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«L'Etoile, un club rassembleur et fédérateur»
MOEZ DRISS — Ancien président de l'ESS
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 11 - 2018

L'ex-président du club sahélien est profondément convaincu que l'Etoile, un véritable temple du sport, a toujours été, historiquement, génératrice de valeurs fédératrices sur le double plan sportif, certes, mais sociétal également.
La réussite quelle que soit son envergure ou son champ d'action n'est jamais une notion fortuite surtout quand son impact est multidimensionnel, ce qui lui confère d'ailleurs à juste titre une valeur ajoutée plus accrue et un rayonnement mieux ancré ; surtout qu'un tel succès est naturellement et fort logiquement lié à la création de performances notamment quand il véhicule un cercle de vertus et de valeurs ; comme quoi performances et valeurs peuvent rimer ensemble.
Le passage «mémorable» de Moëz Driss à la tête de l'Etoile de 2006 à 2009 répond parfaitement à cet ordre d'idées gratifiant, puisqu'il est considéré de l'avis d'une importante frange de la sphère du club sahélien comme étant le point culminant de la grande histoire de l'ESS après le doublé à connotation fortement symbolique remporté en 62-63 puisqu'il a été réalisé suite à la dissolution de l'Etoile, l'année précédente, par l'ancien chef d'Etat feu Habib Bourguiba. En effet, l'ESS avait réussi, sous la houlette de notre invité, une série de performances aussi historiques que mémorables, jalonnée par un championnat national (2006-2007) remporté après 10 ans de disette, une coupe de la CAF (2006), une Supercoupe africaine (2008) mais surtout l'unique trophée de ligue des champions dans le palmarès du club remporté d'une manière épique au détriment d'Al Ahly d'Egypte dans son fief dans un stade du Caire archicomble ; et, cerise sur le gâteau, une 4e place toujours gravée dans la mémoire des férus du football tunisien et plus spécialement chez les fans du club sahélien à la coupe du monde des clubs après la fameuse victoire historique face aux Mexicains de Pachuca.
Un tel parcours ne peut guère avoir une descendance arbitraire, puisque tout le monde s'accorde à affirmer que c'était l'aboutissement naturel et mérité du «model» managérial de «référence» adopté par l'ex-président étoilé. En fait, ce dernier a été l'auteur d'une politique gestionnaire à la fois audacieuse — le limogeage surprenant de Faouzi Benzarti après le sacre au championnat local en est la parfaite illustration — sobre et rationnelle en mettant en place une adéquation pragmatique mais compliquée entre moyens et ambitions — comme quoi performances ne riment pas forcément avec dépenses onéreuses. De plus, l'ère Moez Driss était marquée par une fiabilité et une crédibilité incontestables et unanimement reconnues à l'égard de toutes les parties prenantes. A ce sujet, l'ancien arrière droit étoilé Saber B.Frej nous a fait part d'une anecdote révélatrice : «Plusieurs mois après mon départ de l'Etoile pour Le Mans, j'avais eu Si Moëz au téléphone me demandant mon RIB bancaire en Tunisie afin de me verser deux primes de matches disputés avec mon ancien club qui n'avaient pas été régularisées — un fait que j'avais totalement oublié d'ailleurs mais c'était l'occasion de mesurer encore une fois la crédibilité de ce grand Monsieur —, et ceci après vérification des états financiers de la part du trésorier de l'époque Ridha Ghozzi».
