Le partenariat université/entreprises et l'intégration des diplômés de l'enseignement supérieur dans le marché de l'emploi seront au cœur des débats prévus par la conférence qui sera organisée demain par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sur le thème de l'employabilité des diplômés de l'enseignement supérieur. C'est demain que se tiendra une conférence organisée par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs). Celle-ci s'insère dans le cadre du projet Erasmus+ Tuned (Réseau tunisien pour l'employabilité et le développement des compétences des diplômés). Selon les organisateurs de cette rencontre, il est question de réunir toutes les parties prenantes intéressées au renforcement du partenariat et de la collaboration entre les universités tunisiennes et l'environnement socioéconomique national. L'objectif étant de stimuler le débat, en vue d'améliorer le potentiel d'employabilité des diplômés de l'enseignement supérieur. C'est à cette tâche que s'attelleront les tables rondes prévues qui permettront d'aborder ces questions, selon 2 axes majeurs. Le premier concerne les stratégies et les mécanismes de partenariat entre les universités et l'environnement socioéconomique pendant la phase de formation des étudiants. On y soulèvera de nombreuses questions, comme celles intéressant l'existence d'une reconnaissance des compétences professionnelles des entreprises dans les universités. On devrait, aussi, se demander si les professionnels participent concrètement à la formation pour préparer les étudiants à la vie professionnelle ou comment ces derniers pourraient aider les universités à aligner l'offre de formation aux attentes du marché. Quelles sont, par ailleurs, les actions entreprises par les institutions pour améliorer la qualité de la formation : co-construction, stages, formation alternée? Quel est le rôle des 4C avant la diplomation, quels sont les limites et les obstacles entravant un partenariat efficace avec les entreprises et quelles mesures peuvent être adoptées pour dépasser ces obstacles ? Le second axe traitera des stratégies et des mécanismes de partenariat entre ces universités et l'environnement socioéconomique après la diplomation. Au cours du débat, on aura le loisir de répondre à une série d'autres questions. Quelles sont les actions entreprises par les universités pour accompagner les lauréats dans la recherche d'emploi (plateformes, mentoring, reprofilage…) ? Quel est le rôle des 4C après la diplomation? Quels sont les axes de coopération entre les universités et les entreprises (stages complémentaires, journées métiers, programmes d'incubation…) ? Y a-t-il des actions spécifiques des organismes patronaux envers les diplômés ? Quels sont les principaux canaux de recrutement utilisés par les entreprises dans un cadre de partenariat avec les universités ? Quelles sont les mesures et les actions adoptées par les différents ministères en coordination avec les universités en matière d'insertion professionnelle des diplômés ? Et, enfin, existe-t-il des outils de soutien aux entreprises pour accompagner l'employabilité des étudiants ? Rapprocher l'université du monde du travail Partant de l'évidence que tout étudiant doit s'insérer un jour dans le monde du travail, on est en droit de s'interroger sur l'apport des institutions universitaires en matière d'intégration de ces diplômés. Car, on sait que les universités ont désormais, comme troisième mission, (après la recherche et l'enseignement) d'accompagner et de suivre leurs étudiants dans leur vie professionnelle. Comment préparent-elles les étudiants à la vie active ? Est-ce au niveau des formations elles-mêmes, les rendant plus professionnalisantes, c'est-à-dire en rapprochant l'université du monde du travail et en développant des compétences attendues par les employeurs ou/et après la diplomation en aidant les nouveaux diplômés à s'intégrer dans le marché du travail ? Dans ce contexte, les organisateurs de la conférence précisent qu'au-delà de l'offre de formation à créer ou à modifier, la professionnalisation interroge également les pratiques pédagogiques des enseignants du supérieur. Différentes méthodes sont de plus en plus utilisées dans les universités, comme les pédagogies actives et l'élaboration de référentiels de compétences (inspirés de ceux des branches professionnelles concernées), permettant une mise en situation professionnelle des étudiants et un développement de leurs compétences professionnelles. En outre, il est utile de souligner que l'éducation à l'entrepreneuriat est désormais institutionnalisée. Les universités ont pour double mission de développer l'esprit d'entreprendre des étudiants et de favoriser les créations d'entreprise. Aussi, la gestion de projet, la prise de risque, l'esprit d'initiative sont-ils encouragés pour tous les étudiants. Améliorer l'accompagnement des diplômés à leur sortie de l'université Parallèlement à ces modifications pédagogiques ou structurelles, les universités doivent également s'appuyer sur les enquêtes d'insertion de leurs étudiants pour améliorer leur accompagnement vers le marché du travail. En effet, on a constaté qu'après 2011, le taux de chômage chez les diplômés de l'enseignement supérieur est resté toujours élevé (29,7% au troisième trimestre 2018, selon les dernières statistiques de l'INS). Ce problème s'est aggravé en raison de la spécificité démographique de la Tunisie, caractérisée par une population de 30% de jeunes de moins de 30 ans et par un modèle économique basé sur des activités à faible valeur ajoutée qui ne requièrent pas un taux d'encadrement élevé. De plus, plusieurs études soulignent, entre autres, l'inadéquation entre les compétences acquises à l'université et celles attendues par les employeurs. La collaboration des universités avec l'environnement socioéconomique avant et après la diplomation revêt donc une importance stratégique dans le contexte tunisien, en vue d'une adéquation toujours plus étroite entre les producteurs (université, laboratoires, centres de recherche) et les exploiteurs (entreprises) de connaissances. Cela devrait permettre l'amélioration de la pertinence des programmes d'enseignement et l'augmentation du potentiel d'employabilité des diplômés. Le projet Erasmus+Tuned Le projet structurel Erasmus+Tuned, «Tunisian network for employability and development of graduates' skills», www.Tuned-project.eu, cofinancé par l'Agence exécutive de la commission européenne pour l'éducation, la culture et l'audiovisuel (Eacea), regroupe plusieurs partenaires : le ministère tunisien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs), les Universités tunisiennes de Carthage, Gabès, Gafsa, Jendouba, Kairouan, Monastir, Sfax, Sousse et Tunis, l'Union des universités de la Méditerranée (Unimed), les Universités de Naples, Grenade et Chypre. Le coordinateur du projet est AlmaLaurea (consortium Interuniversitaire représentant 74 universités italiennes et le 91% des diplômés universitaires du pays). Le projet a démarré mi-janvier 2017 et se poursuivra jusqu'en octobre 2019. Il se propose d'accompagner le processus de réforme mis en place en Tunisie pour favoriser la rencontre entre offre et demande sur le marché de l'emploi des diplômés tunisiens, en évaluant l'efficacité interne et externe des universités partenaires par le biais d'enquêtes statistiques et en favorisant la collaboration universités-entreprises. Cette rencontre offre/demande sur le marché de l'emploi sera facilitée, entre autres, grâce à une plateforme web à accès gratuit, www.Tuned.rnu.tn, qui recueille, d'une part, les CV des diplômés certifiés par leurs universités d'appartenance, et les offres de stage et d'emploi des entreprises, d'autre part. La plateforme permettrait aux entreprises d'identifier la candidature la plus adéquate à leurs exigences de recrutement à l'aide des critères de recherche pertinents.