concrétisée par le lancement de plusieurs projets utilisant notamment le solaire pour la production de l'électricité avec l'implication du secteur privé dans le cadre d'un partenariat public-privé. Des partenaires étrangers seront également associés aux projets énergétiques que la Tunisie compte lancer au cours de la prochaine période.
Pouvez-vous nous donner une idée sur la stratégie tunisienne relative à l'énergie ?
Dans le domaine de l'énergie, il faut avoir une vision de long terme. C'est que les projets dans ce secteur sont productifs après cinq, voire dix ans. Une découverte de champ pétrolier, par exemple, est exploitable après cinq années. C'est aussi le cas d'une centrale électrique. C'est pourquoi nous travaillons sur le moyen et long terme mais aussi sur la temporalité. Toute la société tunisienne est en transition multidimensionnelle. Je pense que la démographie est la base de toute réflexion. Nos projets visent l'année 2050 avec une population estimée à 13,5 millions d'habitants.
Des projets sont, certes, prévus pour 2020, horizon intermédiaire, mais seront exploités au-delà de cette année, sans oublier, toutefois, les actions immédiates. La Tunisie a opté pour les énergies renouvelables. Une première centrale électrique de 10 mégawatts, dont l'appel d'offres a été lancé, sera installée à Tozeur. On prévoit aussi 10 projets en énergie renouvelable, dont 6 d'une capacité de 10 mégawatts chacun. Le prix proposé par les fournisseurs est de 150 millimes le kilowattheure sans subvention. Le marché a donné ce prix. A la faveur de l'énergie renouvelable, une industrie peut être développée en Tunisie.
La station énergétique de 10 mégawatts à Tozeur relève de la Steg. Ces projets entrent dans le cadre de la transition énergétique et visent le développement durable dans le futur. L'infrastructure de l'électricité sera développée et le secteur des hydrocarbures mis à niveau. L'image finale de l'énergie en 2050 sera celle d'une nouvelle génération caractérisée par des ruptures sociales et technologiques. Des voitures à l'énergie propre comme les voitures électriques seront mises en circulation. On encourage les voitures électriques. D'ailleurs, deux voitures et un bus seront testés au début. Il faut ajuster les lois relatives à la transition vers l'énergie renouvelable.
Comment réaliser la sécurité énergétique à moyen et long terme ?
Nous visons la sécurité énergétique à la faveur de ces nouveaux projets. Le mix énergétique sera renforcé et diversifié grâce notamment à l'interconnexion avec l'Italie en plus de celle de l'Algérie. Il faut mettre en place une agence de régulation énergétique pour assurer une meilleure gouvernance. Grâce aux énergies renouvelables, l'électricité sera fournie à moindre coût avec un meilleur ciblage des personnes à revenu limité qui ont besoin de subvention. La capacité électrique sera, en outre, améliorée. Selon le plan solaire mis à jour on va passer à 1600 mégawatts au lieu de 1000 mégawatts initialement prévus. Cette subvention sera transférée pour les projets d'énergie renouvelable. La population à faible revenu sera aidée pour installer les panneaux photovoltaïques notamment pour ceux qui consomment 100 kilowattheures par mois. Les bénéficiaires seront au nombre de 1.101.000 familles environ.
Des concessions et des autorisations seront données au secteur privé pour prendre en charge certains projets d'énergie renouvelable et réduire ainsi la pression sur l'énergie conventionnelle. Cependant, le stockage de l'énergie est très coûteux. On peut citer, tout de même, le projet de stockage et de turbinage qui sera installé à Jendouba et un autre projet qui sera réalisé avec le partenaire italien, encore en phase d'étude, qui sera lancé en 2023.
Quels sont concrètement les projets à réaliser avec les partenaires étrangers ?
Parmi les projets à réaliser, on peut citer aussi le projet CSP de stockage de l'énergie utilisant une technologie de pointe (une tour sera installée) dans ce cadre. Le projet, qui sera réalisé avec la Banque mondiale, sera opérationnel en 2023. Un autre projet tuniso-italien concernera un équipement mixte des installations. Avec le partenaire allemand, un projet de turbinage est également prévu pour les années 2022-2023. Pour ce qui est des centrales électriques, 2 seront réalisées à Skhira dont une relève de la Steg et l'autre entrant dans le cadre du partenariat public-privé.