Toujours dans ce même registre valeureux qui caractérisait le parcours de notre invité, il avait cette capacité et cette perspicacité à préparer au moindre détail les chances de réussite de son club de cœur en ancrant l'adage non moins valorisant qui disait que gérer c'est prévoir. A cet effet, avec son esprit visionnaire et sa prise en charge psychologique pertinente de son groupe visiblement affecté par le résultat décevant de parité (0-0)lors du match aller face à Al Ahly d'Egypte en finale de la C1, il avait pris la surprenante mais louable initiative de réserver l'hôtel et le lieu du stage préparatif de son équipe en Corée du Sud en prévision de la coupe du monde des clubs qui revêtait pourtant à ce stade un caractère hypothétique, une approche qui avait fini par booster considérablement le moral des coéquipiers de Chermiti et le résultat était au rendez-vous et de quelle manière ! «Avec Moëz Driss, l'Etoile disposait d'une gestion à l'européenne, tellement rien ne semblait laissé au hasard», nous a avoué l'ancien coach de l'ESS, lors de l'épopée de 2007, Bertrand Marchand, le technicien-surprise détecté par l'ancien président étoilé pour suppléer Benzarti et donner un nouvel élan à l'équipe.
Malgré cette réussite incontestable à plus d'un titre, Moez Driss se fait vraiment rare sur la scène sportive et médiatique — une forme d'intelligence d'ailleurs ! Une telle discrétion parfois «énigmatique» ne l'a pas empêché de nous livrer ses réflexions et ses opinions sur les différents péripéties et événements ayant trait à l'actualité sportive de notre pays et plus spécialement de «son Etoile» qu'il porte précieusement dans le cœur et dans les veines.
Vous vous faites assez rare sur la scène sportive et médiatique. Est-ce par rapport à une réalité sportive «décourageante» ou pour susciter une sorte d'attente auprès du public à votre égard ?
Tout simplement parce que je ne dispose pas de responsabilités sportives, ni plus ni moins. En homme responsable et avéré, je n'interviens jamais de mon propre gré, je ne veux guère m'imposer, je respecte ce que font les autres. Par contre, si on me demande mon avis, je n'hésiterai pas à le faire valoir scrupuleusement et respectueusement. Cela n'empêche pas que je continue à suivre de près la scène sportive et essentiellement l'actualité de mon club, l'Etoile du Sahel, auquel je reste grandement attaché, un fait qui me pousse par moments à faire passer des messages d'une manière crue, ou en faisant preuve des fois d'une certaine mesure et retenue.
Avec du recul, beaucoup même, vous avez certainement établi le bilan de votre mandat à la tête de l'Etoile et tiré les enseignements nécessaires. Commençons tout d'abord par le volet des satisfactions ?
Je dois vous avouer d'emblée que mon mode gestionnaire diffère de celui adopté par certains. Ma conviction est la suivante :on ne gère pas une entreprise ou un club par des états d'âme, des sentiments ou des intérêts personnels, mais en privilégiant la rationalité, l'efficacité et l'équilibre. Ma grande satisfaction est d'avoir adopté la politique de nos moyens, réfutant les pratiques populistes, ce qui nous a permis de réussir sportivement , certes, mais aussi financièrement puisque nous avons laissé de l'argent frais dans la trésorerie de l'Etoile, un véritable trésor de guerre, outre un actif-joueurs stratégiquement sécurisant pour la marche du club.
Sur un autre point non moins important, nous avons rapproché l'Etoile de son vaste environnement géographique en la faisant «sortir» du cocon limitatif de la ville de Sousse en s'appuyant sur un BD composé de responsables issus des différentes villes de la région, mais également en allant vers nos fans à l'intérieur du pays où les maillots de l'Etoile se vendaient à Jelma, Sidi Bouzid… On a même créé une Académie portant le nom de l'Etoile dans la commune de Ksibet Médiouni. Cette ouverture sur le large périmètre géographique de l'Etoile nous a permis d'atteindre en 2007-2008 un véritable record en nombre d'abonnés atteignant les 11.000 adhérents. On a même eu la promesse de l'ancien président Ben Ali après le sacre africain de 2007 de rénover le stade olympique de Sousse et d'augmenter sa capacité, mais le projet a été capoté suite à l'intervention d'autres interférents !
En bref, on était en charge de la noble mission d'ancrer une sorte d'appartenance identitaire à l'Etoile avec ses valeurs gratifiantes et les vertus qu'elle a toujours véhiculées.
