En dépit du démarrage des examens de fin du premier trimestre dans les collèges et les lycées, la Fédération générale de l'enseignement secondaire (Fges) maintient son mot d'ordre de boycott. En dépit, aussi, du refus clair et net du Bureau exécutif de l'Ugtt de cette démarche, la Fges persiste et signe. Le ministre de l'Education, pour sa part, a beau protester et affirmer qu'il y a un accord entre ce syndicat et le ministère concernant le calendrier des examens, rien ne semble dissuader les syndicalistes. Pour eux, il s'agit d'une position irréversible contre laquelle personne ne pourra rien, y compris la Centrale syndicale qui n'avait cessé de rassurer les parents en leur promettant que le boycott n'aura pas lieu et qu'elle ne permettra pas qu'on «porte atteinte aux intérêts des enfants du peuple». Ces assurances sont restées lettre morte et c'est la Fges qui a prouvé sa superpuissance envers et contre tout. Son programme a commencé à se concrétiser depuis lundi 26 novembre, puisque les professeurs ont, déjà, suivi la consigne. Les bases syndicales mobilisées à fond Dans de nombreux établissements, les élèves n'ont pas eu droit aux examens même si leurs administrations ont placardé les dates des devoirs dans les couloirs. Il est vrai, aussi, que dans certains autres établissements les enseignants ont préféré ignorer le boycott. Aussi, ont-ils effectué les devoirs inscrits dans la semaine ouverte dans des conditions normales. Le ministère n'a publié aucune statistique concernant l'observation de la consigne de boycott. Par contre, du côté syndical, on affiche un triomphalisme sans borne, affirmant un taux de «réussite» du boycott proche de… 90%. Il est vrai, également, que les structures syndicales de base s'étaient mobilisées à fond pour inciter les enseignants hésitants à franchir le pas et à mettre en œuvre la décision de la Fges. Les délégués faisaient le tour des établissements pour appeler les professeurs à tenir des réunions afin de les convaincre, à la dernière minute, de suivre la démarche syndicale. Cette mobilisation inédite montre la détermination sans faille de la Fges à montrer sa pleine puissance et son pouvoir de tout bloquer chaque fois qu'elle en éprouve l'envie. Du côté officiel on s'en tient à des déclarations de principe et à des rappels portant sur le respect des engagements. C'est ainsi qu'un communiqué réaffirme à qui veut l'entendre que le fait de ne pas réaliser les examens est un manquement qui peut être sanctionné par une retenue sur les salaires. A cela la Fges répond qu'elle n'a pas peur des menaces et qu'elle se propose d'aller encore plus loin dans l'escalade. Les jours à venir montreront que cette menace est réelle et que les membres de ce syndicat savent où ils vont : c'est-à-dire vers la catastrophe. Ils sont prêts à tout faire. L'important c'est que toutes leurs exigences soient satisfaites sans attendre. Les autorités n'ont aucun choix. L'avenir qui attend nos élèves est très sombre. Les menaces sur le déroulement de cette année scolaire seront sans précédent, aux dires des uns et des autres. Car, pour le moment, il ne semble y avoir aucune issue. La société civile laisse faire Chacun campe sur ses positions et chacun fait valoir ses droits. Aucune partie tierce n'a le pouvoir réel d'intercéder pour faire entendre raison. La société civile et les parents sont dans l'expectative et l'indécision. Tout ce que l'on peut faire c'est d'appeler à la négociation. Le ministère rappelle qu'il y a, déjà, eu plusieurs rounds de négociations qui avaient donné l'impression que l'on pouvait se fier à leurs résultats. La Fges brandit, quasiment, les mêmes demandes. C'est à croire que même si toutes ces demandes venaient à être satisfaites, il y en aurait, interminablement, d'autres, avec, toujours, les mêmes menaces de grève, de boycott et de retenue des notes. L'Association des parents et des élèves s'inquiète de la situation et condamne l'utilisation de nos enfants pour régler des problèmes qui ne les concernent pas. Cette attitude restera sans écho puisque la Fges est gonflée à bloc et se croit, à l'heure actuelle, au-dessus de tout et de tous en l'absence de garde-fou. Ni les parents, ni le million d'élèves touchés par ce comportement n'auront d'influence sur les membres de ce syndicat qui fait la sourde oreille et continue sur sa lancée en prédisant d'autres escalades. En somme, personne ne se risque à prendre la défense de notre système éducatif qui va de mal en pis et connaît, chaque jour, de plus en plus de dégradation de son niveau et de celui des apprenants. La situation indécise que connaissent nos élèves aura des répercussions indélébiles sur le niveau des diplômes. Car l'accumulation de ces contretemps pèsera lourd sur l'acquisition des savoirs par les élèves. Comme si le fléau flagrant de l'absentéisme des enseignants ne suffisait pas. Psychologiquement, nos enfants ne savent pas s'ils doivent réviser ou non. S'ils le font, qu'adviendra-t-il des efforts qu'ils auraient fournis en cas de non-exécution des devoirs ? Les questions pleuvent sans trouver de réponses. Que se passera-t-il d'ici la fin de ce trimestre ? Quel sort réservera-t-on aux devoirs qui n'ont pas été passés ? Quand y aura-t-il des conseils de classe si d'aventure ils viendraient à se tenir ? Comment les parents pourront-ils évaluer les acquis de leurs enfants sans les bulletins de notes ? Pour le moment, c'est l'inertie totale de la part des autorités, de la société civile, des représentants du peuple, des nombreuses organisations de défense des droits (droits de l'homme, de la femme, des enfants, des chats, des trottoirs…). Un seul acteur campe sur la scène et de toute son envergure : la Fges.