D'une capacité de 280 mégawatts en énergie renouvelable, le projet doit être conforme au cahier des charges en préparation. On a déjà entamé le processus de réalisation dudit projet. S'agissant des hydrocarbures, les prospections se poursuivent dans le cadre de l'exploitation des ressources conventionnelles. Cette année, l'objectif était de donner 8 autorisations de prospection, nombre qui a été déjà atteint. C'est un investissement lourd pour chaque entreprise qui fait la prospection pouvant aller de 30 à 70 millions de dollars.
La grande partie des prospections se trouve dans le Sud avec un taux de risque de 15%. C'est que, parfois, les prospections effectuées et qui ont nécessité des millions de dollars s'avèrent négatives. L'Etat n'entre pas dans les activités de prospection, vu le risque encouru et les dépenses faramineuses, mais il est impliqué dans les projets de développement.
Les autorités tunisiennes sont-elles informées des quantités de pétrole produites ?
Contrairement aux rumeurs propagées, nous disposons des moyens de comptage des ressources hydrocarbures et qui sont sous le contrôle de la douane. Nous avons, d'ailleurs, organisé une visite des membres de la commission énergie à l'Assemblée des représentants du peuple pour constater de visu le système mis en place et avoir une idée sur le comptage des quantités de pétrole. Je dois dire que cette commission fait du beau travail et écoute les spécialistes quand ils parlent d'énergie. On a constaté, au cours des dernières années, que plusieurs personnes qui se présentent comme des experts ou des spécialistes parlent dans les médias et particulièrement dans les plateaux de télévision de tout et avancent des informations erronées sans se baser sur un appui scientifique. Le secteur de l'énergie est divisé au moins en dix spécialités et chaque personne diplômée dans une branche donnée ne peut parler que de sa spécialité.
En 2010, on comptait 54 autorisations ou permis de prospection contre seulement 23 actuellement. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette chute des prospecteurs dont l'article 13 du code des hydrocarbures qui doit faire l'objet d'une refonte. Des encouragements fiscaux et financiers doivent continuer à être attribués aux prospecteurs qui sont des investisseurs directs dépensant des millions de dollars dans le cadre de leur activité. Des sites de prospection sont également disponibles au nord et au centre comme ceux des gouvernorats de Bizerte et de Sidi Bouzid. A l'avenir, les foyers seront approvisionnés en gaz naturel grâce à l'apport provenant du gazoduc algérien et à nos propres ressources. Même Sakiet Sidi Youssef au Kef est concerné par le gaz algérien, ce qui constitue un geste symbolique traduisant les liens d'amitié entre les deux pays. Nous avons aussi des projets de prospection off-shore notamment au nord du pays.
Comment attirer des investisseurs étrangers pour prospecter des champs énergétiques en Tunisie ?
Une action promotionnelle du site tunisien a été menée en vue d'attirer les investisseurs étrangers et de les amener à prospecter dans le territoire tunisien et en tirer le meilleur profit. L'étude portera aussi sur l'exploitation du gaz de schiste, à l'instar de ce qui a été fait en Algérie et dans plusieurs autres pays. Les centrales électriques à Radès et Mornaguia vont améliorer aussi l'apport en électricité. Le choix de la Tunisie pour les énergies renouvelables va inciter les bailleurs de fonds internationaux à financer nos projets qui sont innovants.
La région de Tozeur qui sera équipée en panneaux photovoltaïques sera le site modèle que l'on veut promouvoir à l'étranger. Elle sera une ville amie de l'environnement avec exploitation de l'énergie solaire et toutes les composantes y afférentes. Avec les 70 mégawatts à produire, on va couvrir tous les besoins de la région, en l'occurrence ceux de 110 mille habitants. La région est connue aussi pour ses activités agricoles bio et son patrimoine culturel. En tout, des projets d'une capacité de 200 mégawatts seront lancés, sachant que la région compte des superficies agricoles couvrant 1000 ha avec 7 puits, un petit village et une école. Le projet intégré que nous comptons réaliser comporte plusieurs commodités respectant l'environnement.
