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La méthodologie et le sacré
Colloque scientifique international multidisciplinaire à Beït Al Hikma
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 11 - 2010

"La méthodologie dans les sciences religieuses" : un thème qui a réuni les 1er et 2 novembre, à Beït Al Hikma, un bon nombre de professeurs et théologiens de différentes nationalités venus participer à ce 1er colloque scientifique international multidisciplinaire, organisé par l'Unité de la recherche du Coran, de l'université de la Zitouna.
Dans son discours inaugural, le Pr Mohamed Khadraoui, professeur des sciences du Coran et de l'exégèse à la Zitouna et directeur de l'Unité de recherche du Coran, précise que "ce colloque constitue un véritable jalon. Car il s'agit du premier en son genre à l'université de la Zitouna qui tend à produire une cohésion épistémologique entre tous les acteurs culturels dans le pays".
Pourquoi parler de la méthode maintenant ? Il nous rappelle que la philosophie nous a appris que le questionnement permet de "mettre l'esprit en action" et que c'est en posant des questions que l'on arrive à synthétiser la pensée et évaluer les connaissances existantes. La méthode a depuis longtemps suscité l'intérêt, car la méthode est l'assise de l'esprit scientifique. Aborder la question de la méthode aujourd'hui est d'autant plus crucial que "les étudiants souffrent d'une déficience méthodologique structurelle qui risque d'obstruer les écarts de la pensée, de s'égarer dans des hypothèses et des préjugés favorisant l'isolement et l'enfermement dans des idées reçues uniques et dogmatiques" ; le Pr Khadraoui, qui poursuit : "En ce sens, la méthode est une démarche rationnelle et compréhensive, et non pas un simple stockage de connaissances. Il ne s'agit pas de communiquer de simples connaissances, il s'agit de suivre un cheminement de la pensée qui mène à la connaissance scientifique. Sans préjuger de rien, sans présupposés, et loin de donner des réponses toutes faites. On aborde ce thème dans le débat, afin de s'auto-examiner et de traiter au mieux cette question."
Le professeur insiste sur la grande part accordée à l'altérité et à la diversité des discours dans ce dialogue scientifique. Affirmant que, de l'audition de l'autre, découle la liberté de penser et les projets réformateurs. Ce colloque viendrait donc "mettre en débat ce thème de méthode qui est un axe stratégique dans les recherches modernes."
Outre les différents intervenants, universitaires et professeurs (tunisiens, algériens, jordaniens, syriens, qataris, omanais, saoudiens et français), les étudiants de l'université de la Zitouna était présents et ont pu profiter de ces deux jours de débats scientifiques.
La première séance scientifique a été ouverte par l'intervention du professeur libanais Samir Solaymen, également rédacteur en chef du magazine Le débat. Son texte intitulé "Discours de la parole dans le Coran", nous parle de la relation entre "le terme" ou "la parole" (dans le cas du texte sacré) et ce qui en découle comme polysémie avec ses dérivés terminologiques tant au niveau du lexique qu'au niveau cognitif.
L'exégèse selon Spinoza
Ali Channoufi, professeur de philosophie à la faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis, aborde ce thème en évoquant «Spinoza et sa lecture du texte sacré». Il introduit son texte comme un ensemble de remarques générales qui demandent à être étudiées, développées et même revues. Il nous parle ensuite des grandes théories de l'exégèse qui sont souvent des synthèses venant apporter une solution à une crise d'autorité précédente, une sorte de recherche de l'appropriation d'un certain héritage spirituel. Il avance que chaque théorie de lecture du sacré se base sur un texte de «référence», sur une notion de rationalité qu'elle cherche à conserver, à réactiver et à réactualiser. Reste à identifier la distance séparant ce texte de «référence» de l'exégèse ?
Spinoza, dans son Traité théologico-politique, traite surtout des conditions d'une exégèse biblique rationnelle. Il affirme qu'il faut s'en tenir dans l'exégèse à la littéralité du texte, quels que soient les points de désaccord avec la raison, nous dit le Pr Channoufi. Spinoza juge que la «lecture» du texte sacré est destinée à tous les hommes et son interprétation n'est pas réservée uniquement aux théologiens et théoriciens.
Le philosophe néerlandais adresse néanmoins une critique à Ibn El Maymouni (Maïmonide, contemporain d'Ibn Rochd) et avance que sa théorie est dangereuse et néfaste parce qu'elle cherche à extraire du texte sacré une philosophie étrangère au texte. Le Pr Channoufi nous parle de cette originalité de la lecture de Spinoza (et de la pensée moderne en général) qui attribue au texte sacré un but pratique — inculquer l'obéissance et la paix pour le salut — et non théorique, annulant ainsi toute recherche d'harmonie entre philosophie et religion. Cette distinction nette entre pratique et théorie est propre à la pensée moderne (chez Kant, par exemple, qui a parlé de l'autonomie de la raison pratique).
Spinoza, quoique partageant avec Ibn Rochd (Averroès) — quelles ques soient leurs différences — leur intérêt pour l'imagination du prophète, refuse son acception de l'exégèse. En effet, la nécessité de l'exégèse aux yeux d'Ibn Rochd, nous explique le professeur, tient au fait que le livre sacré renferme des sens cachés et apparents (une polysémie) et vient de la variabilité de la perception des hommes, selon leurs capacités cognitives. Ceux qui s'élèvent à un niveau supérieur sont ceux qui se placent au niveau de la dialectique, qui est de l'ordre de la vérité et non des idées communes. Spinoza refuse directement cette distinction et affirme que tous les hommes peuvent comprendre le texte sacré. Cette idée du philosophe est moderne, nous explique M. Channoufi, et est liée à l'idée de la liberté de pensée individuelle (antithèse de la liberté de pensée chez les Grecs).
Comment Spinoza procède-t-il pour cela?
Le professeur affirme que le philosophe hollandais respecte le texte dans sa littéralité (ne rien ajouter de l'extérieur) et considère que, pour lire le texte, il faut avoir du recul, dans le sens d'un déplacement théorique par rapport à ses données immédiates et que cela ne relève pas d'une quelconque remontée verticale allégorique et métaphorique (qui ne serait que répétition). Ce déplacement consiste en la production de concepts qui aident à comprendre le texte sacré. L'exégèse se baserait, selon Spinoza, sur une certaine rationalité. En des termes plus simples, le texte religieux est une somme de connaissances et de conséquences qui sont là sans les prémices de la démonstration, et son interprétation se propose de retrouver ces prémices. Spinoza, conclut le professeur, s'oppose à l'autorité religieuse et politique et ouvre le champ à cette idée reprise par Nietzsche, et après lui, par Foucault : idée qui consiste à nier le présupposé d'une profondeur d'origine que l'exégèse aurait à retrouver. L'interprétation est infinie et universelle, il n'y a pas de textes originels interprétés, il y a uniquement des interprétations.


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