Par Anis SOUADI Les investissements touristiques connaissent depuis quelque temps un rythme d'évolution accéléré. Mais ce qui attire réellement l'attention, c'est la nature même des projets annoncés, et qui prennent, à chaque fois, une dimension plus importante. Le projet de la station touristique à Tozeur ou encore celui du complexe touristique du Cap Blanc à Bizerte, présenté mardi dernier au Chef de l'Etat, en sont une belle preuve. Cette orientation conforte d'une manière significative la vocation stratégique de ce secteur qui affiche régulièrement un bon comportement. Cela est d'autant plus vrai que le tourisme tunisien représente, bon an mal an, près de 6% du PIB du pays, assure environ 400.000 emplois directs et indirects, ce qui fait que plus de 1,5 million de Tunisiens vivent de ce secteur. Mieux encore, grâce à ses recettes en devises, le secteur couvre le déficit de la balance commerciale à plus de 60%. Mais ce qui caractérise encore plus le tourisme tunisien, c'est à la fois cette capacité de résistance face aux chocs et surtout de relance . En effet, au moment même ou le tourisme mondial est bien malmené par la crise financière internationale, et totalement marqué par la morosité de la situation économique dans les principaux marchés émetteurs, notamment de l'Europe, notre principal partenaire, le tourisme tunisien a réussi à limiter significativement les dégâts, et maintenir ainsi un comportement rassurant. Il a réussi à franchir, et depuis quelques années déjà, la barre des six millions de touristes par an, et on parle même d'un tout prochain nouveau record de 7 millions. Mieux, le programme présidentiel pour la prochaine étape, «Ensemble, relevons les défis» s'est fixé comme objectif de se rapprocher de la barre de 10 millions de touristes. Toutefois, malgré leur importance, les bons résultats du tourisme tunisien restent en deçà de nos attentes réelles et ne reflètent pas tout le potentiel du secteur. On osera dire même que ces réalisations ne sont pas trop convaincantes par rapport aux résultats de nos concurrents directs. Si l'on se réfère aux analyses et aux diagnostics des experts, l'on peut dire que le vrai problème du tourisme tunisien, c'est son incapacité, jusque-là, de trouver les formules idéales qui soient en mesure de lui permettre de tirer pleinement profit de son vrai potentiel et d'exploiter au mieux tous les avantages de son environnement direct, faute de politiques d'exploitation, de gestion, de promotion et même de communication ...bien cohérentes. C'est d'ailleurs ce même constat qui a imposé une revue totale et profonde des différentes approches avec l'ambition de rattraper le temps perdu et redonner au tourisme national tout son éclat. En effet, conscient de l'importance des différents enjeux et surtout de la complexité des nouvelles exigences sur le marché international, le tourisme tunisien a cherché à s'entourer rapidement des différents atouts de compétitivité, surtout celui de la qualité totale de l'offre proposée. Le lancement de tout un programme de mise à niveau des unités hôtelières procède nettement de ce souci prioritaire. Il faut rappeler dans ce même contexte que le programme de mise à niveau des établissements hôteliers a été dicté par une conjoncture aussi bien nationale qu'internationale particulière. Il s'agit surtout de la crise conjoncturelle des années 2002 et 2003, de la faible diversification du produit touristique, de la qualité moyenne des services offerts et de l'insuffisance de la rentabilité des établissements touristiques. Tous ces facteurs ont fait du lancement du programme de mise à niveau une option incontournable. Et c'est plus précisément en 2005 qu'on a assisté au lancement effectif de ce programme à travers une opération pilote qui a concerné, dans une première phase, 42 unités d'une capacité de 20.000 lits, pour une enveloppe totale de 80MD. On rappelle également que cette mise à niveau concerne certains axes stratégiques reposant surtout sur la promotion de la qualité des services, le développement des ressources humaines, l'introduction des TIC, l'assainissement financier du secteur, la protection de l'environnement direct et indirect des établissements hôteliers, l'adhésion au programme national d'économie d'énergie et d'eau, la mise en place d'instruments de veille stratégique. Reste que bien que salutaire, cette mise à niveau, et selon les premières évaluations, n'a pas réussi à atteindre le rythme espéré, et même les premiers résultats sont qualifiés de mitigés puisque le nombre des unités ayant engagé des démarches, notamment de qualité, est encore timide. Une question qui devrait être rapidement repensée, surtout que 521 unités hôtelières seront concernées par cette mise à niveau pour une enveloppe prévisionnelle totale de l'ordre de 924 MD (231MD pour l'immatériel et 693 MD pour le matériel). Il convient de rappeler à ce propos que le Chef de l'Etat n'a cessé de multiplier les mesures et les incitations pour amener les professionnels à s'engager encore plus dans cette démarche et accélérer ainsi le processus de mise à niveau. La signature d'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, d'un décret organisant l'intervention du Fonds de développement de la compétitivité du secteur touristique dans le domaine de la mise à niveau des unités hôtelières donne toute sa mesure à cette orientation stratégique. Mieux encore, pour réussir ce programme ambitieux, des primes importantes ont été prévues. Il s'agit d'une prime de 70% du coût de l'étude de diagnostic avec un plafond de 20.000 dinars, d'une prime de 10% du coût total de la mise à niveau relative aux investissements immatériels et matériels avec un plafond de 150.000 dinars (par unité). Il est clair donc que l'environnement actuel s'apprête totalement à la garantie d'une meilleure compétitivité des entreprises touristiques tunisiennes. Cela est d'autant plus vrai que l'étude stratégique pour le développement du secteur touristique à l'horizon 2016 a apporté des réponses et des solutions fiables et concrètes à tous les maux de notre secteur. Des solutions qui, une fois appliquées, assureraient un passage rapide vers la qualité totale. Une qualité que l'on espère, bien entendu, globale et durable.