Les firmes d'exploration et d'exploitation pétrolières étrangères sont-elles toujours intéressées par les sites tunisiens ?
A vrai dire, les sites tunisiens ne font pas rêver les firmes d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures, autant pour les hydrocarbures conventionnels que pour les non-conventionnels. Actuellement, 8 permis de recherche ont été attribués à des sociétés d'exploration pétrolières pour des travaux de recherche. Et là je veux faire le point sur la question controversée des ressources pétrolières de la Tunisie. Les revendications de plusieurs manifestants, notamment dans la campagne « winou el pétrole » qui appellent à la «nationalisation» de l'industrie pétrolière en Tunisie sont insensées.
Ces revendications s'expliquent par des demandes de certains citoyens qui veulent avoir une rente pétrolière. A l'image des pays pétroliers du Golfe, où les habitants reçoivent des rentes pétrolières. A cet égard, nous devons éclaircir plusieurs points. Tout d'abord, la Tunisie n'est pas un pays pétrolier, et elle ne peut pas l'être, vu qu'elle n'est pas pourvue de gisements pétroliers. Contrairement à la fausse idée ancrée dans l'imaginaire collectif des Tunisiens, la Tunisie n'est pas dotée d'une géologie qui offre de bonnes perspectives fossiles, même si on est situé entre deux pays pétroliers. Autre bémol, le taux de réussite des travaux de forage est très faible, de l'ordre de 15%. Cela dit, l'Etat ne peut pas prendre le risque d'intervenir lors des travaux de recherche, à cause de leurs coûts très élevés, doublés d'une faible rentabilité sur le plan retour sur investissement. Récemment, une société d'exploration pétrolière américaine vient de dépenser 110 millions de dinars, en vain. Ce qui est fréquent.
Des rumeurs ont longtemps circulé, évoquant l'exploitation incontrôlée des gisements pétroliers par des firmes étrangères. L'on a même parlé d'une exploration sans l'usage des compteurs de relèvement.
Ce sont des propos infondés, qui émanent, comme je l'avais dit précédemment, d'une culture qui prône l'octroi des rentes pétrolières. Les compteurs sont la propriété de la douane tunisienne. Dans chaque puits de forage, il y a un agent douanier qui se charge du relèvement de l'index des compteurs. A vrai dire, les membres actuels de la commission de l'énergie relevant de l'Assemblée des représentants du peuple sont coopératifs. L'an dernier, ils ont fait une visite des puits de forage, lors du sit-in d'El Kamour, et ils ont observé, en toute transparence le déroulement des travaux d'exploitation des sites.
Le ministère compte-t-il étendre le raccordement au gaz naturel des régions non desservies ?
Oui, bien entendu. L'extension du branchement des foyers sera faite progressivement et continuellement, à l'horizon 2020. Pour encourager le raccordement des familles au gaz de ville, le ministère table sur le subventionnement des financements de branchement au gaz naturel, parce qu'on a constaté que plusieurs familles optent pour l'utilisation du gaz en bouteilles, parce qu'il est subventionné. La région de Sakiet Sidi Youssef sera également desservie en gaz algérien. Aussi, il est à noter que 8 permis de prospection gazière ont été octroyés, cette année, pour la recherche de champs de gaz dans la mer du Nord. Egalement, le ministère procédera à la fixation de nouvelles mesures incitatives pour drainer davantage les sociétés d'exploitation des hydrocarbures, notamment non conventionnels.
Qu'en est-il du mécanisme de régulation des prix des hydrocarbures ?
Il est clair que le système de subvention des hydrocarbures ne peut plus continuer à fonctionner, à cause du déficit et des pertes énormes qu'il engendre. Mais l'Etat procédera graduellement à la réforme du système de subvention des prix des hydrocarbures. Comme je l'avais précédemment annoncé, nous nous sommes orientés vers le subventionnement des énergies renouvelables au lieu du subventionnement des énergies fossiles. Ce qui sera rentable pour les consommateurs et, également, pour l'Etat.
La production de phosphate a-t-elle pris son rythme habituel ?
Oui, les activités d'extraction et de transport de phosphate ont repris. Il y a quelques problèmes d'ordre technique, mais la bonne nouvelle c'est qu'il n'y a plus de sit-in.


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