Avez-vous des regrets par rapport à certaines décisions, en d'autres termes si c'était à refaire auriez-vous adopté d'autres approches ?
Pas vraiment, puisque notre credo était de ne jamais prendre des décisions ou mesures à chaud et de s'armer de pondération et de discernement quelles que soient la délicatesse de telles décisions ou la complexité des circonstances. Encore une fois, je confirme que l'on n'a jamais cédé à la pression du public en adoptant des prises de position populistes. De toutes les manières, on peut toujours faire mieux, mais une chose est certaine, on agissait scrupuleusement pour l'intérêt de notre club et rien d'autre. C'était une réelle vocation pour nous dans le sens profondément déontologique du terme.
«L'Etoile est en réel danger !»
Quel jugement portez-vous sur la situation actuelle de l'ESS ?
Je vous le dis tout de suite, je suis profondément inquiet, le club est en véritable danger. Le dernier rapport financier a révélé des chiffres alarmants qui ne laissent personne indifférent et qui ont clairement mis en relief un niveau d'endettement terrifiant allant même sans exagération aucune jusqu'à hypothéquer la pérennité de notre club. Pis, j'ai l'impression que cette hémorragie semble s'inscrire encore dans la durée puisque l'on continue à adopter une alarmante fuite en avant. De plus, ce qui est fort désolant d'ailleurs, c'est que cette situation désastreuse a fini par porter un grave préjudice à la crédibilité de l'Etoile auprès des clubs africains et certains joueurs, l'entraînant de surcroît dans les méandres inextricables et surtout discréditant de procès juridiques. Vous savez, quand vous avez un contentieux, c'est parce que tout simplement les dossiers en question ont été mal négociés. Et pourtant, nous avons toujours eu la réputation gratifiante de bons payeurs auprès de toutes les instances et des différents intervenants, ce qui n'est fort malheureusement pas le cas aujourd'hui. On doit en prendre acte pour l'Histoire !En bref, on a affaire à un constat vraiment amer grandement préjudiciable pour la pérennité du club.
Quelles sont d'après vous les causes qui ont donné lieu à ce marasme ?
On n'a tout simplement pas adopté la politique de ses moyens. On a adopté une gestion inflationniste en parfaite inadéquation avec les moyens du club mais surtout par rapport à la valeur intrinsèque des joueurs qui sont, à mon avis, surévalués. Je trouve inconcevable voire même incohérent qu'un joueur perçoive 600 et 700 mille dinars par an !Ce n'est guère en surpayant les joueurs que l'on gagne des titres. D'ailleurs, les résultats acquis en conséquence sont tout simplement inacceptables par rapport à l'énormité des moyens mis en œuvre. Le seul club qui n'a pas «dérapé»à ce niveau, c'est le CSS qui a adopté un management rationnel mais payant.
«On peut gagner des titres avec d'autres valeurs !»
C'est toujours pertinent de faire un diagnostic adéquat, mais le plus édifiant, c'est de trouver les bons remèdes. Quelle est votre approche à ce sujet ?
Au risque de me répéter, j'ai l'intime conviction que le salut passe inévitablement et impérativement par l'adoption de la politique rationnelle de ses moyens. Il faut revenir à des proportions plus raisonnables en matière de gestion financière et d'adéquation réaliste entre le potentiel des joueurs et leurs émoluments, en évitant notamment de sombrer dans un circuit décisionnel «populiste» fallacieux et grandement préjudiciable pour le club.
