Par Jalel Mestiri Encore un revers étonnant à première vue, mais qui est venu sanctionner un turnover massif. On avait tous l'espoir et l'envie que cela change à l'EST, que l'équipe puisse mettre son jeu en place, mais il y a toujours une fracture entre ce qui est souhaité et la réalité, souvent amère, du terrain. On est loin, très loin du chemin d'un redressement complet. Les joueurs, qui en sont les principaux responsables, mais aussi ceux qui sabotent le club dans les coulisses et qui s'en prennent tout particulièrement au président du club Hamdi Meddeb et au premier responsable technique, Khaled Ben Yahia, peuvent encore essayer de se voiler la face, mais ils doivent désormais avoir une petite idée sur la discorde et la dissension qu'ils ont provoquées. On pourrait même penser à des séances de franchise et de thérapies collectives pour tenter de comprendre et se promettre de ne plus connaître pareille désillusion. Rappeler chacun à son devoir, à ses obligations, à son intégrité envers le club, aux valeurs bafouées. En l'absence de renforts dont l'équipe a besoin plus que jamais, quand on regarde certains autres joueurs s'embrouiller et se débattre sur le terrain, il y a de quoi s'inquiéter. On est de plus en plus convaincu que l'EST dans sa véritable envergure est désormais inaccessible à certains joueurs, que beaucoup n'y ont plus leur place. Surtout par rapport à ce qui est demandé dans la compétition de haut niveau. C'est une autre épreuve. Inaccessible aux joueurs ordinaires. A ce niveau d'exigence, ce n'est pas un autre football, mais c'est un autre monde. Cette mauvaise appréciation n'a pas empêché les spéculations sur le rendement de l'équipe, la prestation des joueurs et surtout les aptitudes de la plupart d'entre eux. Non, l'Espérance n'est pas encore guérie. Elle demeure clairement fébrile sur le plan mental. D'une manière générale, les matches se suivent et se ressemblent. Et ce ne sont pas les quelques éclaircies qui vont rassurer sur son avenir. Malmenée comme à l'accoutumée, incapable d'accélérer en dépit de certains moments de supériorité, elle n'a pas pu défendre et préserver son statut de championne arabe en titre. Une élimination qui pourrait lui coûter cher sur le plan comptable, comme sur le plan psychologique, puisqu'en plus d'être relativement peu inspirés dans le jeu, les joueurs sont toujours incapables de montrer le bout des crampons. La toute petite éclaircie ne donne pas plus d'impulsion positive que cela à un collectif décidément bien balbutiant. Il faut dire que cette déroute est tout sauf une surprise. Cela pendait au nez depuis quelque temps! Les résultats étaient quelque part là, mais le rendement trop insuffisant. Le ton est donné. Après la déroute, le soutien. C'est aussi le moment de travailler dans la sérénité et la confiance. On ne se défausse pas. La responsabilité de ce qui arrive est partagée. Personne n'est irréprochable. Au-delà des déceptions et des frustrations, c'est le besoin de rachat et de réhabilitation qui doit prédominer. Il faut montrer un autre visage. Après tout, il est des banqueroutes porteuses de rebonds… Et tant pis pour les déceptions, pour les cauchemars et pour les injustices des arbitres. La frustration pourrait avoir quelque chose de bon lorsqu'elle invite au dépassement, quand les souffrances s'apaisent et que l'amertume se dissipe. De la frustration, Khaled Ben Yahia et ses joueurs en ont ruminé ces derniers temps. Et si ça pourrait plutôt être bon signe? Au-delà d'une élimination qui fait mal, il pourrait y avoir la certitude qu'on peut être mieux, qu'on pourrait mériter mieux. Et c'est bien à ce sentiment que les différents acteurs devraient se laisser aller. Doucement, mais sûrement. Après tout, il est des déroutes porteuses de rebondissements…