Par Khaled TEBOURBI Les hommages qui se succèdent sur les réseaux sociaux et sur quelques médias insistent sur une qualité majeure de notre regretté collègue et ami, Abdelahmid Gmati : son intégrité. Pourquoi insister ? En toute circonstance il n'eut jamais que cela. Il ne s'entendait que de cela. Et ce faisant, il n'était en rien crédule. C'était un choix, son choix, d'être intègre. De bannir en lui toute envie, tout opportunisme, toute vanité, toute cupidité. C'était un choix, son choix, et il en assumait parfaitement les conséquences. Dont, on se doute bien, de manquer d'amis, de manquer d'appuis, de manquer de soutien, de manquer, surtout, de moyens. On en discutait, non sans quelque amertume, l'autre jour. On «plaignait» d'autant plus cette «raideur des principes» que ce fut un parfait bon vivant. Il aimait écrire, il adorait son métier. Mais il menait, comme on dit, un certain de train de vie. Ce qui supposait un coût. Mais un coût devant lequel il n'a jamais faibli. Sa devise : ne pas souffler mot, ne rien concéder. Et quand on essayait de le pousser dans ses «retranchements», il avait une réplique : «la privation, jamais l'indignité !». Le Midouni que l'on a connu début 70, et que l'on côtoiera près d'un demi-siècle a été le même jusqu'au bout. En deux mots : un homme libre et un journaliste qui savait garder ses distances. Sa conviction libertaire, il l'exprima dans sa vie personnelle ;nul interdit, nul tabou, si tant est que l'on en ait le droit, et que cela ne nuise à personne. La distance du journaliste lui était sacrée. Il ne se lassait pas de nous prévenir : «Ne jamais prendre parti, ne jamais opter pour un clan, en politique, surtout, il faut commenter en bonne conscience, et laisser tout le reste aux politiciens…». En critique d'Art, nous avons, aussi, appris de lui. Il avait horreur des copinages, des complicités. Il disait : «S'approcher trop des artistes, c'est s'éloigner de la vérité». Midouni tiquait à l'écoute ou à la lecture de nos commentaires de l'après-révolution. Paradoxalement, il les trouvait «moins libres» que du temps de Bourguiba et de Ben Ali. A vrai dire, c'est ce qui a gardé intacte son image d'intégrité. C'est qu'il aura traversé deux dictatures et une «révolution inachevée» sans se laisser prendre à quelque jeu que ce soit. On lui a rendu visite en clinique, peu de temps avant sa mort. Il cachait son mal. Mais il ricanait .Il frisait le sarcasme. Il s'inquiétait de nos écrits, de notre métier, de la situation du pays. Maître et patriote: chapeau bas, patron