Hafedh Caïd Essebsi annonce le démarrage des préparatifs en vue du congrès électif de Nida Tounès. On se demande si les fondateurs écartés en 2015 pourront y retourner et à quelles conditions et en contrepartie de quelles assurances La journée du samedi 16 juin 2018 correspond au 6e anniversaire de la création du parti Nida Tounès, un certain 16 juin 2012, par Béji Caïd Essebsi, à l'époque Premier ministre intérimaire de mars à novembre 2011 et ses 11 compagnons-pionniers dont la majorité ont quitté le parti de leur propre gré ou ont été obligés de le faire après la double victoire aux législatives et à la présidentielle de fin 2014, laissant la place libre à Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif actuel du parti et son représentant officiel. A l'occasion de la célébration de cet anniversaire, Hafedh Caïd Essebsi a appelé «à commencer les préparatifs pour la tenue du congrès électif du parti», congrès que la plupart des adhérents attendent depuis l'annonce de la création du parti qui a réussi à remporter deux élections (les législatives et la présidentielle de 2014) et a perdu deux élections (les législatives partielles en Allemagne en décembre 2017 et les municipales du 6 mai 2018). Quelles sont les raisons qui ont poussé Hafedh Caïd Essebsi à accélérer les préparatifs du congrès électif en cette période de crise secouant le pays à la faveur de la suspension du dialogue sur le Document de Carthage II, le 28 mai dernier ? Hafedh Caïd Essebsi a-t-il cédé aux pressions internes exercées par certains responsables nidaistes et exprimées aussi par certains députés du parti qui l'appellent à faire sortir le parti de la crise dans laquelle il se démène à l'heure actuelle marquée notamment par l'émergence de deux positions ? La première est pour la révocation de Youssef Chahed de son poste de chef de gouvernement comme ne cesse de le souligner Hafedh Caïd Essebsi. La deuxième position soutenue par plusieurs députés, ministres et coordinateurs régionaux du parti appelle au maintien de Youssef Chahed. Une délégation représentant cette aile au parti est même allée rencontrer le chef du gouvernement pour lui signifier son soutien, tout en déclarant que «le directeur exécutif du parti était au courant de la démarche». Des contacts en cours mais Les pionniers du parti, à l'instar de Lazhar Akremi, Abdessattar Messaoudi ou Taieb Baccouche, ont-ils été contactés par une partie quelconque émanant du parti lui-même ou se présentant comme un émissaire de bons offices en vue de réintégrer Nida Tounès et de tourner la page des conflits et des tensions ? Lazhar Akremi, l'un des adversaires les plus virulents de Hafedh Caïd Essebsi, confie à La Presse : «Oui, ils essayent de nous proposer de retourner au parti sauf que nous refusons leur offre dans la mesure où nous contestons la légitimité de Hafedh Caïd Essebsi et nous considérons qu'il n'a aucun statut pour négocier au nom du parti». Notre source ajoute : «Hafedh Caïd Essebsi essaye de faire croire qu'il est légitime et qu'il est possible de négocier avec lui. Notre position n'a pas changé d'un iota. Hafedh et les dirigeants actuels du parti, notamment ceux qu'on nomme «les recrutés», n'ont pas à préparer le congrès du parti. Seule l'instance constitutive a le droit de diriger et de mener les préparatifs du congrès». La position de Lazhar Akremi est partagée par la députée nidaïste Fatma M'seddi. Elle vient de publier une déclaration sur Facebook signée par plusieurs responsables nidaïstes et aussi certains coordinateurs régionaux implorant «le président fondateur du parti, le président Béji Caïd Essebsi, à geler la direction actuelle de Nida Tounès jusqu'à la tenue du congrès électif et à désigner un comité directeur provisoire qui sera chargé de préparer et de conduire le congrès électif avant fin 2018». Et les positions à propos de l'appel de Hafedh Caïd Essebsi à entamer les préparatifs du congrès de se multiplier sans se ressembler. «Pour le moment, rien n'est officiel. Nous sommes encore à la phase des déclarations ou des promesses et ce n'est pas la première fois que Hafedh livre de telles déclarations quand il se trouve en difficulté», révèle à La Presse une source informée au sein du parti. Elle ajoute : «Les contacts avec les pionniers afin de les convaincre de retourner au parti existent sauf qu'on n'est pas encore parvenu à une solution consensuelle dans la mesure où ils exigent toujours que les intrus soient expulsés du parti et ceux-ci sont toujours soutenus par Hafedh Caïd Essebsi». De son côté, Ridha Belhaj, l'un des fondateurs de Nida Tounès et coordinateur général du parti «La Tunisie, d'abord», dévoile à La Presse : «Pour le moment, personne ne nous a contactés pour un éventuel retour à Nida Tounès ni parmi les lieutenants de Hafedh Caïd Essebsi ni par Mohsen Marzouk qui se propose de jouer M. Bons offices entre Hafedh et ceux qui ont été mis à l'écart. Nous attendons ce qu'il adviendra du sort qui sera réservé au chef du gouvernement pour nous positionner».