Il faut urgemment établir une véritable feuille de route, axée fondamentalement sur la compression et la rationalisation des dépenses. En termes plus concrets, il faut diviser ces dépenses par deux, sinon c'est la ruine totale. Et pourtant l'équipe dirigeante actuelle avait une occasion en or pour appliquer cette approche stratégiquement salutaire à l'issue de la débâcle essuyée face à Al Ahly en imposant une compression draconienne des salaires des joueurs ; et le public aurait applaudi cette nouvelle politique ; mais finalement elle a raté le coche ! Pour votre information, nos dépenses entre 2006 et 2009 étaient nettement inférieures à celles de nos concurrents directs, le CA, l'EST mais les résultats étaient au rendez-vous ! En fait, je suis profondément convaincu que l'on peut gagner des titres avec un état d'esprit conséquent, une ambiance saine au sein du groupe, une union sacrée au sein du club et un degré d'appartenance bien ancré. Dans ce registre, je suis fier d'avouer que l'Etoile est un club créateur de talents, certes, mais de valeurs essentiellement. On a un vrai label à ce niveau dont nous sommes les dépositaires. Il faut juste assurer de l'équilibre entre ses différentes composantes et surtout éviter de céder à la pression du public en entérinant des décisions populistes. C'est mon credo !
Le constat est «amèrement» clair, mais le public de l'Etoile attend impatiemment une réaction voire une initiative «opérationnelles» de la part des anciens présidents du club pour sauver la situation ; d'ailleurs Ridha Charfeddine s'est toujours plaint de la défection des figures de proue de l'ESS ?
Soyons clairs dès le départ, nous n'avons aucun droit d'ingérence dans le management actuel de l'Etoile. Ceci dit, je pense qu'il y a toujours cette volonté de venir en aide à notre club, du moins en ce qui me concerne, mais il va falloir établir comme je l'avais évoqué précédemment une feuille de route pragmatique et fiable. Par contre, je ne peux guère cautionner que l'on recrute «arbitrairement» un joueur qui coûte à la trésorerie du club 2 milliards par an et qui, de surcroît, n'a même pas le niveau adéquat pour endosser la tunique de l'Etoile ; et que l'on vienne par la suite nous demander d'aider à solutionner ce problème !C'est inadmissible, il faut assumer ses choix !Je suis prêt à contribuer à mettre en place des orientations stratégiques bénéfiques pour l'avenir du club, c'est un devoir pour moi, mais pas pour colmater de telles incohérences !
De plus, il y a un aspect fondamental qui s'impose dans cette situation, c'est que, de nos jours, les données ont changé. En termes plus simples, avant, les anciens présidents disposaient d'une sorte de pouvoir moral dans la gestion du club et la définition de ses grandes lignes et par moments dans la rectification du tir dans les moments difficiles. De nos jours, ils ne peuvent plus assurer cet apport-là, compte tenu de l'adoption du mode électoral pour choisir les dirigeants du club, puisqu'il suffit actuellement d'avoir 200 voix pour prendre les commandes. Il faut s'adapter à cette nouvelle donne !
Que pensez-vous de cette quasi-dépendance totale de la trésorerie de l'Etoile de l'unique apport de son président ?
C'est tout simplement précaire. Personne ne peut nier que Dr Ridha Charfeddine est en train de dépenser ou plutôt de «prêter» c'est le terme juridique adéquat, n'est-ce pas, d'après le rapport financier de l'AGE ? Des montants colossaux pour subvenir aux besoins du club. Mais je reste toujours persuadé que les solutions existent mais il faut y aller courageusement et rationnellement comme je l'ai toujours dit, il faut arrêter de «surévaluer»les joueurs et de maintenir un certain équilibre et une sorte d'homogénéité dans les vestiaires, ce qui est fort important, et surtout ne venez pas me raconter que ces disparités salariales existent partout ailleurs ; on a nos propres spécificités, soyons réalistes. Il faut absolument et urgemment arrêter l'hémorragie en réduisant l'écart entre dépenses et revenus annuels, et revenir à des proportions plus raisonnables.
Sur un plan macro-gestionnaire et afin d'éradiquer «méthodiquement» ce marasme, certains pensent qu'il va falloir amender le statut des clubs pour qu'ils soient gérés comme étant des entreprises. Quel est votre avis à ce sujet ?
