Comité directeur, entraîneur et surtout joueurs, les Clubistes souffrent tant en ce moment. Et pas encore le moindre signe de rebondissement ou de réaction. Quand un club favori et populaire perd un ou deux matches de suite, la vie devient dure pour le public et pour l'entourage du club. La tension monte et l'obligation de réagir met tout le monde dos au mur. Que dire alors d'un club comme le CA qui a concédé sa 4e défaite de suite en 6 journées! C'est une énorme crise de résultats pour un club habitué aux problèmes et aux tensions (ce n'est pas nouveau), mais qui se trouve, cette fois, en bas du classement. Cela ressemble à ce qui s'est passé la saison dernière sous la conduite de Simone et au moment où Slim Riahi était pressé pour sortir. Sauf que cette saison, il n'y a pas de compétition africaine et il n'y a pas de matches en retard à jouer. Le CA est dans la zone de relégation en ce début de saison catastrophique. Il faut remonter à l'Indépendance pour voir le CA perdre 4 fois de suite! La situation n'est pas facile du tout comme le disent certains qui espèrent revoir une remontée spectaculaire au classement comme lors de la dernière saison. Ce n'est pas aussi évident que cela. Les autres équipes se sont bien renforcées et ne vont pas céder, alors que du côté clubiste, un énorme blocage persiste et beaucoup de contretemps vont rendre la mission encore plus ardue. Mauvaise qualité Qui aurait pensé que les Belkhither, Charfi, Abdi, Jaziri, Ayadi, Ben Yahia, Khelil, Khefifi, Dhaouadi, Chamakhi, qui ont remporté la coupe de Tunisie et qui ont battu tous les favoris, allaient descendre si bas ? C'est paradoxal. Ces mêmes joueurs, qui ont réussi tout cela, se trouvent cette saison dans une mauvaise passe. Ils sont même méconnaissables. C'est une inversion de ce qui a été fait l'année dernière. Une mauvaise qualité de préparation avec Simone; et cette année, une autre mauvaise préparation de José Riga qui n'a rien apporté au CA malgré son expérience. Il n'y a pas que la mauvaise qualité de la préparation (pourtant, un nouveau comité directeur a été élu début juin et a eu le temps et les moyens d'éviter le scénario actuel), il y a aussi une mauvaise qualité de joueurs. Ces mêmes joueurs qui ont gagné l'ont fait parce que l'équipe était bien encadrée et motivée. Quand ils ont été livrés à eux-mêmes et que la pression est montée, ils ont calé. Et puisque le CA est un club où la pression des résultats est insurmontable (comme tous les grands clubs au monde), ces joueurs n'ont pas pu rebondir. On les a vu traîner les pieds devant le CAB après avoir encaissé le premier et surtout le second but. Ce fut de même contre le CSS et le ST. On notera ici que l'attaque demeure le point faible le plus flagrant. Un but en 4 matches et une incapacité à concrétiser les occasions (le CA joue 30' pleines mais rate des situations faciles avant de céder face aux adversaires), c'est quelque chose de très frustrant pour le public. Cette attaque défaillante a perdu son joueur clef, Saber Khélifa, parti sans être remplacé. Hidoussi, l'ex-directeur sportif, a raté sa mission à l'intersaison. Ses recrutements «low cost» n'ont rien apporté à l'attaque. Au contraire, un joueur comme Sasraku n'a même pas le niveau pour jouer en L2 ! Pour gagner, il faut marquer et il faut développer un volume de jeu consistant et régulier sur les 90'. Chose que les équipiers de Ben Yahia n'ont pas réussi à faire. Ils jouent pied levé, avec 30' maximum de jeu où ils se créent des occasions avant de les rater. En défense, la paire Ifa-Jaziri est facilement prenable, tout comme les latéraux et les milieux récupérateurs. Résultat, le CA encaisse et se trouve obligé de courir derrière l'égalisation. La suite, c'est un jeu brouillon, des joueurs amorphes et une incapacité à revenir. Il y a donc un problème de qualité surtout en attaque. Mais il y a aussi un mental qui ne suit plus. C'est comme si ces joueurs n'ont plus envie de réagir et qu'ils perdent tout leur savoir. Ceci ne peut pas durer, car faute de victoires d'abord (au-delà de la manière), la situation va encore empirer. Ellili devra agir Certes, l'entraîneur ne va pas rentrer sur le terrain pour gagner des duels et pour marquer. Mais c'est lui qui motive et qui fait les bons choix pour aider ses joueurs à trouver la solution sur le terrain. Dans le cas de Chiheb Ellili, il débarque et prend le train en marche, mais en deux matches (certrainement pas faciles contre le CSS et le CAB), Ellili a été incapable de lire et gérer le cours de la partie. C'est toujours le même scénario : domination, des occasions et l'adversaire qui piège le CA. Une meilleure préparation et un replacement de la défense auraient pu aider les Clubistes à empocher même un point, bon pour le moral. Contre le CSS et puis contre le CAB, Ellili n'a pas créé le fameux «choc psychologique» dont on parle quand un nouvel entraîneur débarque. Côté choix, le CA joue en 4-2-3-1, le schéma préféré d'Ellili qui a compté sur les joueurs de métier Ben Yahia, Dhaouadi et Darragi. Et malheureusement pour lui, ce trio l'a «laissé tomber». Des jeunes comme Zakaria Laâbidi (plein de talent mais qui s'intègre mal), M'charek et d'autres moins jeunes mais laissés de côté comme Chammakhi et Hammami peuvent aider Ellili qui doit être plus audacieux et compter sur les joueurs les plus motivés. Au CA, l'ambiance est par la force des choses tendue. Une bonne partie du public appelle à des élections anticipées et au départ de Abdessalem Younsi. Ce dernier, toujours discret et peu disponible, délègue le dossier des seniors et ceux qui ont été mandatés n'ont pas été à la hauteur. Des élections, une partie des ex-dirigeants (et des ex-clans) les veut et immédiatement. D'autres clans et d'autres personnes appellent à l'union sacrée (vœux pieux !) et à soutenir l'équipe en ce moment. Le malaise est beaucoup plus général que les résultats du football. C'est la vitrine, oui, mais la mauvaise gestion et les choix insensés expliquent en grande partie le blocage actuel. Ça urge, ça devient alertant, et ça va encore se dégrader si une mobilisation n'est pas déclenchée. Il faut des points, puis une amélioration du jeu, puis une correction de la manière de gérer à court terme.