Au-delà de leur victoire éclatante, les Etoilés ont fait valoir les arguments qui leur sont propres mais qu'il va falloir inscrire dans la durée, abstraction faite de tous les aléas. L'Etoile du Sahel vit actuellement une situation assez insolite, voire paradoxale en rapport avec l'effectif bien étoffé — le meilleur, dit-on, de ces cinq dernières années — dont elle dispose, mais elle n'arrive pas à enchaîner les performances et les résultats conséquents. Un constat désolant qui puise ses origines dans deux facteurs essentiels : un management technique et humain inapproprié de la part de Chiheb Ellili aux conceptions figées et à la gestion approximative et «fébrile» notamment des grands rendez-vous, et qui a disputé fort probablement son dernier match à la tête du club sahélien. L'autre paramètre qui pèse sur l'ambiance générale de l'équipe est sans aucun doute la présence d'un bureau directeur — principalement le président de la section football, Mehdi Laâjimi — constamment contesté malgré les efforts financiers considérables consentis par Ridha Charfeddine pour mettre en place un effectif de qualité, outre l'absence criarde et pénalisante de véritables «experts» sur le plan purement footballistique capables d'évaluer et de rectifier le tir à ce niveau. Tenant compte de tous ces éléments contextuels, le derby sahélien s'est présenté pour l'Etoile dans un climat assez tendu où les coéquipiers du fantastique Chikhaoui se devaient de tirer le club vers le haut et d'assurer résultat et manière afin de tempérer les ardeurs d'un public révolté et d'entrevoir la prochaine trêve dans des conditions relativement meilleures. En effet, tous ceux qui ont suivi la rencontre de dimanche ont clairement décelé une hargne farouche et des dispositions mentales ancrées chez les Etoilés qui donnaient l'impression de ne rien lâcher sur le terrain et de disputer à fond toutes les séquences même après avoir réalisé un écart sécurisant de trois buts en l'espace de 20 minutes de jeu. Même en seconde période, quand les Usémistes ont repris du poil de la bête, les «rouge et blanc» ont trouvé les ressources nécessaires pour imposer de nouveau leur tempo, réalisant au passage deux buts splendides, œuvres de Hannachi (51') et du virtuose Chikhaoui (82'). En termes plus clairs, ils ont donné l'impression de pouvoir gérer le rythme de la rencontre à leur guise et de l'accélérer quand ils le jugeaient opportun. Chikhaoui, le leader «technique» ! Ceux qui ont suivi l'opposition ESS-USM ne l'ont surtout pas regretté, compte tenu du festival offensif plaisant réalisé par les deux formations, notamment de la part des locaux, mais ils se sont spécialement délectés de la prestation époustouflante du revenant Chikhaoui qui était la véritable attraction par ses prouesses techniques inépuisables, sa maîtrise phénoménale du ballon et son impact sur le tempo de son équipe, mais également de toute la rencontre. A chaque fois où il touchait le cuir, on avait eu droit à une réelle «démonstration» technique, de surcroît, efficiente, puisqu'il alliait avec autant d'aisance virtuosité et efficacité, se permettant au passage d'ouvrir les brèches à ses coéquipiers, de libérer notamment Marei de tout marquage. Ce dernier était le principal bénéficiaire de l'apport de Chikhaoui d'où sa résurrection et le regain de son sens de buteur, en plus de donner davantage de percussion et de profondeur au jeu de ses coéquipiers. Il était le joueur qui a le plus touché le ballon en étant au four et au moulin et dans tous les coins du terrain même en phase défensive où il s'est montré particulièrement solidaire avec ses pairs dans la récupération,faisant taire ainsi certaines mauvaises langues qui affirmaient que «Chikha» ne peut plus tenir une rencontre toute entière : «Il n'y a qu'en Tunisie que l'on sort ces foutaises, regardez ce qui se passe en Europe où vous avez des joueurs qui exercent au plus haut niveau à l'âge de 37 et 38 ans», a déclaré le stratège étoilé. De plus, Chikhaoui avait affiché une entente remarquable dans son champ d'action, notamment Marei et Belarbi qui permutait en permanence avec son capitaine dans le double registre de meneur de jeu ou de joueur de couloir gauche,un fait qui a fini par déstabiliser leurs anges gardiens et a conféré plus d'efficience au jeu de leur équipe. L'autre élément qui a marqué les esprits de ceux qui ont suivi le derby sahélien de dimanche dernier est incontestablement Maher Hannachi qui semble se bonifier au fil des années avec son registre de véritable «joker» infatigable et remarquablement généreux. Il a toujours su tirer son épingle de jeu, quel que soit le registre dans lequel il évolue. Il a affiché autant de réussite en tant que joueur de couloir offensif,arrière droit ou même dans le rôle de latéral gauche à l'occasion de la confrontation face à l'USM, quand il a remplacé de la plus belle des manières Ghazi Abderrazak sorti pour blessure. Il était même derrière le 5e but marqué par Chikhaoui à la 82e grâce notamment à son centre précis. Au final, l'Etoile a retrouvé dimanche dernier son éclat et la richesse de ses arguments, mais qui restent toujours à confirmer et à consolider dans des contextes plus contraignants et face à des adversaires plus aguerris, à commencer par le grand format arabe face au WAC. Ils ont déclaré : Chikhaoui : «On a un très bon groupe,nous travaillons ardemment pour aller jusqu'au bout de nos intentions,nous n'avons rien fait pour l'instant,il va falloir confirmer dans les matches à venir». Dridi : «Rien n'a marché aujourd'hui face à un adversaire coriace de la trempe de l'Etoile,il y a vraiment du pain sur la planche, l'USM est en train de faire les frais de sa préparation ratée de l'intersaison». Ellili remercié, Leekens débarque Comme prévu, les dirigeants étoilés ont pris la décision de rompre la liaison avec Chiheb Ellili. Son successeur sera fort probablement Georges Leekens qui débarquera aujourd'hui à Sousse pour finaliser les discussions avec le Bureau directeur de l'ESS. Nous y reviendrons…