Honnêtement, j'ai des appréhensions par rapport à cette idée. Je peux y adhérer mais à condition que l'Etoile, association sportive, soit actionnaire majeure, à ce moment-là il va falloir créer «deux Etoiles». Une Etoile club professionnel de football et une seconde Etoile se rapportant aux autres sections et aux activités sociales.
Par contre, je m'oppose diamétralement à l'idée de la création d'un conseil d'administration avec ses vecteurs classiques : actionnaires, propriétaires…parce que je reste persuadé que l'on dispose d'une mentalité qui nous est intrinsèquement spécifique, d'une identité et d'un esprit d'appartenance bien ancrés, outre cette valeureuse responsabilité sociale à l'égard de notre jeunesse.
«Un amalgame politique/sport à bannir»
Vous n'avez jamais caché votre opposition à ce chevauchement entre la politique et le sport. Quelles sont en fait vos appréhensions à ce sujet ?
Je suis tout à fait contre cet amalgame entre Politique et Sport, parce que le sport a toujours été un vecteur rassembleur par excellence et l'intervention de la politique ne peut que briser cette valeur morale. L'Etoile a toujours défendu cette ligne de conduite, d'ailleurs la Politique a fini par porter un grave préjudice à notre club, faut-il l'avouer. De fait, il est temps de réconcilier l'ESS avec toutes ses composantes, elle est au-dessus de toutes les velléités partisanes et elle doit rester apolitique. La mission du BD est de servir l'intérêt et uniquement l'intérêt du club.
Quelle est votre lecture de la conjoncture sportive qui règne actuellement dans notre pays d'autant plus que l'extravagance est en train de toucher tous les secteurs ?
Il est clair que l'environnement sportif actuel est vraiment difficile voire compliqué : une infrastructure dans un état piteux, l'ambiance dans les stades est devenue insoutenable, les scènes regrettables transmises à la télé, des joueurs surévalués, le régionalisme qui est en train de prendre des proportions graves voire alarmantes : c'est un véritable cancer ravageur et pourtant nous disposons d'une structure sociétale homogène.
Au lieu de céder à ces dérapages, il vaut mieux s'orienter vers des sujets et des défis plus intéressants : la création des valeurs, la formation des formateurs, trouver les moyens pour rationaliser les dépenses et favoriser la formation des jeunes à tous les points de vue parce qu'outre l'apprentissage physique et technique, l'aspect mental est prépondérant dans ce registre.
Est-ce que vous comptez parrainer d'autres athlètes après Ons Jabeur ?
Tout d'abord, je dois signaler que Ons Jabeur est un excellent modèle sur tous les plans, d'autant plus que c'est une femme et la femme occupe une place de choix dans notre société. Le parrainage de cette championne n'était guère une opération programmée, c'était un pur hasard, j'étais dans une mission professionnelle à Moscou qui coïncidait avec la finale disputée par Ons qui m'avait épaté par sa bravoure et son opiniâtreté malgré sa blessure et les moyens limités dont elle disposait. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de l'accompagner et de l'aider pour franchir d'autres palliers, c'est un devoir et un honneur pour moi, finalement elle a offert une belle image de notre cher pays. Ceci dit, je ne peux pas me substituer à l'Etat à ce niveau qui doit redoubler d'efforts pour soutenir ses compétiteurs.
Une dernière question avant de conclure. Peut-on revoir Moez Driss à la tête de l'Etoile ?
Chaque période a ses hommes et ses orientations, il faut donner l'occasion à d'autres compétences et d'autres idées, c'est ma conviction. Cependant, personne ne peut prévoir ce qui peut se passer demain.
Un dernier mot ?
Chaque club a sa propre spécificité, il ne faut pas nous comparer à d'autres clubs concurrents en Tunisie ou ailleurs, nous avons nos valeurs et nos traditions intrinsèques, d'où la prépondérance d'adopter la politique adéquate en conséquence.
Entretien conduit par Hatem REGAIEG


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